République démocratique du Congo. La dérive autoritaire du régime (JP Mbelu)
« Basé
à la fois sur des faits et des témoignages précis et circonstanciés des
victimes », ce rapport se penche sur « les derniers cas de répression
contre les défenseurs des droits de lhomme ». Attention ! Si ce
rapport traite des derniers cas, cela ne signifie pas que la répression
date dhier. « La répression a débuté dès les premiers mois du mandat
de Joseph Kabila. Si son principal rival, Jean-Pierre Bemba et ses
partisans étaient les premiers visés au départ, la répression vise aujourdhui quiconque prend position contre les positions présidentielles et celles de sa famille politique».
(p.3) Elle sert comme arme pour faire taire toute voix dissidente ou
discordante. Les journalistes, lopposition politique, les responsables
des ONG de défense des droits de lhomme et toute la société civile
sont constamment dans le collimateur du régime autoritaire kabiliste.
Tous les services de sécurité sont mis à profit et nobéissent quaux
diktats du « raïs ». Ils constituent une police politique capable de
menacer au téléphone et de promettre la mort aux récidivistes,
darrêter qui elle veut, où elle veut et arbitrairement.
Dans quels cachots vont nos compatriotes arrêtés arbitrairement ?
Entre autres à Kin Mazière.
Là, il y a trois cellules : « Memling »- qui est le nom dun hôtel de
luxe à Kinshasa-« Afrique » et « Zaïre ». Dans le cachot « Memling »,
les conditions étaient plus ou moins acceptables : il y
avait quelques mousses pour dormir, des toilettes, une baignoire et de
léclairage. Dans la cachot « Afrique », il ny avait ni toilettes, ni
lumière, les détenus dormaient sur les tables en plastique. Le cachot
« Zaïre » était le pire : il ny avait ni toilettes, ni lumière. Les
détenus faisaient leurs besoins dans des bouteilles ou des gobelets en
plastique. Ils dormaient à même le sol. Il ny avait pas de nourriture.
Les familles pouvaient apporter à manger, mais pour cela elles devaient
payer ». Ces conditions inhumaines sont créées expressément pour intimider et punir les détenus présumés innocents !
Nos compatriotes sont aussi détenus au cachot du Parquet de Kinshasa Gombe et le CPRK caractérisés par une surpopulation carcéral et des conditions de vie infrahumaines.
Les raisons souvent avancées pour justifier cette banalisation de lanimalisation de nos compatriotes sont
fallacieuses. La constitution est souvent évoquée théoriquement et son
application laisse trop à désirer : elle est simplement foulée au pied.
Il ny a quune seule volonté qui compte, celle de Joseph Kabila aidé
par Darwezi, le colonel Mukalay et les autres escadrons de la mort. En
effet, « si les autorités congolaises se défendent de cette situation
en invoquant à la fois un contexte conjugué de post conflits
persistants à lEst du pays qui rend ardue toute tentative de réforme,
nos organisations, affirme Benoît Van der Meershen, concluent que ce
discours masque surtout une absence de volonté politique dagir concrètement
en faveur des droits de lhomme. Pourtant, poursuit-il, la RDC a signé
et ratifié quasiment tous les instruments internationaux en matière de
protection des droits de lhomme. Les Congolais ont des droits, exigibles ici et maintenant,
et nont pas à subir les conséquences de choix politiques qui visent à
en reporter continuellement leur bénéfice plein et entier ».
Un
rapport en plus ? Et alors quoi ? Il nest pas exclu que les victimes
de cette répression barbare se fassent accompagner par la FIDH aux fins
de traduire leur bourreaux et ses acolytes devant la Cour Pénale
Internationale dont le Congo a signé les statuts. Un Charles Taylor
Congolais est vite pris dans les filets de la CPI.
De
toutes les façons, il ny aura plus un deuxième Mobutu en RD Congo.
(Nous reviendrons sur ce rapport dans deux ou trois articles. Il peut
être téléchargé sur Congoone.net ou sur le site Internet de la FIDH).
J.-P. Mbelu