20/07/09/ Digitalcongo : La reconstruction de la RDC en marche, même dans la purge en cours dans la magistrature, selon le Prof. John Francis Mbala

"mbala"Comment
se porte et se comporte présentement la RDC ? L’habituel chroniqueur
politique de la diaspora congolaise en France, le ci-devant Professeur
John Francis Mbala, profite de son bref séjour de vacances au pays pour
émettre une fois de plus ses pertinentes considérations sur la marche
qu’il reste persuadé sur la bonne voie de la RDC. Voici ce qu’il en dit
dans les confidences contenues dans l’interview ci-après accordée à
Digitalcongo.net peu avant de repartir pour la Ferance.

Bonjour Professeur, vous venez de passer un bref séjour au
pays, notamment à Kinshasa d’où vous repartez d’ailleurs. Il était tout
juste temps de vous raccrocher et de recueillir vos impressions sur les
derniers développements de la situation au pays. Comment
entrevoyez-vous la situation socio-politique voire économique actuelle

Merci tout d’abord pour m'avoir une fois de plus donné l’occasion de
m'exprimer à travers votre site. Comme vous le savez, je suis
enseignant en France mais je n'ai jamais coupé le cordon ombilical avec
notre mère-patrie, la République démocratique du Congo, puisque je
reste Professeur à la Faculté de Droit de l'Université Protestante au
Congo à Kinshasa. C’est à ce titre que j’ai participé à notre avant
dernier Conseil de faculté animé par le doyen. Quant à la lecture de la
situation actuelle au pays, je pense comme je l’analyse d’habitude
qu'il y a lieu d’en dégager trois volets : Politique, social et
économique.

Sur le premier volet, il s’observe une relative accalmie traverser
actuellement la scène politique, et cela est dû probablement aux
vacances parlementaires. Cependant, il ne faut point se le cacher, le
fonctionnement de l'Etat pose problème à plusieurs niveaux et c'est à
juste titre que le Président Joseph Kabila rappelait sa détermination à
éradiquer certains maux qui gangrènent la société congolaise, à savoir
la corruption endémique qui peut plomber le décollage économique
annoncé dans le cadre des cinq chantiers.

L'assainissement du système administratif congolais est en cours ainsi
que l'illustre la révocation des magistrats qui contribue à alimenter
l'insécurité judiciaire.

Un pays dans lequel la justice du plus fort triomphe toujours participe
au maintien des inégalités criantes. Il y avait lieu pour le chef de
l'Etat de mettre en application ce qu'il disait dans son discours
d'investiture le 6 décembre 2006, à savoir : finie la recréation !
Sinon cela risquait de demeurer un vain discours. Le Magistrat suprême
a encore beaucoup à faire et en cela il est aidé par mon collègue
Professeur à l'UPC et ministre de la Justice, le camarade Luzolo Bambi.

L’assainissement exige daller plus loin sans s'arrêter en chemin,
compte tenu de l'invisibilité manifeste de la délinquance des cols
blancs, à savoir ceux qui, bien qu’intellectuels, participent au
détournement de la manne financière sans être réellement inquiétés. Je
pense que l’heure a sonné de placer les hommes qu'il faut à la place
qu'il faut, et dans ce sens la rentrée politique s'annonce houleuse eu
égard aux débats qui s'annoncent à l'Assemblée nationale, notamment la
motion de défiance mise à ce jour en veilleuse et qui visait le Premier
ministre. Celui-ci ne peut plus engager de dépenses de grande envergure
sans en référer au préalable au chef de l'Etat, c'est dire que de
grands chambardements politiques s'annoncent à l'horizon.

Ur le volet économique je constate que les cinq chantiers sont en
marche et deviennent une réalité en dépit de la lenteur ; mais nous
devons nous armer de patience pour un grand pays qui sort des années de
guerres chroniques conjuguées à une longue transition « démocratique »
qui a pris fin le 6 décembre 2006, par l'investiture du Président
Joseph Kabila élu au suffrage universel directe. En dépit de la lenteur
de ces chantiers, l'on ne peut douter de la volonté du chef de l'Etat
de réaliser ses promesses, ainsi que j'ai eu souvent à le dire en
indiquant qu’il ne s'agit pas de cinq chantiers du seul Chef de l'Etat,
mais de tous les Congolais conviés tous à mettre la main à la pâte et
épauler le président de la République, plutôt que de s’attarder sur des
polémiques inutiles, parce qu’il ya va de l'intérêt de tous que le Cinq
chantiers aboutissent à la réussite.

