EN QUEL PAYS VEUT-ON POUSSER LES HUTU A RENTRER ? (Mujyanama Erneste)

EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO

 

Après « Umoja wetu »
au Nord-Kivu, « Kimya II, au Sud-Kivu

Au Nord-Kivu,
lors de l’opération appelée « Umoja wetu », déclenchée Le 20 janvier et qui a
pris fin officiellement Le 25 février 2009, IL n’y a pas eu de combats entre les
FDLR et la coalition rwando-congolaise. Les FDLR n’ont fait que Des embuscades
pour retarder l’avancée de la coalition et n’ont combattu qu’une fois, en
février, à Katoyi, dans Le territoire de Masisi, quand ils furent encerclés.
Alors IL y eut beaucoup de morts et de blessés du côté Des troupes rwandaises et
très peu du coté Des FDLR. Alors que les autorités Ont déclaré que l’opération a
eu un succès de 80%, les FDLR sont toujours là, seulement ils se sont déplacés
plus à l’intérieur dans la forêt et ils se sont divisés par groupes. Peu d’eux
sont rentrés au pays.

Et maintenant
préparée par l’arrivée de troupes nombreuses, une opération analogue, appelée
« Kimya II », EST déclenchée au Sud-Kivu. Officiellement, elle NE sera réalisée
que par les FARDC avec l’appui logistique de la MONUC, mais les populations
sont depuis longtemps inquiètes de voir dans ces troupes une forte présence
rwandaise, fraichement arrivée, et donc autre que les troupes du CNDP. Quant aux
FDLR, is attaqués, ils sont décidés à se battre, mais ils déclarent aux FARDC :
« Nous avons marié vos sœurs, comment pouvez-vous attaquer vos beaux-frères, vos
sœurs, vos neveux ? Nous avons été appelés de nos pays d’asile
[1] par Laurent Désiré Kabila, nous avons combattu avec vous
contre les forces filorwandaises du RCD, nous avons même sauvé votre actuel
Président à Pweto Des mains du FPR, comment se fait-IL que maintenant vous nous
considérez vos ennemis ?

 

La souffrance de la
population congolaise

Bien avant Le
début de cette opération, la population a commencé à souffrir Des exactions Des
militaires FARDC, d’incendie de villages, de viols, et même de massacres que la
voix officielle attribue régulièrement aux FDLR, alors que, pour certains cas au
moins, les témoignages disent autrement
[2]. Il y a les FARDC mal payés, IL y a Des gens corrompus
par Le gouvernement de Kigali, IL y a les RDF infiltrés, les groupes de bandits…
leur méfaits permettent de continuer à salir les FDLR, pour que l’opération
bénéficie de l’appui de la
Communauté
internationale
[3]. Il faut aussi tenir compte que les réfugiés rwandais
cultivaient et faisaient de l’élevage et vendaient de leurs produits aux
marchés ; contraints à fuir, ils sont restés sans moyens de survie, ce qui les
poussé à puiser aux biens Des populations locales.

Des opérations aux
buts cachés

Est-ce
possible que les Rwandais auteurs Des massacres de Congolais à Kasika, Makobola,
Katogota pendant la guerre de 1998, puissent leur apporter maintenant la
paix
[4] ? Rappelle-t-on que Le 6 novembre 2008, plus de quatre
cent congolais de 14 à 40 ans Ont été massacrés par l’armée rwandaise de Nkunda
à Kiwanja, au Nord-Kivu ?

Ces
opérations dans l’Est de la
RDCongo
Ont Des buts cachés que les Congolais découvriront par
après. Sous prétexte de l’opération « Umoja wetu », beaucoup de militaires
rwandais sont entrées au Congo
[5], mais seulement un nombre très réduit a regagné son
pays, les autres se sont mélangés aux forces du Pareco et du CNDP
[6]. Des témoins signalent à Bukavu plusieurs entrées
nocturnes de militaires rwandais, par la frontière ou à travers Le lac, qui par
après prennent la direction de la forêt
[7]. A la fin du mois d’avril, Des militaires de la garde
présidentielle de Paul Kagame Ont aussi traversé la frontière vers Le Congo. Il
s’agit de jeunes très arrogants, chacun armé de fusil, couteau et
marteau
[8].

