05.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Me Jean-Marie Eley Lofele
1.
La rupture du contrat entre le gouvernement et Progosa pourrait
entraîner la condamnation de lEtat congolais. Quen pensez-vous ?
Le refus de lever la grève à lOnatra équivaut à un manque de
réalisme qui risque de nous conduire vers un suicide collectif. Il est
inadmissible quun syndicaliste ne puisse pas comprendre que lEtat
soit propriétaire de lOnatra, entreprise en mutation qui va devenir
une entreprise commerciale. Aussi, lEtat congolais a pris les
engagements vis-à-vis de la Banque mondiale et du Fonds monétaire
international pour réformer le portefeuille de lEtat. La grève va
entraîner lincapacité des travailleurs à nourrir les familles et
préparer la rentrée scolaire. Plus la grève dure, à la reprise du
travail, lOnatra qui a enregistré un manque à gagner en terme de
millions de dollars ne pourra pas payer les salaires.
2. Les syndicalistes exigent le départ du Comité de
gestion et la rupture du contrat avec Progosa. Quelle est la
conséquence juridique?
Le contrat entre le gouvernement congolais au nom de lOnatra et
lentreprise espagnole est le fruit dun appel doffres international,
parrainé par la Banque mondiale et piloté par le Comité de réforme des
entreprises publiques (Copirep). Après sélection des soumissionnaires,
lentreprise Progosa a gagné le marché dassistance technique.
Lexécution du contrat na même pas fait une année, les syndicalistes
reprochent à Progosa de navoir pas apporté des capitaux, acheter des
grues, des trains, des bateaux, ce qui nest pas lobjet du contrat.
Toute dénonciation unilatérale du contrat par le gouvernement congolais
sans fondement juridique va obliger lentreprise Progosa de saisir la
chambre des conflits des investissements du CIRDI à Paris, ce qui aura
pour conséquence la condamnation de lEtat congolais à des millions de
dollars. La décision du gouvernement Muzito de proposer le remplacement
de Claude Pecune au lieu de dénoncer le contrat obéit à une logique
juridique. Nous navons pas dalternative.
3. Nous apprenons que les syndicalistes ont déjà leur Comité de gestion. Croyez-vous que le gouvernement va céder?
Le temps où on décidait à la direction de lOnatra après la grève
est révolu. Aujourdhui, nous avons une société commerciale en
gestation. Le Copirep va lancer un appel doffres international devant
engager des cabinets comptables et juridiques pour évaluer les actifs.
La loi congolaise oblige le candidat mandataire à subir les épreuves
orales et écrites devant le Copirep. Le processus de réforme des
entreprises publiques est irrévocable, les partenaires économiques
inscrivent cela dans les conditions pour la signature dun accord avec
les institutions de Bretton Woods.
4. Quid de la levée de la mesure de suspension du contrat Onatra-New Fort Services?
Lentreprise New Fort Services, manutentionnaire et gestionnaire des
dockers, propriété dun Congolais, fils Ne Kongo, a gagné le marché de
sous-traitance de gestion des manutentionnaires temporaires après
plusieurs années, qui réclament le recrutement à lOnatra. A la suite
de la grève des syndicalistes, le Premier ministre a accédé, à leur
demande, de suspendre du contrat, pour une évaluation. En date du 4
juin 2009, New Fort Services, par le biais de son conseil
dadministration a écrit au président du conseil dadministration de
lOnatra pour réclamer sa réhabilitation et le paiement de ses droits.
Dans le courrier, il a rappelé que le contrat a été signé par
lAdministrateur directeur général, M. Claude Pecune Pouson et Monsieur
ladministrateur Directeur financier, Philippe Elongama la Mpango qui,
agissant sur injonction du Premier ministre, Adolphe Muzito par sa
lettre RDC/CC/PM/092/2009 du 15 avril 2009, en concerne « Mémorandum de
lIntersyndicale sur la situation préoccupante à lOnatra » a exigé
lévaluation. Il rappelle que les deux membres du Comité de gestion
Pecune Ponson et Philippe Elongama, avaient notifié à New Fort Services
la lettre n°180/cg- Onatra/2008, par laquelle, lOnatra linformant que
New Fort Services avait soumissionné à lappel doffres du mois
doctobre 2007 sur la gestion et lorganisation du service de placement
des personnels Dockers dans les ports maritimes de lOnatra et a été
retenue comme la « mieux disante » par la Commission spéciale de
lOnatra.
5. Peut-on connaître des détails sur ce dossier ?
En réponse, New Fort Services par sa lettre n° 2008/NFS/DG/MTS/293
du 18 novembre 2008 acceptait la gestion et lorganisation du service
de placement des personnels Dockers dans les ports maritimes de
lOnatra. Le contrat n° 86F017 a été signé. Lorsque le débiteur
naccepte pas son obligation, le créancier doit tout dabord le mettre
en demeure (article 37), 2ième alinéa, article 38 et 44 du Code civil
livre 3. Par conséquent, New Fort Services pour rupture unilatérale du
contrat à durée indéterminée pour fin du prince, soit 350.000 dollars
Us+ 12 mois+ 3 ans = 12.600.000 dollars Us.
Aussi, le remboursement de son investissement pour
linexécution du contrat qui sélève à 200.000 dollars Us ainsi que le
paiement de 150.000 dollars représentant le prix de son véhicule de
transport incendié au port de lOnatra par les agents agissant sous
linstigation de lIntersyndicale de lOnatra. Cest loccasion de
rappeler larticle 73 du contrat qui concerne « règlement de litige »
qui énonce : « Tout litige, controverse ou réclamation né du présent
contrat ou se rapportant à lui, à sa résolution na sa nullité qui
naura pas été résolu préalablement à lamiable, relèvera de la
compétence des Cours et tribunaux de la ville de Kinshasa». Jusquà
présent, New Fort Service attend la position de lOnatra.
PROPOS RECUEILLIS PAR B-M.B.
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