LES CHANCES DU DR. OSCAR KASHALA, par Fungula Fumu Ngondji

 Je ne connais du Dr. Oscar Kashala que ce
que la majorite des Congolais a appris a travers les medias; qu'il serait
membre du corps academique d'une universite dans l'etat de Massachussets et
chercheur d'une organisation internationale specialisee dans les problemes de
la sante; qu'il dirigerait une organisation sans but lucratif ayant des
activites dans sa region d'origine au Kasai, en Republique Democratique du
Congo. On dit egalement que c'est un intellectuel de qualite; detenteur de
plusieurs titres universitaires; un pere de famille respectable ayant des
contacts importants dans les milieux d'affaires et politiques aux USA et meme
en Europe.

 

 Bien que vivant moi meme aux USA depuis
pres de 30 ans, je ne l'ai jamais rencontre et ne connait aucun autre Congolais
qui aurait des rapports personnels avec lui, a l'exception d'un patriote de
Bandundu vivant a Boston qui aurait fait partie de l'equipe de sa campagne
electorale en 2006. Mais meme ce dernier n'a pas semble en savoir plus.

 

 Dernierement, j'ai lu un compte-rendu
d'une conference tenue a Montreal, au Canada par une association des
ressortissants du Congo de cette region. Le rapporteur faisait allusion a une
presentation du Dr Kashala donnant les grandes lignes de sa vision pour le
Congo s'il est elu president de la Republique aux elections prochaines, prevues
pour 2012. A moins qu'il s'agisse des lacunes du rapporteur dans son rendement
des propos de l'orateur et des suivis du debat, je dois dire que je suis reste
sur ma soif a la fin de la lecture de ce compte-rendu; quand bien meme beaucoup
reste encore a dire sur cette rencontre, a ajoute ce rapporteur sympathique
qui, je croit avoir compris, serait un membre de l'Urec, parti du Dr. Kashala.
Quelles sont les chances de ce compatriote sur le terrain, au Congo?

 

DES
ECHOS DE MON SEJOUR AU CONGO DE 1997 A 1999
.

 

 A present, j'aimerais inviter le lecteur
de me joindre a Kinshasa ou j'ai passe un sejour tres malheureux de 1997 a
1999. On se souviendra que Laurent-D. Kabila venait de detroner le dictateur
Mobutu Sese Seko Kuku Nbendu wa Zabanga, avec l'aide des armees Rwandaise,
Ougandaise et Angolaise – cette derniere est rarement mentionnee quand on parle
de cette episode du regne de notre MZee (sic). Mon sejour a Kinshasa marquait
la 18eme annee de ma fuite de Kinshasa en 1979. Ceux qui ont deja eu l'occasion
de lire certains de mes nombreux ecrits sur les realites de notre pays se
souviendront sans doute que j'avais evoque les causes de mon exil dans l'un ou
l'autre de ces ecrits.

 

  Brievement, j'ai du abandonner ma profession,
ma famille de 11 enfants et le pays de mes ancetres pour echapper a la
persecution en raison de mon association avec le colonel Kudiakubanza et Mungul
Diaka, accuses de tentative de coup d'etat contre Mobutu. Un certain nombre
d'autres patriotes avec lesquels j'etais engage ont du y laisser leur vie, y
compris le brave et brillant colonel Kudiakubanza. Son nom, soit dit en
passant, est tres synificatif dans la langue des Bangongo du Kwilu. Il signifie
"celui qui se nourrie sans jamais oublier de penser au futur.

 

 Ayant grandi a Kinshasa ou je suis arrive
en 1957 a l'age de 17 ans, je connais la ville autant que le village Ngondi
Fioti, dans Masi Manimba, ou je suis

ne. De
plus, journaliste pendant pres de 20 ans, je possede des connaissances
approfondies de la ville, de ses moeurs et traditions aussi bien que de ses
secrets, car Kinshasa possede des secrets, qui sont le domaine unique de
certaines categories des "Bana Mboka" ou "Bankolo Mboka",
come se disent les natifs de la ville. Par exemple: des lieux ou tel et tel
groupe de personnes se rencontrent… tel et tel jour…a telle ou telle heure; les maisons des Marabouts
particuliers a des politiciens bien connus; les Muziki (belles prostitues
"ndumba") reputees dans la courtisanerie des hommes d'affaires,
diplomates et politiciens reellement riches de Kin-la-Belle.

 

 Usant de mes vieilles relations, j'ai pu,
a mon retour au pays, retrouve mes relations parmi les membres des media, du
corps diplomatique, de la politique, des affaires et les
"Ngembo"(courtisans professionnels) sans lequels rien ne se passe a
Kinshasa. Et croyez-moi, j'ai beaucoup appris. Quelques semaines apres mon
arrivee quand je me suis rencontre, en compagnie du defunt ministre Etienne
Mbaya avec l'homme qui s'etait proclame – sans avoir consulte personne, meme
pas ses commanditaires – president de la Republique au lendemain de l'entree,
le 17 mai 1997 des Kadogo a Kinshasa, et avec lequel j'avais des relations de
camaraderie dans les rangs des jeunesses du MNC-L et du PSA en 1960, je n'avais
pas grand'chose a apprendre de lui, qui n'etait pas deja connue par ceux qui
m'avaient entretenus. Malheureusement pour moi, Kabila apprendra plus tard, par
la voix de quelques uns des ceux-la memes, a qui j'avais parle; et il
m'enfermera pendant 8 mois dans une des ses prisons privees avec quelques
autres grosses legumes du regime dechu, jusqu'a ce que mes amis aux USA
viendront a mon secours.