L’année
dernière, Le Président Kagamé s’est adressé à tous les jeunes, tutsi et hutu,
qui avaient raté leur diplôme cette année-là en leur disant : Ne vous
découragez-pas, la fin de l’école n’est pas la fin de la vie. Je vais vous
donner du travail ». Ils Ont été « invités »
[9] à s’enrôler et Ont été formés par les Américains (USA),
non pas pour la guerre, mais pour les assassinats. Ces jeunes sont déjà entrés
au Congo, une partie, mélangée à la Garde présidentielle de Paul Kagame, s’est dirigée
vers la forêt, une autre est restée à Bukavu. Leur mission : assassiner et
endosser la faute aux FDLR. Ils parlent les langues du
Kivu.

Ainsi se
poursuit le dessein de renforcer la présence du Rwanda à l’intérieur des
institutions congolaises. Nous ne pouvons pas ignorer que le Rwanda a l’ambition
d’installer un pouvoir Hima
[10] au Congo. Malheureusement, certains Congolais n’ont pas
le souci de leur pays et se laissent corrompre ; ainsi, est-il très facile de
leur faire la guerre et le projet d’annexer l’Est du Congo au Rwanda chemine
vers sa réalisation.

 

AU
RWANDA

 

Le sort des
rapatriés

Les rapatriés
« volontaires », suite aux opérations « Umoja wetu » et « Kimya II », sont
surtout des femmes, des enfants, des vieillards, que le Haut Commissariat de
l’ONU aux Réfugiés (HCR) a transportés au Rwanda. Là, après avoir passé quelques
jours dans un camp de transit, ils sont envoyés vers leur colline d’origine. Le
HCR donne à chaque famille ayant plus de six enfants un sac de maïs, un sac de
haricots, une bâche, des casseroles, des assiettes ainsi que des couvertures.

Lorsque ces
personnes quittent le camp, les autorités du camp demandent par téléphone à des
gens du FPR (Front Patriotique Rwandais, le parti au pouvoir) se trouvant sur la
colline de destination des rapatriés s’ils acceptent leur arrivée. Si la réponse
est négative, la police arrête ces personnes en route et les met en prison, en
les accusant d’avoir participé au génocide. Certains rapatriés retrouvent leur
champ ; et comme beaucoup de maisons ont disparu, la plupart d’eux ira habiter
dans des maisonnettes que l’Etat a construites tout au long de la
route.

Les femmes
réfugiées qui rentrent au Rwanda en provenance du Congo sont poursuivies, car,
dit-on, lorsqu’on tue un serpent, il faut tuer aussi ses petits. C’est ainsi
qu’au secteur Cyete, on a cherché à tuer M.me Mukandinda Bahakwa Béatrice, qui
venait de rentrer du Congo avec ses enfants. Son mari, rentré au pays en 2008,
avait été assassiné. En cette année 2009, suite aux difficultés de la vie au
Congo, la veuve aussi était rentrée, avec ses enfants. Une nuit, alors qu’elle
était à la toilette, elle a vu arriver chez elle Muhigirwa Innocent, responsable
de l’escadron de la mort du secteur, avec des soldats. Elle est immédiatement
descendue vers le fleuve Ruzizi, où des pécheurs l’ont sauvée en lui faisant
regagner au nouveau le Congo. Les enfants sont restés dans les mains de la
famille élargie.

Au mois de
mars dernier, dans ce même secteur Cyete, une femme, dont le mari, Bizimana,
était réfugié au Congo, a été emprisonnée avec ses deux enfants, Mulimbo, de 18
ans et Bunyenyeri, de 20 ans. Lors de sa détention, Mulimbo a été tellement
battu qu’il se trouve maintenant à la maison en de mauvaises conditions. Dès que
Bizimana est rentré au Rwanda, sa femme a été relâchée, mais lui aussi a été
fortement battu et reste en prison. En cette circonstance, le Chef de
la Police a
déclaré à la population : « Vous continuez à être orgueilleux ! Vous n’avez pas
encore considéré les cadavres, vous n’avez pas encore
accepté ! ».

