20.07.09 Le Potentiel: Cinq questions à Oscar Kambale Nyrihima, par Angelo Mobateli

 

1. Que vous inspire la controverse autour de la maximisation des recettes douanières ?

Au cours d’une séance plénière de l’Assemblée nationale de la
session d’avril 2009, le député Jean-Claude Vuemba, élu du territoire
de Kasangulu dans le Bas-Congo, avait présenté une motion d’information
faisant état des irrégularités constatées dans le contrat d’assistance
technique signé entre la RDC, à travers son entreprise publique
l’Ofida, et la firme américaine Customs and Tax Consulting (CTC).
Selon le gouvernement, ce contrat vise en principe la maximisation des
recettes de l’Ofida par des mécanismes jugés « inédits, inquiétants et
scabreux ». En son temps, les députés Mpotoyi du Kasaï Oriental et
Marie-Louise Ekpoli de l’Equateur avaient stigmatisé la controverse que
suscitait le contrat CTC-Ofida, car aucune curiosité saine n’avait
intéressé nos dirigeants pour connaître les détails de la création de
cette entité à la chambre de commerce de l’Etat de Delewaere aux
Etats-Unis. Malheureusement, le gouvernement avait continué à faire la
sourde oreille et à s’engluer dans des incohérences et des explications
à l’emporte-pièce.

2. N’y aurait-il pas une commission d’enquête parlementaire ?

A la suite de la motion de l’honorable Vuemba, la plénière de
l’Assemblée nationale a décidé de constituer une commission
parlementaire d’enquête. Celle-ci devait mettre en lumière les
conditions dans lesquelles ce marché liant l’Ofida à la CTC a été
conclu et les contraintes auxquelles la RDC, à travers l’Ofida, devra
se soumettre pour permettre à la CTC et à ses « experts » de réaliser
leur programme, sans aliénations des droits de notre pays dans ce
secteur à forte teneur stratégique. Ces experts, dont les origines sont
douteuses et incertaines, ont majoritairement des passeports
britanniques, d’acquisition ou de complaisance ! Ce qui est curieux et
surprenant dans ce partenariat scellé dans la légèreté et le
laisser-faire aux conséquences néfastes et insoupçonnables pour
l’avenir de l’Ofida, c’est de constater qu’au moment où l’Assemblée
nationale s’est déjà saisie de ce dossier CTC-Ofida, que sa commission
d’enquête ad hoc est sur le point de se mettre en branle, que certains
apprentis sorciers du gouvernement se ressaisissent et remuent
hâtivement ciel et terre.

3. Où est le problème ?

Ils organisent des messes noires pour tenter de dissimuler leur
initiative précipitée et leur participation coupable dans cette
opération de prédation et de siphonage organisé du Trésor public. Et
ce, au mépris royal du principe sacro-saint de séparation des pouvoirs
entre les institutions qui veut que lorsque le Parlement est saisi d’un
dossier, l’Exécutif n’y touche plus jusqu’au moment où le Parlement
aura formulé ses recommandations ou pris ses résolutions. Cette posture
antinomique montre et démontre à souhait la panique des responsables de
cette institution qui, rappelons-le, est un des leviers le plus actif
dans la collecte des taxes pour la collectivité nationale. Aller à
l’encontre de ce principe, c’est voguer à contre-courant sur un radeau
croulant dans une tempête de contradictions émaillées de délits
d’initiés et de prises illégales d’intérêts, d’enrichissement personnel
et d’abus de pouvoir en bande organisée qui réduisent le pays en une
république bananière, sans foi ni loi. Bref, c’est installer le Congo
dans le sentier de l’abîme, de l’abus et de l’impunité.

Jusqu’à quand l’homme politique congolais, malencontreusement
appelé « homme d’Etat », va-t-il s’engluer dans des opérations
maffieuses de bas étages ? Et pourtant, la grandeur de la fonction
aurait dû le dissuader de procéder à des alliances aussi audacieuses
que compromettantes.

4. Qu’attendez-vous du chef de l’Etat ?

Il est plus que temps, pour le chef de l’Etat d’agir et de sévir
avec conviction et détermination en liant l’acte à la parole et en
ouvrant effectivement le sixième chantier tant attendu par tous les
Congolais, c’est-à-dire l’ouverture des portes de prisons pour
accueillir les « kuluna » à col blanc qui se pavanent dans les rues de
Kinshasa et dans les salons dorés et huppés de la capitale, mais qui
constituent de véritables fléaux des officines qui minent la
République, son développement et son honneur. Le peuple congolais
attend avec impatience la mise sur pied de la commission parlementaire
d’enquête devant statuer sur le délicat et important dossier afin d’en
saisir la quintessence et d’être informé sur les responsabilités et les
culpabilités individuelles et collectives de tous ceux qui ont initié
et/ou pris part à cette véritable conspiration des charognards et
casseurs de la République, au jour le jour, secteur par secteur, région
par région.

5. Le peuple y a-t-il un rôle à jouer ?

Le peuple reste vigilant dans la mise en danger, volontaire et
organisé, de ses droits les plus fondamentaux à aspirer au bien-être et
au développement. Comment expliquer cet acharnement du ministre envers
les agents et cardes de l’Ofida, qui s’opposeraient au « déploiement
des experts de CTC », pour remplir leurs missions de mettre sous coupes
réglées notre institution nationale ? Nous ne pouvons accepter cette
allégeance voulue des représentants syndicaux, appelés en rescousse par
les salariés pour sauver les intérêts bradés du peuple.

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