Sur le chapitre du volet social je dirai, eu égard à l'effort de
concision qui s'impose dans ce type d'entretien, que je suis émerveillé
en appréciant comment se scelle et a été affirmée l'unité nationale
lors des festivités relatives au 49ème anniversaire de l'indépendance.
J'ai aussi vu et apprécié combien nous sommes attachés à notre culture
à travers la compassion de tous les Kinois et Congolais aux obsèques de
l'artiste comédien « Sans souci » en dépassant le cadre strictement
politique. Toujours à propos du social j’ai noté que c'est comme un
seul homme que la classe politique congolaise et tous les milieux
catégories socioprofessionnelles confondues ont déploré et pleuré la
brusque disparition du Sénateur et homme d'affaires, self made man,
Jeannot Bemba.

De manière générale, concernant l'aspect social, si les indicateurs
économiques ne sont pas  vraiment au rouge, il y a lieu de relever que
les effets de la crise financière internationale sont perceptibles,
compte tenu du faible niveau de vie du Congolais moyen et de la grogne
sociale qui couve avec risque d'explosion à tout moment si les
gouvernants ne parviennent pas à juguler les politiques économiques des
tares qui hypothèquent l’assaut vers les lendemains meilleurs.

Il est clair que dans ce secteur, il est plus que jamais urgent de tout
mettre en œuvre pour viser et atteindre notamment une meilleure
adéquation entre les salaires versés et le coût de la vie. Pour tenter
d'être bref, je pense que le fléau qu'est la corruption est encouragé
par cette inadéquation.

 

Dans tous ces efforts déployés pour améliorer la situation,
quel peut être l'apport de la diaspora ? Ce n’est pas un hasard si nous
posons cette question, parce que nous savons que vous vous êtes
toujours préoccupé de l’apport attendu de la diaspora congolaise en
ayant même beaucoup milité dans le  projet qui a abouti à la création
du Vice-ministère des Congolais de l'étranger dont l'initiateur reste
le Président de la République.

 

La diaspora  participe déjà et depuis toujours à la dynamisation du
circuit économique. La création du poste de Vice-ministre des Congolais
de l'étranger au sein du Ministère des A2ffaires étrangères est en soi
une reconnaissance de l'apport de la diaspora. Il y a beaucoup à dire
sur la perception des Congolais concernant ce poste, mais une chose ne
peut être dénié, il s'agit d'un organe qui devrait connaître la plus
grande attention à l'instar de ce qui se passe au Maroc sinon au Mali
où tout un ministère, autonome, est consacré aux Maliens de
l'extérieur.

La diaspora qui apparaît quelquefois comme un terme péjoratif, ainsi
qu'en témoigne le qualificatif « diaspourrie »  ou « diasa-diasa »,
n'est pas inutile, car, si certains ont perdu le sens de nos valeurs
africaines ou certains affichent des comportements regrettables, il y a
lieu de relever que cette minorité ne doit pas voiler le fait qu'il y a
des Congolais à l'étranger qui détiennent une expérience, voire une
expertise dans divers domaines et à l'instar des Juifs – même s'il y a
à dire sur la politique d'Israël par rapport à la Palestine – ils
peuvent participer à l'édification d'un Congo nouveau.

Toutefois, c'est en toute modestie que cette diaspora peut et doit
s'intégrer progressivement ici au pays, sinon lors des séjours qu'elle
y effectue, contribuer comme ils peuvent dès lors qu'il n y a pas de
sots métiers, il n'y a que de sottes gens. Pour rassurer les Congolais
de l'étranger, des projets alternatifs existent et leur mise en œuvre
passe par l'intérêt de mieux communiquer et obtenir une large adhésion
de nos compatriotes résidant à l'extérieur du territoire national.
J'aurai voulu donner davantage de détails là-dessus, mais je préfère
peut-être m’y attarder à une occasion ultérieure dans un avenir proche.

 

Au-delà du rôle que peut jouer la diaspora, 2011 est une
année électorale, il semble que vous êtes résolument engagé en
politique et à ce propos tout justement, quelles perspectives
pouvez-vous dégager dans cet intervalle ?

