Réfléchissons un peu sur le feuilleton Kabila-Muzito en lisant Charles Onana (JP Mbelu)

 

 

En effet, personne ne saurait contester le fait que s’il est établi qu’il
y a eu des dérapages substantiels et répétés dans les Finances publiques et la
monnaie nationale par la faute et/ou
l’incompétence de Muzito, que la possibilité de la démission du premier Ministre
soit envisagée. Appartient-il au chef de l’Etat d’initier cette procédure ? Le
chef de l’Etat dispose-t-il des prérogatives constitutionnelles lui permettant
de contrôler le gouvernement et son chef ? Quand il désavoue le premier
Ministre, celui-ci doit-il démissionner sans le quitus du parlement ? Il
appartient aux constitutionnalistes d’éclairer notre religion sur ces
questions.

Ce qui étonne un peu dans ce feuilleton est que la demande de la
démission de Muzito coïncide avec l’entrée probable des membres du CNDP au
gouvernement. Les criminels de guerre se prêtent-ils mieux à l’amnistie que les
criminels économiques ? Et puis, parlons un peu de la criminalité économique.
Toutes ces sommes d’argent décaissées pour corrompre les députés de la majorité
au su de « l’autorité morale de l’AMP » font-elles ou pas partie des dérapages répétés des Finances publiques ?
Qui contrôle les dépenses de cette « autorité morales de l’AMP » ? Qui peut la
sanctionner parce qu’elle ne répond devant aucune institution avant sa reddition
des comptes aux prochaines élections (si elles ont lieu) ?

« L’autorité morale de l’AMP » ne serait-elle pas en train d’obéir au
8ème principe du plan de colonisation Tutsi de la région des Grands
Lacs ? Que dit ce principe ? « Profitez de la crédulité des élites hutu (et
Bantou) et servez-vous d’elles pour promouvoir nos intérêts et paraître
crédibles lors des campagnes électorales. Dès que les campagnes électorales sont
finies, trompez-les pour montrer leur inefficacité. »  (C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie
congolaise
, Paris, Duboiris, p.93) Beaucoup de compatriotes risquent de
ne pas comprendre grand-chose à la suite de notre histoire s’ils ne lisent pas
ce livre de Charles Onana. Notre hypothèse à nous est que la probable démission
de Muzito s’inscrit dans ce plan. Pourquoi ? Les autres dérapages financiers et
militaires ayant coûté trop cher à nos populations n’ont jamais été
sanctionnés : le détournement des salaires des militaires au front, la livraison
des armes au camp ennemi, le retour sur notre sol des bourreaux de nos
populations, etc. A notre avis, la démission de Muzito ne pourra être qu’une
goûte d’eau dans l’océan d’un système fondé sur la corruption et les réseaux
maffieux. Un système au service des multinationales, de certains pays
occidentaux, du Rwanda et de l’Ouganda aux dépens des populations congolaises.
Non. Ce n’est pas Muzito seul qui doit démissionner. C’est tout le système fondé
sur la prédation et la criminalité qui doit être déboulonné.

L’enthousiasme de nos compatriotes heureux de voir Muzito partir de la
tête du gouvernement dit, à notre humble avis, jusqu’à quel niveau les cœurs
 et les esprits de ces compatriotes ont
été mangés. Les alliances électorales fondées sur la corruption des partis
politiques de l’ouest sont en train de voler en éclat. Le CNDP va s’installer à
Kinshasa aux côtés du RCD et ensemble ils vont travailler à la protection du
« raïs » contre la vindicte populaire. L’heure du bilan approche et les cinq
chantiers sont toujours un vœu pieux. En prévision de l’impopularité de Joseph
Kabila, le rapprochement avec le CNDP est une branche du salut.

Pendant que toutes ces choses se préparent, certains compatriotes crient
à la démission de Muzito. Et les saints Paul congolais attendent que les saints
Pierre soient déshabillés : ainsi auront-ils leur tour pour accéder à la
mangeoire. Ce faisant, ils obéissent au 18ème principe des colons
tutsi. Que stipule-t-il ? Ceci : « Profitons de cette cupidité des Hutu (et des
Bantou). Offrons-leur de l’alcool et de l’argent. Ne regardons pas à ce que nous
dépensons car nous avons suffisamment d’argent. » Au Congo, tout l’argent
appartient au « raïs » et à son clan.. Les compatriotes croient,
malheureusement, que « apesaka, mais
atalaka te
 ». Erreur !

 

J.-P. Mbelu

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