Dans
l’ex-Commune de Cyimbogo, les militaires ont accusé deux jeunes hommes,
Niyibizi, fils de Rwanze Gushira, et Kazee, fils de Nyandwi, d’avoir volé un
fusil au Camp militaire. Après les avoir traînés loin de leurs maisons, ils les
ont frappés devant la population qu’ils avaient réunie, en les accusant du vol.
Comme ils niaient d’avoir volé, les militaires les ont retenus et sont partis
perquisitionner leurs maisons. Après avoir mis des cartouches sous leurs
lits, ils ont appelé les jeunes et la
population environnante : « Venez voir ce qu’ils ont nié ! ». C’est ainsi qu’on
les a emprisonnés. A cette occasion, le responsable d’Ibuka
[11] a prononcé des paroles qui ont effrayé la population :
« Dans le temps, les Tutsi ont dominé les Hutu, et jusqu’à présent il faut qu’il
en soit ainsi ! ».

Quant aux
combattants FDLR qui ont accepté de rentrer au pays, leur sort demeure
incertain ; certains d’entre eux ont été emprisonnés. Les démobilisés du FPR et
les démobilisé des FDLR ont des cartes différentes. Sur la carte de ces derniers
il est écrit : « Il s’est séparé des rebelles ».

C’est ainsi
qu’il y a des retours de réfugiés rapatriés au Congo. Le 27 avril 2009, Radio
Okapi a informé que cent citoyens rwandais sont installés à Nyabibwe, localité à
Nord de Bukavu sur le bord du lac Kivu. Ils sont revenus du Rwanda au Congo
après avoir été rapatriés lors de l’opération « Umoja wetu ». Le 29 avril, lors
de son journal matinal, Radio Iriba a signalé la présence de familles rwandaises
(femmes et enfants), au quartier Panzi, à la périphérie sud de Bukavu. Ce sont
les familles de combattants hutu capturés lors de la même opération. Ils sont
revenus au Congo, ont déposé leurs familles et sont partie vers la forêt à une
destination inconnue.
[12].

 

Le gacaca
continue

Comment
rentrer dans un pays où règnent la discrimination et la menace ? Dans les
prisons, les prisonniers sont entassés sans pitié et les arrestations
continuent. Le « gacaca », la dite juridiction populaire qui juge les Hutu
accusés de génocide, pavane vérité et réconciliation, mais en réalité c’est une
justice de vengeance des Tutsi contre les Hutu, qui s’exerce avec l’appui
financier et moral de la
Communauté
internationale. Il aurait dû se terminer à la fin de
2007, mais il a continué, en s’occupant des accusations concernant les dégâts
matériels. Après avoir dépouillé autant que possible les Hutu de leurs biens,
les rescapés
[13] corrompus sont en train de casser les jugements, afin
que ces innocents soient tués, car au Rwanda l’emprisonnement à vie est égal à
la mort.

Ainsi, le
gacaca reprend-il de plus belle. On cherche à juger de nouveau ceux qui ont été
relâchés. En particulier, sont visés maintenant les fonctionnaires de l’ancien
régime, qui étaient restés jusqu’à présent au pays sans être inquiétés, et
avaient même travaillé pour l’actuel parti au pouvoir, le FPR. Au Rwanda toute
personne qui réfléchit, qui peut partager avec d’autres ses réflexions devient
un danger et on cherche à la mettre à l’écart
[14]. C’est ainsi que le 14 mai 2009 dans le secteur Mururu
beaucoup de personnes ont été arrêtées. Les prisonniers sont en train de périr
en prison, depuis qu’on a suspendu l’assistance de leurs familles
[15].

Le président
Kagamé sait bien que la majorité des personnes arrêtées au Rwanda sous
accusation de participation au génocide sont innocentes  Pendant qu’on les
emprisonne, les teneurs du pouvoir se protègent. Le 18 juillet 2008, la
constitution rwandaise a été revue pour y insérer un article permettant à la
justice rwandaise de poursuivre le président Paul Kagamé et ses proches
collaborateurs, malgré l’immunité dont ils jouissent. Cela en vue d’éviter que
la justice internationale s’occupe d’eux à propos de l’assassinat des
ex-Présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira et de
les acquitter enfin.

