12.05.09 Le Potentiel: Cinq questions à Alan Doss

1.
Les violences de la part des Forces démocratiques pour la libération du
Rwanda (FDLR) ont repris dans l’Est du Congo. Peut-on dire que
l’opération militaire congolo-rwandaise menée en janvier et février a
échoué?

Je ne sais pas si « reprise » est le mot qui convient parce que la
violence n’a jamais cessé. L’opération conjointe a été avant tout le
reflet du rapprochement politique très important entre le Congo et le
Rwanda. En vertu des objectifs qu’ils avaient définis, elle a réussi :
écarter les FDLR des concentrations de population, des points
stratégiques, couper les liens avec certaines infrastructures
économiques, les repousser dans les forêts. Bien sûr, elle n’a pas mis
fin aux FDLR. Mais ce n’est pas surprenant parce qu’ils sont présents
depuis longtemps. Ils connaissent bien le terrain. Ce n’est pas une
affaire de deux trois semaines. Cela va prendre du temps.

2. L’armée congolaise et la Monuc ont pris le relais de
cette opération. Pensez-vous que la Monuc a suffisamment de moyens pour
stabiliser la région ?

Nous avons demandé des renforts. Le Conseil de sécurité les a
approuvés, il y a plus de six mois. Nous n’avons pas encore commencé
les opérations au Sud-Kivu et en Ituri, où heureusement la situation
s’est grandement stabilisée. Mais on a décidé d’aller de l’avant avec
ce que l’on a. On ne peut pas toujours attendre que tous les éléments
soient en place. Il est trop tôt pour dire que nous n’avons plus besoin
de renforts. Il y a encore des conflits mais j’espère que nous sommes
sur la voie de la stabilisation. Surtout au Nord-Kivu, il y a des zones
qui sont beaucoup plus sûres qu’il y a quatre, cinq mois.

3. L’accord du 23 mars avec la rébellion du Conseil
national pour la défense du peuple (CNDP) a connu une concrétisation
mercredi de la semaine dernière avec le vote par le Parlement de la RDC
d’une loi sur l’amnistie. Le processus va-t-il dans le bon sens?

Cet accord est important parce qu’il a, en quelque sorte, codifié
plusieurs accords antérieurs. Avec cet accord, on a tiré un trait sur
la rébellion du CNDP. Cela l’a autorisé à devenir un parti politique.
Mais il reste beaucoup à faire. Et je suis content que le Comité
national de suivi ait été établi, certes avec retard, et qu’il se soit
réuni pour la première fois cette semaine. Avec la présence, à
Kinshasa, des dirigeants du CNDP. Quand on pense où on en était il y a
six mois, c’est inimaginable.

4. Des critiques ont été émises en Belgique, à propos de
la Monuc, sur le fait que des pays contributeurs refusent que leurs
troupes fassent usage de la force alors que leur mandat le leur permet.
Cela handicape-t-il votre action ?

Nous sommes là. Les troupes de ces pays sont en première ligne. En
septembre, octobre, novembre et encore récemment, ils ont utilisé la
force pour protéger des populations. Nous avons révisé nos règles
d’engagement et nous avons renforcé le mandat de l’Onu.

5. Quand est-ce que l’usage du chapitre VII est-il autorisé ?

L’usage de la force est autorisé mais avec des conditions. Il ne
s’agit pas d’une autorisation sans contrôle. La force doit toujours
être un dernier recours. Tout récemment, on a dû tirer sur les FDLR, en
appui de l’armée congolaise. On a tiré sur les troupes du CNDP, les
Maï-Maï et sur les Pareco. On a dû utiliser la force pour contraindre
parfois les FARDC quand elles pillaient. Et le gouvernement était
d’accord. Tous ceux qui nous critiquent ne sont pas là, sur le terrain.
Mais la force, seule, n’est pas la réponse.

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