09.05.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Paul Dietrich, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. La Monuc et les FARDC vont mener de façon conjointe
l’opération «Kimia II». Pourquoi cette opération alors qu’il y avait
«Umoja Wetu» ?

Après l’opération conjointe RDC-Rwanda, on a voulu exploiter la
dynamique et le résultat de cette initiative à travers le déploiement
des militaires des FARDC avec l’appui de la force de la Monuc pour
traquer les FDLR. Le but final de cette opération est la neutralisation
des FDLR sur le sol congolais. Cette opération comporte trois phases :
couper les FDLR de leurs sources de ravitaillement en armes et moyens
financiers à travers des gisements miniers ; restreindre leur liberté
d’action ; rechercher le regroupement des FDLR pour les neutraliser et
les chasser de leur base arrière. Nous avons mis en place des centres
d’opérations tant à Goma qu’à Bukavu ainsi que dans chaque secteur où
il y a une cellule de coordination conjointe animée par les officiers
congolais et ceux de la Monuc. Comme nous l’avons souligné, les
préparatifs de l’opération «Kimia II» sont en cours.

2. Comment se déroule l’opération sur le terrain ?

Il y a quelques semaines, la Monuc et les FARDC ont signé la
directive principale des opérations «Kimia II». Le commandant de la
force de la Monuc et le chef d’état-major général des FARDC l’ont
signé. A cette occasion, les commandants, tant de la Monuc que ceux des
FARDC engagés dans l’opération à tous les niveaux sont désignés et
connus. Ils participent aux rencontres de planification. Je rappelle
que le 28 avril 2009, le commandant de la force de la Monuc, le
lieutenant général Babacar Gaye a présidé une réunion de planification
à Bukavu à laquelle le général des FARDC, Amuli a pris part pour
examiner les plans de l’opération et les mesures visant à renforcer la
protection des civils dans les zones opérationnelles. Il s’agit des
opérations de bouclage et de ratissage menées conjointement avec les
FARDC. Concrètement, le soutien de la Monuc à l’opération «Kimia II»
est global. Nous apportons un soutien logistique, en carburant, en
ration alimentaire, en soutien médical et dans le transport. La Monuc
soutient également les FARDC en appui pendant les opérations de
bouclage et de ratissage.

3. Est-il exact que le général Bosco Ntaganda du CNDP ne
fait pas partie des officiers congolais engagés ou associés à
l’opération «Kimia II» ?

Dans un aucun document officiel dont nous disposons, le nom du
général Bosco Ntaganda n’est repris. Il n’est pas non plus visible avec
les FARDC pendant les opérations, ni au cours de nos discussions. Je
dois vous dire qu’à un moment donné, il faut faire confiance au
gouvernement qui nous a assuré que le général Bosco Ntaganda n’aura
aucun rôle à jouer pendant l’opération «Kimia II ». Je vous signale
qu’à part le processus de planification et de déploiement des
militaires, il y a plusieurs activités que mène la Monuc conjointement
avec les FARDC dont les résultats sont palpables. Au Nord-Kivu, le
bouclage et le ratissage menés conjointement entre les FARDC et la
force de la Monuc, ont permis l’arrestation de 16 combattants FDLR et
la reddition des 6 autres, avec un total de 12 armes. D’après les
FARDC, 45 éléments des FDLR ont été tués lors des affrontements dans la
forêt entre Kibirizi et Kirima ainsi qu’à Katimba, situé à 3 km de
Kiwanja, dans le Masisi.

4. La formation accélérée dispensée par la Monuc, ne serait-elle pas le secret du bon déroulement de l’opération «Kimia II » ?

En effet, la formation accélérée s’inscrit dans le cadre de
l’intégration des groupes armés. Elle est différente de celle d’une
durée de trois mois planifiée en application des résolutions 1756 et
1794 du Conseil de sécurité. La formation accélérée que nous avons eu
l’occasion d’observer à Sake au Nord-Kivu, concerne les données de base
pour un militaire. C’est une formation expérimentale donnée aux 100
soldats issus des groupes armés. Nous sommes satisfaits du résultat.
D’autant que les éléments en formation se considèrent comme des soldats
des FARDC à part entière et ont oublié leur passé au sein des groupes
armés. A ce jour, la force de la Monuc a achevé deux sessions complètes
de formation d’une durée de trois mois. La 3ème session effectuée dans
les site de Luberizi et Nyaleke vise la formation de trois bataillons
composées d’environ 950 soldats. Au terme du programme de formation
prévu en décembre 2009, la force de la Monuc aura formé 28 bataillons
intégrés. L’implication de la Monuc dans la formation des FARDC
constitue une avancée majeure des Nations unies dans le programme de la
réforme du secteur de sécurité en RDC.

5. Avec la traque des FDLR, pouvons-nous affirmer que la
Monuc a réussi à relever le défi dans le secteur sécuritaire en RDC
pour préserver la paix ?

On doit considérer cette réalité vécue par la force de la Monuc sur
terrain. Elle a accompagné les FARDC dans la traque des FDLR pour
protéger les civils. La Monuc a appuyé le processus d’intégration
rapide et soutenu la formation de l’armée congolaise. Il s’agit là,
pour nous, d’un grand défi. Loin de nous de critiquer les FARDC, notre
souhait qu’elles soient payées, disciplinées, encouragées de manière
que la population les respecte et les soutiennent volontairement sur
tous les fronts. Toutes nos sympathies sont avec les soldats des FARDC
et leurs familles au front.

Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.