Tout à fait
récemment, Human Rights Watch a écrit une lettre au Tribunal Pénal International
d’Arusha
[16], en Tanzanie, en lui demandant de s’occuper aussi des
crimes commis par le FPR. Le Ministre rwandais de la Justice a réagi en disant
que ce serait une tautologie, car les criminels du FPR le Rwanda les a déjà
jugés…

 

Se taire, mourir, ou
devenir esclaves

Les personnes
qui ont encore des parents ou des enfants à l’étranger, particulièrement
réfugiés au Congo, sont persécutées, en vue de contraindre les membres de
famille exilés à rentrer au pays. Des hommes ont été chargés par les autorités
de passer dans les quartiers recenser ces familles. Ils s’adressent aux
« Nyumbakumi », qui surveillent chacun la vie de dix familles, et leur demandent
si parmi elles il y a quelqu’un qui n’est pas du PFR, le parti au pouvoir. C’est
ainsi qu’ils composent des listes d’opposants, qu’ils transmettent aux
militaires, qui la nuit passent à coté de chacune de ces maisons, pour être aux
écoutes de leurs discours ou de leurs échanges par téléphone. S’ils trouvent
qu’ils parlent de leurs parents exilés ou avec eux au téléphone, ils les
arrêtent. Si quelqu’un sort de la maison après 20h00, il sera fortement battu.
Ces familles hésitent même à utiliser le téléphone, de peur d’être accusées de
parler avec leurs conjoints au Congo.

Voici les
noms de quelques-unes de ces personnes qu’on appelle Intore
[17], choisies par le Président d’Ibuka pour espionner :
Nyaminani, fils de Munganga ; Mvuyekure Gaspard, fils de Mbasho, Kavumbi
Jean-Marie Kanyamikenke ; Habanabashaka fils de Rusenyanteko ; Mbarubukeye
Emmanuel, secteur Kamembe ; Habiyambere Pierre, secteur Kamembe ; Mukundiyukuzi
Didas, secteur Gihundwe. Leur tâche est celle de donner les noms des familles
qui ont des frères au Congo et de les surveiller. Chaque soir, ils doivent
donner rapport de tout ce qu’ils ont entendu derrière les portes et le rapport
sera transmis au niveau supérieur. D’autres espions traversent le lac la nuit
vers Bukavu pour capter des informations.

 

Dans chaque
cellule (qu’on appelle akagari), un
homme est chargé d’éliminer tout opposant. Il est responsable d’un escadron de
la mort. Voici quelques-uns de leurs noms : au Secteur de Mururu : Gaponda, fils
de Munyandamutsa ; au Secteur de Mutongo : Mananga ; au Secteur de Cyete :
Muhigirwa Innocent. Ils sont tous des Tutsi.

 

Le 7 mai 2009
au secteur de Cyato, a eu lieu une réunion, dirigée par le premier responsable
d’Ibuka, à laquelle n’ont participé que des Tutsi de père et de mère. Il y
avait plus de deux cent personnes : les responsables d’Ibuka de chaque secteur,
les resposnables des escadrons de la mort de chaque secteur. Ils ont
dit
[18] : tous ces Hutu qui, selon vous, ont de mauvaises
pensées, et ceux que vous voyez être forts, doivent avoir un dossier de
participation au génocide et doivent être arrêtés. Ceux qui ont des champs ou de
l’argent, il faut faire vite à les emprisonner, avant que les élections n’aient
lieu. Nous commencerons par arrêter deux personnes par secteur, la semaine
suivante nous en arrêterons quatre, après un mois nous en arrêterons huit, et
ainsi de suite, jusqu’à ce que tous soient arrêtés
[19]. Comme vous le voyez, nous avons des travaux qu’ils
doivent faire pour nous : préparer les terrasses pour cultiver nos collines,
cultiver pour nous, construire nos maisons. Vous savez que les Hutu sont forts ;
si nous ne préparons pas ces dossiers pour les emprisonner, nous ne pourrons pas
les faire travailler pour nous comme « Tigistes »
[20]. Le gacaca doit recommencer afin que ceux qui n’ont pas
été emprisonnés, soient emprisonnés, et que ceux qui ont été libérés puissent
être à nouveau emprisonnés.

 

Toute une population
intimidée et appauvrie

L’intimidation règne dans le pays. Chacun a peur
d’exprimer son avis sur la situation même avec son proche. Le 26 avril dernier,
le Gouvernement a interrompu les relations avec la radio BBC Gahuza miryango,
gêné par les nouvelles qu’elle diffusait.

En ce même
mois d’avril, lors d’une visite à Byumba, le président Kagame a déclaré que
celui qui n’est pas à mesure de suivre ses instructions, il n’a qu’à partir, et
que celui qui détourne les biens publiques sera emprisonné. Or c’est le groupe
qui gère le pays qui s’enrichit outre mesure.

