AFRIQUÉCHOS MAGAZINE (AEM) : Avant votre départ pour Kinshasa vous avez annoncé que vous alliez vous y installer pour participer aux Cinq chantiers du Président Kabila. Moins de trois mois après, vous voilà revenu en Suisse, avez-vous renoncé à ce projet ?
PATRICK DIASSOUKA (PAD) : Je suis revenu exprès pour relancer les activités de mon parti, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Parce que les Cinq chantiers concernent aussi la diaspora en ce sens que les Congolais de létranger doivent simpliquer autant que le sont nos compatriotes au pays.
AEM : Cest la première fois que vous parlez de votre appartenance à ce parti…
PAD : Cest parce que, jusque-là, on travaillait, si je puis dire, dans lombre, mais pas dune façon structurée. Il ny avait aucune structure, aucun bureau, aucune salle, aucune rencontre. Jattendais donc de me rendre à Kinshasa pour clarifier les choses auprès de la direction du parti.
AEM : Vous avez, du coup, pris les rênes du PPRD/Suisse, il y avait pourtant une direction déjà en place, ça sapparente à un coup dÉtat ?
Non, le parti était en hibernation, le siège était vacant, le président (Hubert Posho ndlr.) avait démissionné depuis longtemps. Il fallait donc quelquun pour prendre la relève et réveiller les grands militants qui ont beaucoup oeuvré pour ce parti comme les camarades Jean-Pierre Kambila, (aujourdhui installé à Kinshasa), Hubert Posho, Nziki, Hervel Nsele, Roger Mbimba et Jean Robert Monoke… pour ne pas les citer tous.
AEM : Avec quel programme arrivez-vous à la tête de la section suisse du PPRD ?
PAD : Nous devons ensemble restructurer le parti, trouver un local pour y installer une permanence, ouvrir une ligne téléphonique et disposer dune salle où lon peut se réunir au moins deux fois par mois. Les démarches sont déjà en cours. Nous devons restructurer le comité directeur en vue des prochaines élections.
Au pied dun volcan, à Goma, Patrick Diassouka pose pour le souvenir
AEM : La manière avec laquelle vous prenez les rênes du pouvoir, après un aller-retour à Kinshasa, va néanmoins dérouter plus dun…
PAD : Arrêtons de perdre du temps pour des futilités et remettons-nous ensemble au travail, puisque nous sommes membres dun même parti, il nous faut relancer le parti en Suisse à limage de nos camarades à Kinshasa, en France et dans plusieurs autres pays.
AEM : Vous avez cité les noms de quelques militants qui, visiblement, ont beaucoup donné et nont pas été soutenus, cela expliquerait donc la démission de lancien président ?
PAD : Étant un nouveau parti, le PPRD navait pas suffisamment de moyens. Cest comme un enfant qui vient de naître et à qui il faut laisser le temps dapprendre à parler, ensuite à marcher. Donc, si je peux le comparer à un enfant, je peux dire du PPRD quil a commencé à marcher. Et sil y a du sérieux, on aura du soutien.
AEM : Tout cela demande des moyens. Comment allez-vous vous y prendre ?
PAD : Quand on aime son parti, on trouve toujours des moyens. On ne sengage pas simplement par plaisir ou par complaisance.
AEM : Vous appelez donc les militants au sacrifice…
PAD : Un parti demande toujours des sacrifices. Comme je vous lai déjà dit, je peux citer mon exemple : jai effectué le déplacement de Kinshasa et de Goma à mes frais. Je nai pas attendu que lon me paie le billet ni demandé à être remboursé. Mais, par amour pour mon pays, jai fait ce sacrifice. On peut aussi prendre lexemple de nos amis de France qui organisent luniversité dété, ils se sont débrouillés et ont misé sur leurs propres moyens pour organiser cet événement.
AEM : Comment comptez-vous mobiliser les Congolais de Suisse ?
PAD : Avec les militants fidèles dont jai cité les noms et grâce à leur expérience de terrain, nous allons tout mettre en oeuvre pour mobiliser les Congolais. Mon voyage au pays ma permis de voir le travail de terrain que le chef de lÉtat, que jappelle « lhomme des actions concrètes », a déjà réalisé. Je suis sûr que tout Congolais, le vrai, jentends, celui qui aime son pays sera derrière lui. Et prêt à servir le pays.
AEM : Beaucoup de Congolais pensent pourtant que la situation au pays ne saméliore pas…
PAD : Comme je vous lai déjà dit, je suis allé à Kinshasa et me suis rendu également à Goma… Vous savez ? Quand il ny a pas la paix, on a beau avoir des millions, mais on ne peut rien faire. En discutant avec des amis congolais et suisses de mon projet de voyage à Goma, ils mont pris pour un fou. Ils ne pouvaient comprendre que je prenne ainsi le risque daller à Goma où « il y a la guerre »… Ce que jai vu au pays ma plutôt rassuré : construction des routes, éclairage public, notamment sur les boulevards à Goma… Pareil à Kinshasa où il y a une large ouverture desprit, où des bâtiments construits par nos compatriotes de la diaspora poussent comme des champignons. Ce qui nétait pas le cas avec les gouvernements précédents.
AEM : Vous vous engagez donc au bon moment…
PAD : Moi, je ne mengage pas par fanatisme ou par opportunisme. Jai pris le temps dobserver. Sil ny avait rien de concret, cest clair que je nallais pas me jeter à leau.
Patrick Diassouka sur le boulevard qui a abrité le défilé du 30 juin
AEM : Vous nous aviez parlé de quatre projets de société, dun programme que vous envisagiez de mettre en oeuvre au pays avec lappui du gouvernement, quen est-il aujourdhui ?
PAD : Je suis allé, dans un premier temps, pour une prise de contacts et pour une étude sur le terrain. Jai eu des contacts avec des autorités de haut niveau dont je préfère taire les noms.
AEM : Vous allez donc repartir pour Kinshasa juste après être devenu président du PPRD/Suisse ?
PAD : Comme je vous lai déjà dit, nous devons restructurer le parti, travailler ensemble. Nous organiserons ensuite des élections et si je suis reconduit, à ce moment-là, on verra. En tant que démocrate, je suis prêt à faire des concessions. Le PPRD/Suisse compte, en son sein, des militants compétents qui peuvent aussi gérer la section du parti en mon absence. Le PPRD/Suisse, ce nest pas moi tout seul, mais un ensemble, un groupe de militants.
AEM : Avez-vous un message à adresser aux Congolais ?
PAD : Arrêtons les ragots, cessons la guerre de leadership ou de positionnement. Le pays a grandement besoin de nous, de notre apport. Je profite de loccasion pour lancer le message du parti : Tous à lUniversité dété à Paris au mois daoût !
AEM : Et en Suisse ?
PAD : Laissez-nous dabord le temps de nous rassembler. Vous serez informé au moment opportun. Un porte-parole du parti prendra contact avec vous. Toutes les personnes intéressées peuvent nous écrire à ladresse électronique que voici : pprdsuisse@yahoo.fr
| Propos recueillis à Lausanne par Jossart Muanza (AEM)
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