 

Si les élections précédentes ont connu la mise à l'écart de la diaspora
pour les raisons que l'on connaît, l'on ne saurait indéfiniment
repousser la possibilité pour les Congolais de l'étranger de participer
aux scrutins. La question est en débat et forcément elle va se poser
avec d'autant plus d'acuité que la diaspora participe activement au
maintien des équilibres économiques par leur apport à travers les
transferts d'argent qu’ils opèrent, leurs envois des produits
pharmaceutiques, et des véhicules d’occasions pour le transport en
commun au pays, sans oublier divers autres investissements. Comment 
alors continuer à les ignorer ? Il faut sans doute mûrir la question
et, à l'occasion, je sensibiliserai nos parlementaires.

Par ailleurs, comme vous le soulignez, je suis effectivement un
intellectuel engagé de par le fait que je suis membre actif du PPRD
France. Les échéances politiques, notamment les élections
présidentielles et à d'autres niveaux en 2011 vont arriver très vite et
en qualité de Président du PPRD France, je puis vous confier que nous
nous mettons d'ores et déjà en ordre de bataille. Cependant, comme dans
toute organisation humaine, des querelles intestines peuvent exister
puisque certains veulent s'accrocher indéfiniment au pouvoir par des
manœuvres dilatoires et pour ce faire, ils s'enferment dans une sorte
de juridisme ridicule. Fort heureusement, ici à Kinshasa les plus hauts
cadres de notre parti sont sensibilisés à la question et à présent nous
allons travailler.

A mon humble avis, il y a lieu de relever le fait que les états-majors
des partis ne vont s'agiter que fin 2010, compte tenu de
l'impréparation que je constate ici. Une véritable autocritique
s'impose pour éviter les erreurs de 2011. Cela vaut pour le PPRD mais
tout aussi pour d'autres partis, tel le MLC. Que se passerait-il si le
leader de ce parti toujours emprisonné à la CPI à La Haye n'est pas
libéré ? Face à cette impréparation et/ou la politique de l'autruche
que nous constatons, c'est dans la précipitation que le MLC risque de
désigner après une guerre des chefs où la confusion pourra être au
rendez-vous.

Concernant, l'opposition dite institutionnelle, elle a montré sa
vénalité en n’étalant que sa capacité à céder au piège des espèces
sonnantes et trébuchantes. Autrement dit on ne pourrait avoir affaire
qu’avec une opposition factice. Ceci, pour dire, à mon sens, que le
seul leader qui pourrait paraître capable d'inquiéter réellement le
Président Joseph Kabila qui sera fort probablement candidat à sa
réélection ne saurait être que Jean-Pierre Bemba parce que richissime
par ailleurs.

Loin  pour moi l’idée d'avancer que certains membres de l'opposition se
feront corrompre. Il ne faut, certes, pas exclure cette probabilité
mais ce que je veux signifier ici, c'est qu'ils seront, pas tous,
captés par l'effet bandwagon et/ou attirés par le candidat donné
gagnant et je reste persuadé que ce sera le Président Joseph Kabila. A
moins de sombrer dans une sorte d'angélisme, un peu de réalisme
contraint à tenir compte des paramètres relatifs à une faible culture
politique dans notre pays

 

Pour votre mot de la fin, pensez-vous jouer demain un rôle au sein des institutions ?

 

Comme je vous le disais il y a peu de temps, le choix des membres du
gouvernement procède du pouvoir discrétionnaire du Président de la
République. Il va bientôt procéder au remaniement du gouvernement,
voire nommer de nouveaux conseillers au sein de son cabinet. Il lui
revient de se prononcer là-dessus. Quant à moi, je ne suis pas comme on
dit dans le secret des dieux, mais s’il arrivait que je sois pressenti
et confirmé, c’est après un bref délai de réflexion que je donnerai mon
avis là-dessus.

La question n'est pas seulement d'être présent dans les institutions
mais d'apporter un souffle nouveau. C'est peut-être demain, peut-être
dans quelques temps, il faut savoir être patient. La question, à mon
sens, est d'apporter réellement une impulsion nouvelle. Cela suppose
l'investissement de tous, et si chacun peut apporter sa modeste pierre
à l'édifice en construction, nous irons de l'avant comme il est écrit
dans Romains : « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » J'ai
envie de dire, si Dieu est avec le Congo, qui sera contre le Congo ?
J'ai dit ! Toute réaction utile peut lui parvenir par mail: johnfrancismbala@hotmail.com

(DN/Yes)

Confidences recueillies par Daniel Nzuzi/MMC

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