Dans les
écoles, au moment de la recréation, les élèves tutsi se retrouvent selon leurs
“familles”, c’est-à-dire les élèves des classes supérieures, Tutsi. Ils
chuchotent entre eux, ce qui fait craindre les
Hutu.

Bien que
l’initiative généralisée de la « mutuelle de santé » garantisse désormais les
soins primaires, l’écart entre riches et pauvres s’agrandit du jour au jour.
Beaucoup de Hutu, la population pauvre, ont dû quitter leurs maisonnettes dans
les quartiers populaires de Kigali, avec un maigre dédommagement, et ces
quartiers ont été rasés pour faire place à des villas. Désormais à Kigali on ne
peut bâtir qu’en matériaux durables, condition que les Hutu ne peuvent pas
remplir, car toute l’économie est monopolisée par le cercle (akazu) de Paul
Kagame, par les rescapés et Ibuka. Les maisons commerciales doivent être en
étages. Aucun petit vendeur n’ose plus vendre aux bords des rues, et même
beaucoup de petites boutiques ferment à cause des taxes trop élevées
[21]. On impose aux paysans de couper leurs bananeraies, en
prétendant qu’elles causeraient la malnutrition. Or, c’est la bananeraie qui
donne à la famille un peu d’argent liquide, à travers la vente de la bière de
bananes.

Bonne partie
des Tutsi mêmes : les Banyamulenge, ceux qui viennent du Burundi, ceux-là même
qui ont toujours vécu au pays, tous ceux qui ne font pas partie du groupe de
pouvoir venu de l’Ouganda, sont de plus en plus marginalisés. Tout celui qui
veut être droit est menacé et mis à l’écart.

 

Un régime qui jouit
de l’appui international

Malgré cela,
la
Communauté
internationale continue à appuyer le régime de
Kigali, et les Etats-Unis d’Amérique considèrent Paul Kagame intouchable. Les
signes sont nombreux.

La Communauté
internationale
continue
utiliser deux poids et deux mesures.

– Nous ne
nions pas le massacre de 800.000 Rwandais en 1994, mais ne faut-il pas aussi
tenir compte du massacre de 5.480.000 Congolais par le régime de Kagame et ses
alliés depuis 1996, ainsi que des centaines de milliers de Hutu rwandais
massacrés par les troupes du FPR depuis leur entrée au Rwanda le 1er
octobre 1990, au Congo en 1996-’97 et jusqu’à présent ?

– Elle a
dévalorisé le mandat d’arrêt lancé par les juges français et espagnol contre les
planificateurs du génocide au Rwanda et au Congo.

– Bien que le
FPR Inkotanyi ait utilisé les enfants pour s’emparer du pouvoir au Rwanda,
aucune institution internationale ne les a inquiétés jusqu’à présent.

– Le
procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), le canadien
Louis Alburt, qui avait commencé l’enquête sur l’attentat à l’avion du président
Habyarimana, a été obligé de démissionner de ses fonctions, à cause de la
pression des USA, de la
Grande Bretagne
et du Rwanda
[22].

– Les USA
contestent la remise en liberté des responsables des FDLR, Calixte Mbarushimana
et Ignace Murwanashyaka et disent souhaiter que tous les seigneurs de la guerre
dans la Région
des Grands Lacs soient arrêtés, mais ils ont longtemps appuyé le rebelle
filorwandais Laurent Nkunda
[23], dont l’armée a fait en deux ans de guerre au Nord-Kivu
beaucoup de morts et presque deux millions de déplacés
[24].

– Depuis la
publication, en décembre dernier, du rapport onusien sur l’agression du Rwanda
au Congo à travers les forces de Nkunda, les Pays-Bas et la Suède avaient suspendu les
aides budgétaires envers le Rwanda. Pourquoi les autres bailleurs de fond n’ont
pas voulu faire de même ?

– L’accord de
décembre 2008 entre le président congolais Joseph Kabila et le président
rwandais Paul Kagamé a fait à ce que Nkunda soit arrêté et que l’opération de la
traque des FDLR commence en janvier 2009 au Nord-Kivu
[25]. La
Communauté
internationale appuie cette opération et refuse
d’écouter la voix des réfugiés hutu au Congo : on les « traque » : sont-ils tous
des tueurs ? Quoi dire des enfants nés au Congo après l’exil, des jeunes qui
étaient enfants en 1994, des femmes, des vieux et de tant d’adultes, qui ont été
aussi victimes des malheureux événements rwandais ?

