23.05.09 Le Potentiel: Cinq questions à Wa Mutshimbayi (*), par BIENVENU MARIE BAKUMANYA

1.Dominique
Strauss-Kahn arrive en RDC pour boucler le volet politique du programme
avec le gouvernement. Quel commentaire cela vous inspire-t-il?

C’est une bonne chose, l’arrivée de Dominique Strauss Kahn. On sait
que le volet technique a été déjà cloturé, il reste, en effet, le volet
politique. Qu’est-ce à dire ? Cela signifie très clairement que le
Fonds monétaire international est opposé, depuis très longtemps, à ce
que l’Etat congolais signe des contrats avec les Chinois. Cette
institution multiplie les entraves, en mettant des batons dans les
roues. Mais, on ne voit pas pourquoi le FMI tient à que la Chine ne
donne l’argent. Cette institution financière internationale est,
elle-même, à court d’argent. Quand on analyse de plus près, on se rend
compte qu’il s’agit d’un calcul. On veut que la Chine transite par le
FMI pour arriver en RDC. C’est comme si la RDC est sous tutelle, ainsi
doit se comprendre le langage tenu à ce sujet. Or, la Chine dispose de
2.000 milliards Usd en réserve internationale et elle cherche où les
placer. Tous les pays du monde en profitent, pourquoi la RDC s’en
priverait-elle ? 50 ans après l’indépendance, les politiques de
développement et financière imposées ont produit les effets que
personne n’ignore. Les résultats avec les institutions de Bretton Woods
sont là. Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie. Peut-être que
pour eux, nous sommes des sous-hommes à qui ils faut imposer n’importe
quoi. Alors pourquoi seulement le Congo ?

2. Le FMI est simplement préoccupé par le cycle
d’endettement que les contrats chinois sont porteurs. Pourquoi effacer
la dette d’un côté et se ré-endetter de l’autre ? Pourquoi ne pas
mettre un terme à ce cycle?

Tous les techniciens et financiers l’ont soutenu. Il n’y a pas
d’endettement financier dans le cas des contrats avec les Chinois. Ici,
il s’agit des infrastructures contre les minerais. C’est simplement le
troc. Tshilombo Wa Shinda, un banquier de renommée l’a attesté, en
apportant les éclairecissements nécessaires. La France est allée en
Algérie signer un contrat de construction des centrales nucléaires
contre du pétrole. C’est du troc ! Pourquoi nous n’avons pas le droit
de le faire ? Tout le monde le fait! Pour le monde occidental,
l’affaire est tellement politique, il faut une mainmise totale sur le
Congo. La RDC est pour eux un Etat sous-tutelle.

3.Est-ce que finalement le fond du problème ne serait-il pas
la gestion catastrophique des dirigeants congolais qui serait remise en
cause par les partenaires ?

C’est curieux! Avant les élections, qu’est-ce que ces gens ont
raconté? Ils nous ont dit que la RDC disposait désormais d’un meilleur
gouvernement. Ce gouvernement est une chance pour la RDC… Comment
expliquez-vous qu’ils changent de camps ? La vérité est que ceux qui
ont été élus, Joseph Kabila et son regime ne jouent pas leur jeu. Il
attendaient que Kabila joue leur jeu pour venir piller. Kabila
s’entête, il dit cette fois-ci je m’adresse aux Chinois. On voit Nkunda
monter en force. Qui ne le sait pas? Les rapport le démontrent.
Avez-vous entendu la communauté internationale condamné le Rwanda,
l’Ouganda, …? Par contre la même communauté internationale demande à
la RDC d’évoluer en association avec le Rwanda. Les Congolais doivent
éviter d’être victimes des exigences géostratégiques. Ils doivent
adopter le même schéma que les Etats d’Amérique Latine. Il faut tirer
des leçons et se libérer. Tout ce que font le Fonds monétaire et la
Banque mondiale, c’est nous endormir et nous maintenir sous-tutelle.

4.Le G20 ayant associé la Chine à la résolution de la crise
financière internationale, ne faudrait-il pas rester dans la logique du
FMI quant à l’endettement ?

Le FMI a été mis en place par le monde occidental. La Chine n’a pas
la même vision du monde que les Occidentaux qui ont voulu garder à
travers cet instrument leur domination, sa suprématie sur les autres
nations. La Chine n’est pas dans ce schéma. En tenant compte de
l’histoire de la Chine, il est clair que la Chine ne s’assiciera pas à
une entreprise de domination et de pillage des ressources des autres
pays en voie de développement. Mais, on ne sait jamais, les choses
peuvent évoluer et les voir devenir impérialistes. On ne sait jamais.

5.Quel message particulier adressez-vous à Dominique Strauss-Kahn ?

Ce que je lui demande, c’est de ne pas venir imposer. Il doit plutôt
négocier. Le FMI est là pour prodiguer des conseils et laisser des
Etats évoluer dans leur souveraineté. Le FMI doit aussi demander aux
dirigeants de ne pas détourner l’argent. Ce sont eux qui les avaient
mis au pouvoir. Bonne gouvernance c’est vrai, mais il faut nous laisser
traiter avec ceux qui ont l’argent. L’argent se trouve en Chine.

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