Et si tout congolais était corrompu dès la naissance ? (Konde Nzuka)

La course à
l’enrichissement des nouveaux venus se réalisa dans l’appropriation de l’Etat
et en recourant aux mécanismes de la corruption laissés intactes. Elle prend de
l’ampleur entre 65-85 avec le coup d’Etat militaire de Mobutu, le 24 novembre
1965. Le Mpr-Parti Etat s’impose, devenant ainsi une institution suprême du
pays d’où dépendait la promotion sociale dans d’autres institutions de la nation.

 

Le Mpr-Parti Etat
incarnait la corruption de la nation zaïroise. Toutes les institutions de la
république étaient soumises à la volonté suprême du Mpr. Mais au dessus de ce
dernier trônait la loi c’est-à-dire le guide, le Maréchal et
président-fondateur du Mpr. Une idéologie conçue à son image : la
corruption. A la naissance de tout congolais, ce dernier était tout d’abord
membre absolu du Mpr et ensuite zaïrois. Un enfant qui naît dans un
environnement corrompu est, par conséquent, corrompu. Un enfant qui grandit
dans une famille des voleurs, tôt ou tard il aura le symptôme du vol. L’élite
zaïroise, la classe dirigeante du Mpr, était malheureusement connue par ses
anti-valeurs dans la gestion de la chose publique. Et cette pratique s’est
consolidée devenant une pratique quotidienne où parlait des « Madesu ya
Bana » ressemblait à une obligation de la part du victime. Cette pratique
s’est rependue dans le microcosme zaïrois touchant également les souches
démunies de la population. La recherche des causes de ce dérapage
institutionnalisé de la corruption a sa source dans la vie sociale des
dirigeants du Mpr, des ministres ou commissaires d’Etat, des mandataires
publiques, des députés, des musiciens, des pousse pousseurs, des cambiste, des
chauffeurs de bus et taxi-bus, de la police de roulage, des policiers, des
agents de la RVA
à l’aéroport de Ndjili… tout le monde trempait et trempe encore les mains dans
la marmite.

 

Je citerai ici certaines
causes endémiques de la corruption au Zaïre et au Congo. 1. comment peut-on
concevoir dans un pays où, à peine on est nommé ou élu pour une fonction
publique quelconque, la polygamie officieuse rebondit de surcroît. A l’époque
de Mobutu, tout Ministre, PDG, Parlementaire, Gouverneur, Général, colonel,
directeur d’exploitation, journaliste, préfet des études, professeur
universitaire, commissaires et sous-commissaires régionaux et j’en passe, avait
au moins deux femmes et une suite des enfants bâtards dont le nombre n’était
guère connu par l’acteur principal. Certains d’entre eux ont pondu jusqu’à
cinquante enfants. Oh Congo des bâtards. Avec quel salaire ces Monsieurs
pouvaient-ils se permettre d’avoir une progéniture incontrôlée ? La caisse
de l’Etat était la source pour subvenir aux désirs capricieux de ces
fonctionnaires sans compter, au cas où ils avaient deux femmes officiellement
connues, les trois respectives familles nombreuses. Ils ont tous investi dans
les « bureaux ». La fin de leur fonction coïncide avec leur décente
aux enfers sur le plan économique. 2. Le trafic d’influence dans tous les
secteurs de la vie publique et surtout dans l’armée : oyebi nga nazali
nani ? Oyebi nga nazali muasi ya nani ? Cette pratique est la cause
de la détérioration du tissu social de la société congolaise où la loi du plus
fort prime sur les personnes vulnérables. 3. La médiocrité salariale et la
mendicité des fonctionnaires publiques dépouillent l’administration publique de
toute sa valeur étatique la rendant plus personnifiée selon la volonté des
fonctionnaires. 4. Les agents de l’ordre, policiers de roulage, policiers…
représentent, quant eux, l’épine dorsale de la corruption journalière. Il
suffit de se placer dans un coin de la capitale Kinshasa pour observer le racket
quotidien auquel des milliers de congolais sont victimes. 5. La corruption dans
les établissements scolaires et universitaires congolais : il est fort
regrettable de constater que l’avenir du Congo, c’est-à-dire les cadres de
demain, se négocie moyennant une récompense en nature, pour les étudiantes, ou
en espèce sonnante pour les étudiants. Le niveau estudiantin congolais a baissé
en qualité. C’est tout à fait normal de croiser un universitaire à Kinshasa
incapable de vous rédiger une lettre. Partout les examens se négocient. Les
professeurs universitaires préfèrent occuper un poste dans un cabinet
ministériel plutôt d’aller enseigner pour un salaire précaire. Ces professeurs
de nom, n’ont jamais publié un livre ou une mémoire durant leur fonction. Ils
passent d’un cabinet à l’autre sans se soucier de leur premier métier. La liste
est longue. Mais pour remédier à ce fléau je proposerai quelques solutions
simples.

 

La première est celle
d’élaborer une loi interdisant la polygamie et les « bureaux «  pour
toute personne prétendant occuper une fonction publique. Toute personne doit
avoir, outre sa femme, de un à quatre enfants. N’avoir jamais eu des enfant
hors mariage, n’être impliqué de près ou de loin dans une affaire de
détournement des fonds depuis l’existence du Congo comme Etat. La réduction des
salaires des députés et l’augmentation de ceux des professeurs universitaires
au même niveau des députés pour résoudre le problème de la « prostitution
intellectuelle ». Créer une brigade anti-corruption capable d’intervenir dans
les secteurs avec comme point de chute les rues et institutions congolaises.
Réduire les Ministères en les fusionnant, à quelques exemples près affaires
étrangères – coopération internationale, mines – industries et hydrocarbures,
créer un super ministère de l’économie qui coordonnerait le budget- finances et
économie, Ministère de l’intérieur avec celui de la décentralisation, le portefeuille avec celui de la fonction
publique.., pour une gestion saine de la chose publique dans le but de réduire
au minimum la chaîne de la corruption des cols blancs. En suite vient la
rééducation morale des agents de l’ordre dans l’exercice de leur métier en leur
donnant une rémunération adéquate pour ne pas être tenté de rançonner le
peuple. Interdire aux militaires d’assumer autres fonctions en dehors de
l’armée nationale. Le cas de certains généraux qui sont présidents des club de
football froisse l’image de l’armée congolaise sur plan international. Ces
généraux doivent choisir entre l’armée ou la vie civile. C’est au sein de
l’armée congolaise que l’on trouve les officiers avec des gros ventres. Pitié.
Ils ne pensent qu’à manger.

 

Le sixième chantier est
bien là : la corruption est un cancer ronge le tissu socio-économique du
Congo. Elle tue plus que le Sida.

 

Ecrit par Konde Nzuka

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