08.07.09 Le Potentiel: Cinq questions à Deo Namujimbo (*)

 

1. Comment avez-vous eu connaissance du concours de « la Plume d’Or » ?

C’était la première fois que je participais à ce p r e s t i g
i e ux concours dont d’ailleurs j’entendais parler pour la première
fois de ma vie. J’ai su que le Concours La plume d’Or était organisé à
Bukavu, le 20 mars 2008, soit exactement deux heures avant l’épreuve,
en passant par hasard devant l’Alliance et en lisant une affiche qui y
était placardée. Je tiens à le souligner, non pas pour jeter la pierre
à qui que ce soit, mais pour souligner que bien des efforts sont
escamotés et méconnus du public de ma ville par ceux-là mêmes qui
devraient prioritairement veiller à la promotion de la culture, à
savoir le comité de gestion de l’Alliance française de Bukavu. Je me
suis donc inscrit en payant les deux ou trois dollars exigés pour
participer au concours, j’ai attendu les deux heures puis j’ai passé le
concours. De même, je dois souligner que ce n’est qu’à la fin de
janvier dernier que j’ai été mis au courant, toujours uniquement par la
voie d’une seule affiche sur le mur de l’Alliance, que j’étais lauréat,
alors que les résultats avaient été publiés dans le monde entier depuis
juin 2008 et que Défense de la langue française, selon sa présidente
Mme Françoise de Oliveira, avait adressé au moins une douzaine de
messages par la poste et l’Internet à l’Alliance de Bukavu.

2. Depuis quand remonte votre passion pour la France, sa littérature, sa culture ?

La France, sa géographie, son histoire, sa culture, sa
littérature, sa musique, ses merveilleux sites touristiques… tout ce
qui concerne l’Hexagone m’a toujours fasciné depuis ma plus tendre
enfance, en fait depuis que je sais lire et écrire. Je dois vous dire
ici que bien que mon pays, le Congo démocratique, ait été colonisé par
le Royaume de Belgique, à l’école primaire et secondaire les
enseignants, belges j’insiste là-dessus et en majorité des prêtres
catholiques, nous apprenaient plus à connaître la France que la
Belgique. C’est ainsi, par exemple, que j’ai appris par coeur les
fables de La Fontaine ou les œuvres de Molière, de Chateaubriand et
d’Alphonse Daudet que celles de Georges Simenon, que je n’ai d’ailleurs
connu qu’en dehors de l’école, en lisant les aventures du Commissaire
Maigret. De la littérature belge je peux dire sans peur de me tromper
que je ne connais que Tintin, peut-être aussi Johnny Hallyday et
Jacques Brel, côté musique, mais ceux-là n’appartiennent plus tout à
fait au patrimoine belge, ou alors je n’ai rien compris.

3. Avez-vous été élève de l’Alliance française de Bukavu ?

Je n’ai jamais été élève de l’Alliance française
de Bukavu. Par contre, j’ai été élève pendant quelques mois à
l’Alliance franco-zaïroise de Lubumbashi, dans le sud de mon pays,
alors que je terminais mes études de sociologie. Je n’ai pas terminé
mon cycle à l’Alliance parce que le directeur de l’Alliance à l’époque,
Monsieur Michel Crotté a trouvé en moi un élève surdoué entre
guillemets, m’a demandé de l’aider à créer la bibliothèque et le
ciné-vidéo puis, satisfait par mon travail, n’a pas tardé à me
bombarder Animateur culturel. Je ne pouvais donc pas continuer avec mes
études de langue française, d’autant que je n’avais pas beaucoup à
apprendre.

4. Que représente l’Alliance française pour vous ?

Dans mon entendement, l’Alliance française
est l’ultime bouée de sauvetage qui reste à la langue française si on
ne veut pas la voir sombrer corps et âme. Je veux dire par là qu’à y
regarder de près, c’est mon point de vue, la langue française est
menacée de toutes parts par toutes sortes de barbarismes,
d’anglicismes, de belgicismes et de néologismes qui risquent de lui
porter un coup fatal. Il revient à l’Alliance, ainsi d’ailleurs qu’à
d’autres comme l’OIF ou Défense de la langue française, de veiller au
grain pour essayer de mettre fin à cette lente mais inexorable agonie
de la plus belle langue du monde.

5. Un mot sur le concours de «La Plume d’Or » 2008 ?

A l’occasion de la fête de la
Francophonie, l’Association pour la défense de la langue française
(DLF), sous le patronage du ministère de la Culture et de la
Communication et avec le soutien du Sénat, organise chaque année un
grand concours intitulé la «Plume d’or», en collaboration avec le
réseau des Alliances françaises. Une dissertation en français est
demandée (niveau avancé). En 2008, 6 000 copies sont parvenues au jury.
Le 1er prix est un séjour culturel d’une semaine à Paris. Deo Namujimbo
a été le vainqueur. Une réception en mon honneur a eu lieu au Sénat le
2 avril dernier en présence de M. André Ferrand, Sénateur des Français
établis hors de France et du chargé des affaires culturelles à
l’ambassade de la RD du Congo, des membres de la DLF, de la fondation
Alliance française, de mes amis.

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