Nous sommes tous UN (Nzuka Konde)

Passées les années de frustration, voilà l'ère de la renaissance
démocratique où le mot démocratie réapparaît dans le vocabulaire des
langues africaines et dans le vivre quotidien de l'africain mais
l'espoir naissant a été aussitôt oppressé par les répressions
sanguinaires des tenants du pouvoir. Depuis les indépendances,
l'Afrique, surtout l'Afrique noire, n'a jamais connu  un moment de
prospérité digne d'un continent : coups d'Etat militaire, famine,
sécheresse, épidémie, génocide entre frères, corruption
institutionnalisée, concussion,  en bref tous les maux dont souffrait
le monde se seraient versés sur le continent africain en bouleversant
les équilibres et les acquis issus des indépendances.  Actuellement
l'Afrique s'offre le souffle des élections pour pouvoir contrecarrer
 l'obsession effrénée de conserver le pouvoir pour le pouvoir. Mais
hélas on assiste toujours aux manœuvres démoniaques de vouloir changer
les cartes à la dernière minute pour s'accrocher au fauteuil. Voici
quelques exemples d'une Afrique malade démocratiquement.

 

Le peuple Nigérien mérite une solidarité africaine pour sa lutte
contre  le président Mamdou Tandja à qui il avait mis sa confiance mais
qui en a abusé au moment de plier bagage. Il défie tout un  peuple,
toutes les institutions démocratiquement élues ont été dissoutes une
par une, pour bien sûr,  laisser le président-roi  seul maître au bord
d'un navire qui devrait être conduit par plusieurs marins de diverses
colorations politiques. Jusque-là aucun président africain n'a condamné
ou levé le petit doigt pour fustiger le comportement machiavélique du
président nigérien. A quoi ont-elles servi les élections qui l'ont
propulsé au sommet de l'Etat ? La France, autorité morale coloniale,
n'a-t-elle pas le pouvoir discrétionnaire de rappeler à l'ordre ses
brebis égarés ? Les intérêts économiques sont plus importants que la
démocratie : le contrat de la France sur l'uranium nigérien laisse
entrevoir un feu vert de Paris pour piétiner les acquis démocratiques.
Pour en finir, à quoi serviront les élections, avec Mamdou Tandja
protagoniste absolu de la scène politique nigérienne ? N'est-ce pas
« la démocratie est un luxe pour l'Afrique » ? disait Jacques Chirac.

 

Le Zimbabwe a été le théâtre d'une confrontation à outrance entre
le président  Robert Mugabe et son challenger Tsvangirai. Après
plusieurs tueries et massacres, les deux hommes se sont accordés pour
former un gouvernement d'union nationale. Il aurait fallu la mort des
milliers de personnes pour comprendre que la fraude avait comme
récompense la maintenance au pouvoir du père de l'indépendance du
Zimbabwe. On a revu les méthodes  génocidaires : des familles
décimaient par la haine politique qui s'était muée en haine ethnique à
cause, une fois de plus, des élections. L'épidemie de collera, la perte
du pouvoir d'achat, l'inflation galopante conduisirent le peuple à la
déportation forcée  vers l'Afrique du Sud où ils firent reçu par le
mouvement exonophobe des noirs sud-africains. On a vu les noirs brûler
vif leurs frères africains noirs. C'est paradoxal. Enfin le Kenya avait
toujours prêché par son dynamisme démocratique. Mais juste  après les
élections, le pays a sombré dans l'anarchie : le même scénario, les
mêmes conséquences produisant les mêmes résultats :   les deux
protagonistes ont coalisé pour mettre fin à la tyrannie. En analysant
seulement les trois cas précités, sans m'octroyer la peine de fouiner
ce qui s'est passé au Cameroun où le pouvoir avait modifié la
constitution pour permettre au président Paul Biya de s'éterniser au
pouvoir et attendre ses derniers jours malgré la protestation farouche
des camerounais qui ont péri sous le coup de la chicotte et des
mitrailleuses. Sans plutôt m'aventurier dans d'autres cas où le
président sortant, dont je tais le nom, crie à la victoire avant la
compétition et qui caresse l'idée de retoucher la constitution pour se
représenter en 2023. Alors Je me suis toujours demandé pourquoi  ces
monarques modifient-ils les constitutions au moment où les résultats de
leur pérennisation au pouvoir, en comparaison de l'époque coloniale, ne
reflètent pour rien leurs durées aux affaires ? Pourquoi doivent-elles
(élections) toujours conduire aux violences ? Que ça soit avant ou
après les échéances électorales, ces dernières n'ont jamais été
acceptées par les protagonistes en jeu. L'alternance politique
sera-elle la bienvenue comme cela se déroule dans certains pays de
l'Afrique de l'ouest où les leaders s'octroient le privilège de sortir
par la grande porte. Ces élections démocratiques soient-elles,
ont-elles changé, dans le sens positif, le vivre quotidien des
africains ?  Et si les colons occidentaux n'avaient pas concédé les
indépendances aux africains, l'Afrique serait-elle devenue plus
démocratique qu'aujourd'hui ? Une chose est certaine. L'Afrique avec
ses leaders a régressé du point de vue social, économique, sanitaire et
politique.

 

 

Ecrit par Konde Nzuka 

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