 

Conclusion

Il est
incompréhensible qu’on veuille rapatrier les Hutu par force, alors que certains
de ceux qui ont été rapatriés sont en train de rentrer au Congo. On ne peut pas
forcer quelqu’un à rentrer chez lui : c’est un crime et l’histoire le
témoignera. Les Hutu rwandais au Congo veulent rentrer chez eux, mais ils ne
peuvent pas être forcés au retour, alors que leurs conditions de sécurité et de
dignité au Rwanda ne sont pas assurées. Leur retour, que ces opérations de
guerre au Nord et au Sud-Kivu déclarent viser, se réalisera non par la violence,
qui est en train de faire de nouvelles victimes et de nouveaux déplacés, mais
par un changement dans le pays. L’unique solution pour ramener la paix au Rwanda
est que les représentants de tous les Rwandais se mettent à une même table pour
parler de l’avenir de leur pays, comme d’autres peuples ont fait
[26], pour bâtir un pays où chacun se sente libre et
protégé.

Que
la
Communauté
internationale évite de soutenir la criminalité
contre les Hutu partout dans le monde et surtout à l’Est de la RDCongo, en considérant que
les Hutu aussi ont été créés par le même Dieu que les autres êtres humains et
ont donc droit à la vie, droit de revendication, droit d’expression, droit à
l’assistance de tout genre.

Que le
Communauté internationale exerce une pression sur le gouvernement rwandais, afin
que :

– se réalise
un véritable dialogue interrwandais, en vue de bâtir le futur du pays dans la
paix ;

– une
amnistie générale soit accordée à tous les ex-FAR (l’armée du précédent régime)
et même à tout le monde, pour que le peuple rwandais tout ensemble reconstruise
le pays.

– un
véritable multipartisme soit installé dans le pays, désormais à la veille des
élections présidentielles de 2010, et qu’elles se passent dans la transparence
et la liberté.

 

Fait dans
la Région des
Grands Lacs, le 1er juin 2009.

 

Mujyanama
Erneste



[1]
Le gén. Sekatende nous a appelés du Centrafrique, l’Angola, le Gabon, le
Congo-Brazzaville.

[2]
Par ex., le massacre du 22 mai 2009 à Civanga, qui a fait douze morts parmi les
passagers d’un camion de commerçants, est à attribuer au 99% aux militaires du
CNDP l’ancien mouvement rebelle de Nkunda ; la voix officielle l’a attribué aux
FDLR. Samedi le 30 mai 2009 le Ministre congolais de l’Information a défendu aux
journalistes de donner la parole aux
FDLR.

[3]
Le mauvais comportement d’un certain nombre de militaires des FARDC a provoqué
quelque part un rapprochement entre les FDLR et les Mayi-Mayi, les forces
spontanées de résistance de la population congolaise.

[4]
Un citoyen congolais témoigne d’un fait avoir vu tout récemment parmi les
troupes nouvellement arrivées à Kasika un commandant tutsi qui est allé prés du
tombeau du Mwami assassiné lors du massacre d’août 1998 qui fit plus de mille
morts. Il a fait le signe de la croix et s’y est recueilli en silence pendant
vingt minutes. La population en l’observant se disait : « Ce n’est pas son
frère. C’est que son cœur est inquiet par rapport à ces
événements-là ».

[5]
Ceux venus par la frontière de Goma se sont dirigés vers Lubero, Nyabyondo
(Masisi) et Walikale.

[6]
Le Pareco est composé d’Hutu anciennement établis au Nord-Kivu ; le CNDP est
l’ancienne armée du rebelle filo-rwandais Laurent Nkunda, rapidement intégrée
dans les FARDC.

[7]
Un réfugié témoigne de les avoir vus à
Mwenga.

[8]
Pendant qu’ils s’étaient installés dans la zone près de la frontière avec le
Congo, ils maltraitaient les gens : tout homme qui passait près d’eux après
19h00, était obligé de les porter sur le dos partout où ils voulaient jusqu’au
matin.

[9]
Au Rwanda l’invitation est un ordre, car la refuser signifierait se déclarer
opposant. Si une personne refuse ou réclame face à une requête du pouvoir, on
lui dira : « Ah, tu veux attendre les Hutu pour les servir ! ». Parfois, peu de
jour après, la personne sera portée
disparue.

