27.05.09 Le Potentiel : CINQ QUESTIONS A LOUIS ALPHONSE KOYAGIALO

 

1.En rejetant la motion de défiance initiée par
l’opposition contre les ministres des Affaires étrangères et de la
Communication et des médias, les députés AMP n’ont-ils pas consacré
l’impunité maintes fois décriée par le chef de l’Etat ?

Au niveau de l’AMP, nous avons offert un cadre d’échange
d’informations entre les ministres poursuivis par les deux motions et
les députés de la majorité. Et les députés ont été édifiés par les
justifications données par les ministres. Et je crois même qu’il faut
admirer l’élégance avec laquelle les deux ministres se sont expliqués
devant l’Auguste Assemblée.
En ce qui concerne le ministre Thambwe Mwamba, non seulement il s’est
excusé mais, en plus, il a retiré ce qu’il avait déclaré.

Pour sa part, le ministre Mende Omalanga s’est aussi excusé. Il
a fourni les explications que tout le monde a suivies. En ce moment là,
les députés de la majorité, ayant entendu les explications, aussi bien
dans le cadre offert par l’AMP qu’en séance plénière, je pense qu’on
n’a pas couvert l’impunité.
Par rapport au recours que l’opposition a annoncée auprès de la Cour
suprême de justice à la suite des résultats du vote, l’article 146 de
la Constitution dispose que seuls les votes favorables à la motion de
défiance sont comptés et doivent totaliser la moitié plus un, la
majorité absolue des députés composant l’Assemblée nationale. Or, en ce
qui concerne le ministre Alexis Thambwe Mwamba, les votes favorables à
la motion ont totalisé 194 voix tandis que ceux favorables à la motion
contre le ministre Mende Omalanga ont totalisé 136 voix. Donc, dans un
cas comme dans un autre, il n’y a pas eu majorité absolue de votes
favorables aux deux motions.

2. .A deux reprises dans la presse internationale, le
chef de l’Etat a déclaré s’être « effectivement demandé » s’il avait «
ces dix ou quinze personnes bien déterminées avec lesquelles on peut
transformer un pays, une société ». L’AMP ne sent-elle pas frustrée?

Moi, je crois qu’il ne faut pas faire une lecture sur pied de la
lettre de l’intervention du chef de l’Etat en termes de chiffres
absolus qu’il a annoncés. Il faut considérer que des hommes et des
femmes, qui devaient appuyer l’action du chef de l’Etat, ne sont pas
aussi nombreux que le chef de l’Etat pouvait espérer. Et, en passant
d’un exemple à un autre. Que sur, par exemple dix, le chef de l’Etat
n’a pas quatre, n’a pas cinq. C’est comme ça qu’il faut comprendre le
sens du discours du chef de l’Etat. Et cela étant, c’est la vérité
parce que le chef de l’Etat a constaté que le résultat est mince par
rapport à l’objectif. C’est que certains parmi ceux qui devaient
normalement l’accompagner dans la poursuite des résultats ne
l’accompagnent pas assez intensément, d’où ce constat. Mais, cela ne
veut pas dire que tous ceux qui sont dans sa famille politique sont des
incompétents ! Ça, c’est loin de lui l’idée de s’exprimer de cette
façon. Ce n’est pas le fond de la pensée du chef de l’Etat.

3.En réponse à cette préoccupation du chef de l’Etat, l’AMP envisage-t-elle des dispositions spécifiques ?

Vous savez que le chef de l’Etat a non seulement les cadres de sa
famille politique qui sont dans les institutions comme l’Assemblée
nationale, le Sénat et le gouvernement ainsi que dans les partis
politiques. Il a également des gens qui lui sont favorables et qui sont
dans tous les segments de la société. Je pense qu’il a un champ très
étendu pour pouvoir chercher ceux qui peuvent appuyer son action. Pour
le temps qui reste, je crois qu’il ya des travailleurs. Ceux qui
peuvent être à sa disposition, l’accompagner – comme il l’avait dit –
24 heures sur 24, il y en a. Eh ! bien, c’est le moment qu’il pourra
mettre à profit pour faire cette «recherche de l’homme qu’il faut »
pour le mettre à la place qu’il faut.

4.Par la signature d’un accord avec le gouvernement,
l’ancien mouvement rebelle CNDP s’attend à entrer dans les institutions
républicaines issues des urnes. Cette démarche n’est-elle pas contraire
aux articles 5 et 64 de la Constitution ?

Vous avez tout à fait raison mais la paix n’a pas de prix. Il a
fallu, procéder par des compromis politiques plutôt que les armes, pour
que la paix revienne dans le Nord-Kivu et pour que les éléments armés
du CNDP déposent les armes. Je pense que la concession faite pour
qu’ils intègrent les institutions ne peut pas être considérée comme une
faiblesse. Au contraire, c’est une vertu politique qui nous a permis de
gagner la paix, l’intégration des éléments armés tant du CNDP que
d’autres groupes armés du Nord-Kivu dans les FARDC.
A travers ce qui a été fait, nous avons pu obtenir le contrôle du
pouvoir de l’Etat sur le territoire que le CNDP occupait jadis. Je suis
loin de penser que le calme est total, mais c’est un processus. Et je
crois que cet aspect est totalement positif quel que soit le parcours
que le CNDP a emprunté pour entrer dans les institutions. A mon avis,
la paix prime sur tout, et nous faisons l’économie du sang congolais.

5.Pour quelles raisons la majorité serait-elle ou pas
disposée à tenter la même expérience à l’occasion du prochain
remaniement du gouvernement ?

Le souhait d’ouvrir le Bureau de l’Assemblée nationale à
l’opposition était formulé à partir de la réunion stratégique de l’AMP.
L’Autorité morale de l’AMP, avait marqué son accord. Malheureusement,
l’offre qui était faite avait été repoussée par mes compatriotes de
l’opposition. Et celui que je vois – suivez mon regard – sait très bien
que c’est la vérité. Il pensait que l’AMP est affaiblie, raison pour
laquelle elle voudrait obtenir le concours de l’opposition et que
l’opposition allait battre pavillon seul… Quant au résultat, je n’ai
plus de commentaire à faire !

En ce qui concerne le remaniement, je n’ai aucun commentaire
à vous faire là-dessus. Le chef de l’Etat a annoncé le remaniement,
c’est lui qui détient les cartes de la réalité politique de notre pays.
C’est lui qui appréciera – après que l’opposition ait refusé l’offre
qui lui a été faite d’entrer dans le Bureau de l’Assemblée nationale –
s’il est encore nécessaire de faire la même offre à l’opposition qui,
avec mépris, l’avait refusée il y a un mois. Enfin, ne confondons pas
les choses, le Bureau de l’Assemblée nationale est une chose, le
gouvernement de la République en est une autre. Wait and see !

Secrétaire exécutif adjoint de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP)

Par Angelo Mobateli

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