 

NE
VOUS FAITES PAS D'ILLUSION SUR LES KINOIS

 

 C'est dans ces milieux que j'ai appris ce
que les Kinois et tous ceux qui savent jouer les jeux des cartes
"politiques" pensent de tous les pretendants

au
pouvoir a Kinshasa.

 

 Carte no.1: La maitrise de la langue Lingala.
Les Kinois, surtout les Ngembo – souvenez-vous – sans lesquels rien ne se passe
a Kinshasa, ne peuvent tolerer de voir une personne au sommet du pouvoir qui ne
maitrise pas le Lingala, quelque soit ses qualifications. Pourquoi ai-je
demande? Parce qu'une telle personne n'est pas en mesure de comprendre les
realites du pays et Kinshasa est le Congo en miniature, comprenant une portion
de chacune des 200 tribus ou plus du pays.

 Cela peut expliquer pourquoi, bien que les
tendances dictatoriales de Laurent Kabila etaient visibles des le moment qu'il
s'est proclame president, les Ngembo et les Muziki, specialistes de la
propagande sournoise a Kinshasa se sont allies derriere lui, en depit des
pressions des chefs coutumiers Bahumbu et Bateke, proprietaires terriens de la
region qui demandaient une representation forte de la population Kinoise.

 

 Carte no.2: Les Kinois ont jure de ne jamais
accepter une personne vivant a l'etranger d'etre parachute a la tete du pays,
meme si cette personne est supportee par la toute grande puissance americaine,
a moins de bruler toute la ville. Les Ngembo, les Muziki, ajoutes a ces
derniers les enfants de la rue…comment les appelle-t-on?..ne l'avaleront
jamais. Mais comment pourraient-ils empecher cela, ai-je encore demande? En
formant alliance avec le corps diplomatique, les hommes d'affaires et la presse
etrangere lesquels dependent presequ'entierement d'eux pour connaitre ce qui se
passe a Kinshasa. Ces trois groupes peuvent exercer une pression determinante
pour changer de regime. Et pourquoi ne joueraient-ils pas cette carte
maintenant contre Joseph. Parce qu'il est l'homme choisi de ces milieux.

 

 Carte no.3: Pour ceux qui se sont toujours
demande pourquoi il n'y a jamais eu d'insurrection populaire dans la capitale
du Congo en depit de la misere indescriptible dont le peuple souffre, il ne faut
pas se faire d'illusions sur les Kinois. Meme s'ils sont corruptibles en
general parce que la moindre information qu'ils possedent est monayable, cela
n'empechera pas les Ngembo et les Muziki de faire fonctionner la radio
trottoir, come ils l'ont toujours fait depuis le temps colonial, pour faire
circuler les rumeurs, surtout les fausses pour alarmer la population si les
hommes au pouvoir les plus corrompus leur coupait la ration qui les fait vivre.
Les Marabouts et autres feticheurs qui assurent la survie des politiciens et
hommes d'affaires le savent et sont les caissiers de cette "force de la
nuit" qui leur sert de relais. Dans les frais qu'ils demandent a leurs
clients, il y a toujours 10 a 15% pour ce qu'ils appellent "les esprits".
C'est un autre terme pour cette force de la nuit: les Ngembo et les Muziki.

 

 L'insurrection populaire a Kinshasa ne
dependrait que de la volonte

de cette
fraction de la population sans morale et sans loi, qui vit a 100 pour cent aux
crochets des "griots", dont mon ami, le senateur Mutinga, qui les
connait bien a parle (voir articles ci-dessous). Mais meme une insurrection
anarchique, come celle du 4 janvier 1959, exige une tete ou des tetes pour
tirer les ficelles. Pour le moment, on est encore au niveau des speculations!

Fungula Fumu Ngondji, le
maniKongo
, son nom
de code sous la dictature de Mobutu pour cacher ses activités clandestines, est
un ancien collaborateur de La Voix de la Rue (Kikwit, 1962); Le Journal Kapia
(Kananga);La Présence Congolaise (1964-1966); L'Afrique dans le Monde
(1966-1969); La Radio Nationale, station Bandundu (1969); ); Zaïre Magazine
(1972-1977), L'Agence Zaire Presse (1977-1979) a Kinshasa. Il est le fondateur
du premier syndicat des journalistes (Union nationale des journalistes professionnels
Congolais), intégré dans l'union nationale des travailleurs du Zaïre (UNTZa,
1967); auteur de "La Jeunesse Zaïroise s' interroge" publie par Le
Comite Zaïre en Belgique en 1983. Il vit a présent en Californie aux USA avec
toute sa famille.

Son livre, "The Kongo
of My Ancestors" (Le Kongo de Mes Ancêtres), attendu pour début 2010,
bibliographique et historique à la fois, évoque sa vie d'enfance dans Ngondi
Fioti, son village d'origine; son expérience d'étudiant et de journaliste; les
tragédies vécues par notre pays depuis l'assassinat de Lumumba; les péripéties
de la vie à Kinshasa au sein des institutions politiques, économiques, sociales
et judiciaires, come les prisons; autres aspects de l'histoire de notre pays
sont présentés et analysés avec le regard d'un professionnel du media,
y
compris le role de Sakombi Inongo dans la desorientation, la desinformation et
la corruption de la presse congolaise. C'est un livre qui suscitera debats et
desir a un engagement revolutionnaire de tout patriote Kongolais.

 

 

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