06.06.09 Le Potentiel: Cinq questions à Clément Kanku wa Tshibuabua, par Médard Muyaya

 

1. Lors de votre motion d’information faite à l’Assemblée
nationale, vous déplorez le dysfonctionnement de la justice. Qu’en
est-il au juste?

La justice est un pilier sur lequel s’appuie la bonne gouvernance
dans un Etat de droit. Pour garantir cette justice, la Constitution de
la RDC dans ses articles 149, 150 et 151 consacre son indépendance en
mettant les instances judiciaires à l’abri des influences politiques.
Dans un battage médiatique sans précédent, ce gouvernement a dénoncé
plusieurs affaires de corruption et de détournements de deniers
publics; mais force est de constater que toutes ses affaires annoncées
sont classées sans suite. Alors que le chef de l’Etat avait dit que les
portes de la prison étaient ouvertes pour les détourneurs et autres.
Curieusement, elles ne sont ouvertes que pour les plus démunis ; ceux
qui ne jouissent d’aucun appui politique tels les kuluna condamnés à
des peines exemplaires et transférés à Buluwo dans le Katanga. A la
population de se demander à quand le départ des kuluna politiques qui
pillent systématiquement la République vers ces centres pénitentiaires.

2. Croyez-vous que le combat que mène le ministre actuel de la Justice n’a servi à rien ?

Malgré les jérémiades du ministre de la Justice qui se plaint, aucun
mandataire, aucun ministre, aucun politicien ne se trouve en prison.
Nous constatons tout simplement que c’est un aveu d’impuissance, mieux
encore la consécration d’une justice à deux vitesses. La bonne
gouvernance ne doit pas rester un slogan. Les gens s’enrichissent d’une
façon étonnante sous l’œil impuissant du ministre de la Justice. Alors
que notre population est plongée dans une misère noire, les cas
d’enrichissement sans cause ne font qu’augmenter. Il suffit de voir les
immeubles qui poussent à travers le pays, sans parler d’autres
acquisitions telles que les avions, les bateaux, les véhicules, les
maisons et terrains, etc. Qui ne sait pas que certains animateurs de ce
gouvernement sont appelés monsieur 25%, monsieur 30 % ou mieux encore
monsieur 50 %. Et souvent, ce sont des donneurs de leçons d’hier qui,
aujourd’hui aux affaires, font pire. C’est pourquoi, nous demandons que
la plénière autorise à ce qu’on compare les déclarations écrites de
leurs patrimoines familiaux avec ceux qu’ils ont amassé depuis qu’ils
sont aux affaires.

3. Quelles sont les contradictions qui ressortent des déclarations du ministre de la Justice ?

Je m’en voudrai de ne pas rappeler que l’ancien ministre de la
Justice avait annoncé la relaxation d’anciens gardes du corps du
sénateur Jean-Pierre Gombo. Mais jusqu’à ce jour, ces jeunes gens
croupissent encore dans les geôles du pouvoir sans raison. Doit-on
considérer que cette décision du gouvernement a été revue ? Sinon, que
le ministre nous explique ce qui se passe. Je m’interroge sur les
déclarations faites par le ministre de la Justice sur une radio
périphérique qu’il était incapable d’assurer la distribution de la
justice sur toute l’étendue du territoire national. Ceci est une
insulte au système judiciaire de notre pays, dont le ministère devait
assurer la promotion à travers les différentes réformes au lieu de se
rabattre sur la justice internationale, sinon on ne comprendrait pas
que le gouvernement demande avec insistance l’extradition de Nkunda
pour être jugé sur place à moins que ceci ne soit qu’un effet
d’annonce.

4. Que reprochez-vous au cabinet du Premier ministre ?

Nous avons été scandalisés d’apprendre à travers les médias
périphériques, le nombre exagéré des membres du cabinet du Premier
ministre, en partant du jardinier, coiffeur jusqu’au conseiller
principal. Ce nombre a atteint des proportions scandaleuses battant le
record depuis que ce pays est indépendant. Et pour couronner le tout,
on nous apprend que le Premier ministre a fait un don d’une centaine de
jeeps à tous ses collaborateurs pendant que l’acquisition à crédit des
véhicules de députés avait soulevé un tollé orchestré par ces mêmes
membres du gouvernement. Nous demandons qu’une commission descende à la
Primature pour enquêter sur la gestion des ressources financières et
humaines de ce cabinet, ça aussi c’est la bonne gouvernance.

5.En convertissant votre motion en question orale avec débat, qu’est-ce que vous attendez du ministre de la Justice ?

Je souhaite que le ministre de la Justice vienne éclairer la
représentation nationale sur l’arrestation du comité de gestion de la
SNEL sur ordre du ministre; l’arrestation des entrepreneurs expatriés
(ici on a vu certains d’entre eux libérés après 21heures sur ordre
d’une autorité); le détournement de la ration des militaires vendue
dans une boutique à Kisangani alors que nos vaillants combattants
crèvent de faim au front; les menaces de certains officiers à l’endroit
du ministre de la Défense pour avoir empêché le détournement de la
solde des militaires; le fameux rapport Mayobo, qui a mis à nu certains
cas de corruption; la commission ministérielle sur la récupération des
terrains et immeubles de l’Etat, initiée par le gouvernement ;
l’Affaire SAFRICAS contre la RDC; la situation d’anciens gardes du
corps du sénateur Jean-Pierre Bemba et la situation des détenus sans
dossiers se trouvant au CPRK.

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