[10] Le groupe auquel appartiennent les Tutsi au pouvoir au
Rwanda. Le 4 novembre 2008, lors de l’émission « Dialogue entre Congolais », à
la Radio
Okapi
, la radio de la Monuc au Congo, le porte-parole du CNDP Mr. Bertin
Bisimwa a confirmé l’agression du Rwanda au Congo, en disant qu’elle rentre dans
le cadre de la « Vision 2020 », le programme que s’est donné le gouvernement
rwandais. Le rapport de l’ONU de décembre 2008 confirmera l’appui rwandais à la
guerre de Nkunda au Congo.

[11]
Ibuka signifie : « Rappelle-toi ! » C’est l’association des rescapés Tutsi qui
prépare les accusations contre les Hutu. Le FARGE (Fond d’aide aux rescapés du
génocide) a comme but de favoriser les Tutsi aux études secondaires et
supérieures.

[12]
Le Conseil de sécurité provincial envisage de capturer encore ces réfugiés pour
les transmettre à l’Immigration au
Rwanda.

[13]
Seulement les Tutsi ont droit à cette appellation et aux facilitations qui en
découlent.

[14]
C’est le cas de Bisengimana Elisée, Mukezamfura Alfred, Jean-Pierre Kagubari,
Nibirori Agnès, Kubwimana Viateur, Ntakirutimana Faustin, Pius Nzeyimana, Pascal
Habarugira, Ntampaka Justin, Mbarushimana Fidel, Habyarimana Emmanuel,
Nduwamungu Tatien, Munyangabe Théodore, Munyakazi Laurent : emprisonné sous
accusation d’avoir participé au génocide, ils sont tous condamnés à des peines
de prison allant de 20 à 30 ans et certains même à
perpétuité.

[15]
On n’accepte que de l’argent, qui toutefois reste à la direction de la prison et
n’arrive jamais au destinataire.

[16]
Censé juger les crimes commis au Rwanda pendant l’année 1994, ce tribunal n’a
jugé jusqu’ici que des Hutu.

[17]
La tâche fondamentale des Intore est celle de terroriser la population en vue
des élections présidentielles de 2010.

[18]
De source directe.

[19]
La méthode est la discrétion. En juillet 1996, au stade de Gisenyi, le président
ougandais Yoweri Museveni avait donné l’exemple de l’enlèvement d’une chique du
pied : on écarte doucement la peau de tout côté et par après on l’enlève. Dans
ce sens, le président Kagame a dit récemment : « Nous neutraliserons tous ces
méchants ».

[20]
TIG : ce sont les « travaux d’intérêt général » auxquels sont assignés les
prisonniers. A 5h00 du matin, ils prennent un gobelet de mais et un de haricots
et par après ils partent travailler jusqu’au soir. Ils logent dans des camps où
les visites ne sont pas permises.

[21]
A remarquer qu’aucun homme ne peut marcher en ville avec des babouches ; de
même, est défendu l’usage de sachets en plastique.

[22]
Cf. journal de R.F.I. du 20 novembre
2008.

[23]
Le 4 novembre 2008, lors de l’émission « Dialogue entre Congolais », à
la Radio
Okapi
, la radio de la Monuc au Congo, Mr. Bertin Bisimwa, porte-parole
du CNDP, le mouvement de Nkunda, a confirmé l’agression du Rwanda au Congo, en
disant qu’elle rentre dans le cadre de la « Vision 2020 », le programme que
s’est donné le gouvernement rwandais. Le rapport de l’ONU de décembre 2008
confirmera l’appui rwandais à la guerre de Nkunda au
Congo.

[24]
Selon Jules Rutaremara, porte parole des RDF, l’armée rwandaise, les USA qui ont
donné les armes que Nkunda a utilisées dans sa guerre contre la RDCongo, sous prétexte
qu’elles devaient servir pour l’opération de maintien de la paix au Darfour, à
laquelle le Rwanda participe.

[25] Cela a fait « remonter les actions » du président
rwandais qui a pu vêtir les habits d’un bâtisseur de paix dans la Région. Le 26 janvier
2009, les Ambassadeurs américain et britannique sont allés exprimer au Premier
Ministre congolais leur soutien au programme de la traque des FDLR. De cette
manière ils continuent à dissimuler leur complicité dans le génocide
rwandais.

[26]
Par ex.: le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville, la République
Centrafricaine
, où le dialogue a apaisé les différents
conflits.

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