22.06.09 MONUC : Gral.Gaye – «Nous attendons avec impatience larrivée des nouveaux Casques bleus»
Général, quel est le bilan de votre
récente visite dans le Nord et le Sud Kivu?
C'est une visite qui fait suite à celle du Représentant
spéciale du Ministre de la Défense à Bukavu et à Goma. Il s'agissait de faire le
suivit sur les questions qui ont été posées et sur les décisions qui ont été
prises. Où en sommes nous maintenant?
Le
premier sujet de préoccupation est la dimension conjointe de l'opération Kimia
II. Nous avons élaboré une grande quantité de documents qui fixent le cadre de
cette opération conjointe. Il est essentiel que ces documents soient appliqués à
la lettre parce que c'est ça qui nous permet de nous concentrer sur notre tâche
qui est la protection des populations civiles. Il est important à souligner que
les FARDC ont incorporé la protection des civils comme une de leurs priorités.
Ils ont aussi posé avec franchise les problèmes de discipline qu'ils
rencontrent.
Là,
on a un deuxième sujet de préoccupation. Nous devons nous efforcer de minimiser
tout dommage collatéral de l'opération Kimia II. La question est, quels sont les
plans que nous allons élaborer pour poursuivre le bilan qui est déjà assez
satisfaisante, et je vous dirai à titre de comparaison que depuis le
déclenchement de Kimia II depuis 3 mois, nous avons rapatrié 1250
ex-combattants, ce qui fut le chiffre total de rapatriements durant l'année
2008, il s'agit donc de maintenir ce taux.
Ce dernier temps il y a eu des
affrontements entre les FARDC et les forces de la MONUC, quelle est votre
impression?
La
semaine dernière il y a eu, ce que j'appellerai, des «mouvements d'humeur» des
soldats, dû au retard dans la paie des salaires à Rutshuru et à Walikale, cela
s'est traduit aussi par une confrontation entre nos éléments à Pinga et des
éléments incontrôlés des FARDC. Le général Amuli, chef des opérations de Kimia
II, est allé sur place, pour tenir une causerie morale avec les troupes et
ramener de la cohésion et la discipline, mais il faut toujours que les salaires
soient payés en temps.
Vous savez, quand les opérations durent si longtemps,
quand les soldats sont loin de leurs familles pour une longue période, quand la
logistique ne suit pas tout a fait, tout cela crée des problèmes de discipline.
Cela est plus compliqué encore quand il y a eu beaucoup de nouveaux éléments
intégrés sans avoir reçu l'instruction nécessaire qui devait créer la cohésion.
Est-ce que la MONUC est en charge ou
bien surveille la paie de la solde des FARDC?
La
MONUC assiste les FARDC dans plusieurs domaines mais en ce qui concerne le
paiement de la solde des militaires c'est la communauté internationale qui
appuie le gouvernement congolais à travers EUSEC. Ils ont réalisé un recensement
biométrique des troupes pour avoir un meilleur contrôle des ressources et ils
essaient aussi d'améliorer la chaîne de paiement des salaires, mais encore il
faut que l'argent soit la.
L'intégration s'est passée rapidement, et tout le monde
n'a pas pu être recensé ce qui fait qu'au moment du paiement il y a des soldats
qui ne sont pas sur les listes, En somme, c'est une administration qui doit être
améliorée pour être à la hauteur d'une armée qui est en opération.
Vu
l'état des FARDC, les limites de la MONUC, notamment le soutien aérien, et les
souffrances de la population, ne faut-il pas adopter une nouvelle stratégie pour
éliminer la menace des FDLR?
C'est le moment d'évaluer les
opérations de Kimia II et c'était le but de la dernière visite du Représentant
spécial et du Ministre de la Défense à Bukavu et à Goma. Qu'est ce qui se passe
sur le terrain?
Quand vous voyez les résultats de la lutte contre le LRA
dans le Haut Uélé où la MONUC apporte son concours aux bataillons de la Garde
Républicaine qui opèrent conjointement avec une armée bien réputée comme celle
de l'Ouganda, les résultats sont là. C'est-à-dire, il y a des conditions
minimales qu'il faut créer. Il faut d'abord que les FARDC aient un minimum
d'équipement et que leur salaire soit régulièrement payé, c'est apparemment ce
qu'on a avec la Garde Républicaine. Il faut bien évidemment que les FARDC soient
bien dirigées, qu'aux postes importants il y ait des officiers qui soient des
officiers de carrière, c'est ce que nous avons avec la Garde Républicaine. Voilà
les conditions qu'il faut créer dans les Kivus si on veut avoir plus
d'efficacité de la part des FARDC.
