03.07.09 Le Potentiel : Cinq questions à Franco Frattini

 

1.Vous organisez dans le cadre du G8 une journée consacrée
à l’Afrique. Que peut-on en attendre alors que les promesses faites en
2005 à Gleneagles n’ont pas été tenues?

Nous allons proposer une nouvelle approche fondée sur le respect des
engagements et une responsabilité partagée dans l’élaboration des
politiques de coopération. Un mécanisme permanent du G8 va être créé
pour vérifier la mise en œuvre de nos décisions, faciliter les
partenariats public-privé et proposer de réduire de moitié les coûts de
transfert des migrants. Nos experts prévoient que, pour les pays
bénéficiaires, le gain avoisinera 11 milliards de dollars par an.

2. Lors de sa récente visite à Rome,Mouammar Kaddafi a encore fait son show …

C’était une visite historique, trente-cinq arts après l’expulsion
des Italiens de Libye. L’année dernière, l’Italie, premier ancien pays
colonial dans ce cas, a reconnu les fautes de son passé et s’est engagé
à verser des réparations.

3. Que vous inspirent les déclarations de Kaddafi sur le
droit des chefs d’État africains à se représenter indéfiniment et à
modifier à leur guise la Constitution de leurs pays respectifs?

La souveraineté des États est importante … Abstenons-nous de
donner des leçons à nos partenaires en leur disant: il faut ou il ne
faut pas faire ceci ou cela. L’important est de discuter et de coopérer
dans un esprit d’ouverture. Mais nous ne nous désintéressons pas de la
question. Pas plus que de celle des droits de l’homme. Nous avons
récemment demandé à la Libye l’ouverture d’un centre pour les
demandeurs d’asile, sous le contrôle du haut représentant des Nations
unies à Tripoli. Les autorités libyennes nous ont donné leur feu vert.

4. Longtemps, les responsables italiens se sont désintéressés de l’Afrique. Pourquoi ce regain d’intérêt?

Depuis ma prise de fonctions, en mai 2008, je me suis rendu à douze
reprises en Afrique, au Nord comme au Sud du Sahara. On m’a dit
récemment que la dernière visite d’un chef de la diplomatie italienne
remontait à un quart de siècle. Ce continent présente des opportunités
formidables, raison pour laquelle je ne l’ai pas délégué à un
secrétaire d’État. Les classes dirigeantes y sont modernes et
entreprenantes, particulièrement au Sénégal et en Sierra Leone. Elles
souhaitent développer leur économie, acquérir t les dernières
technologies pour protéger l’environnement et enrayer la
désertification. Les entreprises italiennes ne m’ont d’ailleurs pas
attendu puisqu’elles sont déjà présentes au Nigeria, en Angola, au
Mozambique, au Sénégal et ailleurs.

5. Aux larges des côtes italiennes se joue
quotidiennement le drame de l’immigration. N’êtes-vous pas démunis face
à l’arrivée massive de clandestins africains que vous entassez sur
l’île de Lampedusa? Les reconduites ne se font-elles pas dans des
conditions douloureuses?

Ce problème n’est pas seulement celui de l’Italie. Tout le monde
doit y être impliqué: les pays de destination, comme le nôtre; de
départ, comme le Sénégal; ou de transit, comme la Libye. Il faut aussi
combattre les passeurs, qui font payer jusqu’à 1500 dollars le droit de
passage. On doit mener des politiques de co-développement dans les pays
d’origine, et renforcer la coopération avec les pays de transit, qui ne
peuvent se borner à jouer le rôle de gendarme pour l’Union européenne.
Tous les jours, en mer, les forces de police italiennes sauvent des
vies humaines. Et elles continueront de le faire. On doit reconduire
les immigrés clandestins dans la dignité. Pour les demandeurs d’asile,
qui sont les vrais réfugiés, il faut établir, sous contrôle du Haut
commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des bureaux
dans les pays de transit pour les aider dans leurs démarches.

TIREES DE JEUNE AFRIQUE N°2528, DU 21 AU 27 JUIN 2009

Ministre italien des Affaires étrangères.

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