18.06.09 Le Potentiel : Cinq questions à Sergine Mbacke Ndiaye (*)

 

1. Le président de la République vient d’adresser une
correspondance à l’opposition pour la relance du dialogue politique.
Comment se présentent les rapports entre le pouvoir et l’opposition?

Je suis venu discuter du dialogue politique relancé par le chef de
l’Etat. Ce n’est pas la première fois. Beaucoup d’appels ont déjà été
lancés par le président. De son côté, l’opposition a eu à y répondre
favorablement. Prenons juste deux dates. Le 31 décembre 2005, le
président disait ceci : « j’engage l’opposition à dialoguer
immédiatement avec moi sur toutes les questions d’intérêt national ».
C’était dans son traditionnel message de fin d’année. Dès le lendemain,
via les médiats, certains leaders avaient tiré sur la même direction,
en disant être d’accord pour le dialogue. Le 16 janvier 2006, le
président écrivait une lettre pour confirmer sa volonté de dialoguer
avec l’opposition. L’opposition, à l’époque regroupée au sein du Cpa
(Coalition populaire pour l’alternative) a répondu favorablement à cet
appel. Des rencontres ont donc eu lieu. Il était prévu de mettre sur
pied des commissions paritaires composées de représentants de
l’opposition et du pouvoir pour discuter des termes de référence. Le
président avait fixé la date du 15 mars 2006 à 17 heures pour démarrer
les discussions. C’est en ce moment que l’opposition, au sein de
laquelle nous nous trouvions d’ailleurs, avait adressé une lettre au
président pour demander le report de la rencontre pour une meilleure
préparation.

2. Le président appelle au dialogue quelques mois après les
élections locales. Les résultats de ce scrutin expliquent-ils sa
démarche ?

Vous dites que l’appel intervient au lendemain du 22 mars. Mais il
faut rappeler que le président avait dit avant le 22 mars qu’après les
élections nous allions nous retrouver. Il n’a pas attendu l’après
élection pour en parler. Donc l’argument qui consiste à dire que c’est
à cause des élections du 22 mars ne tient pas la route.

3. Vous œuvrez pour la reprise du dialogue, au même moment
Karim Wade prend contact avec des leaders de l’opposition ? Cela ne
vous gêne pas ?

J’ai pris contact avec beaucoup de personnalités de la Société
civile. J’ai demandé à toutes ces personnalités de s’impliquer, de
discuter avec tout le monde pour qu’il y ait dialogue. Je ne sais pas
ce que M. Karim Wade est en train de faire avec les autres. Mais
admettons qu’il aille leur demander de venir à la table de discussion,
j’applaudis. Parce que je demande aux autres de le faire. Je ne vois
pas en quoi la démarche de Karim Wade pourrait gêner. C’est le
contraire qui aurait étonné. Chaque fois que je vois une personnalité
de l’opposition ou de la mouvance présidentielle appeler au dialogue,
j’applaudis. Je ne suis pas un sectaire. Je ne suis pas de ceux-là qui
pensent que quand on vous confie une mission c’est vous seuls qui devez
l’accomplir. Le dialogue implique tout le monde. Je touche du bois,
mais si demain le pays explose, parce qu’on n’a pas dialogué, on va
faire l’évaluation des positions défendues par chacun et on verra le
responsable. C’est la raison pour laquelle je lance un appel à tous les
Sénégalais et même les étrangers qui vivent parmi nous. Que tout le
monde s’implique pour qu’on ait un bon dialogue. Que les conclusions
puissent être portées à l’attention de tout le monde.

4. La participation de la Société civile ne pose-t-elle pas
un obstacle parce que ce dialogue ne concerne que les hommes politiques
?

Cela ne pose aucun problème de mon point de vue. La lettre a été
adressée aux partis politiques. L’implication de cette Société civile
est indispensable parce que si nous sommes dans des partis politiques
opposés, nous avons besoin de quelqu’un qui nous dise « cher ami, je
pense que vous pouvez lâcher du lest » et à partir de ce moment il
aidera à rapprocher les positions. Cela peut se faire de manière
formelle comme de manière informelle. Après avoir discuté avec les
membres de la Société civile, nous allons voir avec quel format la
Société civile pourrait contribuer à la réussite de ce dialogue. Est-ce
que ses membres vont participer aux rencontres ? Je ne sais pas trop.
Tout ceci dépendra des partis politiques de l’opposition et du pouvoir.
S’ils décident que les membres de la Société civile vont siéger, c’est
tant mieux, s’ils trouvent un autre format, c’est tant mieux.
L’essentiel pour nous, c’est que tout le monde sente que cette affaire
est l’affaire de tout le monde. Il n’y a pas d’exclusion. Nous faisons
appel à tout le monde parce que chacun a à apporter quelque chose dans
ce dialogue. Si, aujourd’hui, l’opposition, à qui vous avez fait appel,
vient avec des personnalités de la Société civile comme Amadou Makhtar
Mbow, quelle sera la teneur de cette rencontre ? On ne fait pas de la
fiction. Nous sommes des hommes politiques. Nous sommes réalistes.

5. Au niveau de l’opposition, il y a celle dite
significative et celle parlementaire, il y a aussi d’autres partis
politiques qui ne sont dans aucun cadre. L’appel du président
concerne-t-il tous ces partis?

La lettre du président s’adresse aux partis qui sont dans « Bennoo
Siggil Sénégal ». C’est une trentaine de partis qui font partie des
plus connus dans le pays. Parallèlement à cela, le président est
disposé à discuter avec les autres partis qui ne sont pas dans « Bennoo
». Là aussi, on va se mettre d’accord sur un format. Le président ne
serait pas gêné par cela.
Pour l’heure, la lettre du président est adressée aux secrétaires
généraux des partis membres de « Bennoo Siggil Sénégal ». La discussion
avec les autres, on ne sait pas dans quel format parce qu’ils ne sont
pas dans un cadre organisé. Mais il est évident que le président
rencontrera tout le monde.

TIREES DU QUOTIDIEN LE SOLEIL

Ministre conseiller auprès du président sénégalais chargé des Affaires politiques.

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