En
ce qui concerne les moyens aériens, c'est une question fondamentale. Si l'on
tient compte du manque d'un réseau routier acceptable dans les Kivus, il est
clair que la couverture aérienne est une donnée essentielle. En ce sens, nous
avons l'autorisation pour 18 hélicoptères et nous les attendons toujours pour
mieux soutenir les FARDC, mais il aurait été souhaitable que les FARDC eux-mêmes
aient quelques hélicoptères, ça leur permettrait de livrer de la nourriture à
leurs hommes ce qui est excellent pour le morale, cela leur éviterait parfois de
recourir à la population pour les aider a transporter leur alimentation et leurs
bagages, ça permettrai aussi d'avoir plus de flexibilité dans leurs manœuvres,
de surprendre les FDLR et de couper la retraite des celles-ci.
Dans ce sens là, quel est votre
constat sur la protection des civils au stade actuel des opérations?
Pour nous c'est la question la plus importante, parce
que le Conseil de sécurité a placé la protection des civils au cœur de notre
mandat et c'est donc notre tâche prioritaire. Tout cela se fait dans le cadre de
nos possibilités et la où nous sommes déployés. Le Conseil a accepté qu'il y a
des limites à notre action. Aujourd'hui, quelle est la situation ?
La
situation préoccupe tous les acteurs internationaux qui suivent cette crise et
qui soutiennent cette population. Ils sont préoccupes d'abord parce que ces
opérations, comme on pouvait le craindre, ont crée des nouveaux déplacements des
populations, mais surtout parce que malheureusement ces opération s'accompagnent
des dommages collatéraux qui sont le fait des soldats des FARDC, qui sont, sans
doute, des soldats insuffisamment contrôlés et insuffisamment sanctionnés. C'est
un problème dont les FARDC ont pris conscience et il faut aussi dire qu'il y a
eu des efforts importants dans ce sens là. Je prends l'exemple de ce qui s'est
passé à Pinga où des FARDC ont tiré sur une base de la MONUC, il faut savoir que
11 éléments, dont 2 officiers, ont été arrêtés. Donc, il y a une prise de
conscience de la part de la hiérarchie des FARDC pour que ces actes
d'indiscipline ne ternissent pas les efforts qui sont fait par la grande
majorité des FARDC.
Il
ne suffit pas de dénoncer le comportement des FARDC, il faut que tout le monde
aide au règlement de ce problème. Pour la MONUC, la protection des civils n'est
pas seulement entre les mains des militaires, toutes les sections substantives
de la mission y participent. Nous avons mis en place des équipes conjointes de
protection où l'on retrouve des humanitaires, de la protection de l'enfance, et
autres sections, qui servent d'interphase entre les militaires et la population
civile. Nous avons multiplié nos déploiements, dans la limite de nos
possibilités. Nous sommes aussi prêts à soutenir les FARDC en tout ce qui
concerne la Police Militaire et l'application de la justice, il faut à cet égard
noter pour s'en féliciter que les FARDC ont mis en place une Cour Martiale
opérationnelle, qui est sur le terrain pour tout de suite juger les cas qui se
présentent.
Kimia II est une campagne militaire,
est ce qu'il faut s'attendre a des actions étalées sur plusieurs semaines, voire
des mois?
Tout dépendra du bilan. L'objectif qui a été fixé à
l'opération Kimia II est de neutraliser les FDLR, c'est-à-dire d'arriver au
rapatriement des quelques 2,500 FDLR qui sont dans le Nord Kivu et d'environ
3,500 dans le Sud Kivu, mais il est clair qu'il ne faut pas que l'opération
s'enlise parce que d'abord cela a une conséquence dans les souffrances de la
population et ensuite parce que l'option militaire doit être décisive même s'il
faut bien se rendre compte que dans cette campagne il n'y a pas de bataille
décisive. Partout où les opérations on été lancées, d'une manière générale les
FDLR ont refusé la confrontation militaire, mais en lui rendant la vie de plus
en plus difficile, en lui coupant leur sources des revenus, en essayant de
désorganiser leur commandement on va très certainement créer des conditions pour
qu'il y ait de plus en plus des volontaires au rapatriement et à la reddition.
Combien de temps cela va prendre ? C'est difficile à
dire et c'était l'un des objectifs de cette évaluation dont je vous ai parlé.
Nous avons prévu de faire dans le courant du mois de juillet une nouvelle
appréciation de la situation.
Avez-vous des nouvelles sur l'arrivée
des 3,000 nouveaux Casques bleus?
C'est une question que nous suivons de très près. C'est
une action sur laquelle notre siège à New York est très actif. La situation sur
le terrain aujourd'hui est une situation qui nécessite absolument l'arrivée de
ces renforts. Il y a énormément à faire pour protéger les populations et nous
attendons avec impatience l'arrivée des nos camarades bangladeshi et égyptiens
qui devront composer cette force.