06.08.09 Le Potentiel:Cinq questions à Faustin Toengano

 

1. A l’approche du remaniement attendu au mois de
septembre, les agitations au sein des états-major politiques
perceptibles. Qu’en pensez-vous ?

Je crois que ce n’est pas une situation extraordinaire. Il faut
comprendre que tout système politique doit toujours s’agiter, voire se
réajuster parce qu’il est à la recherche de l’équilibre, de
l’efficacité et de l’efficience par rapport aux objectifs que le chef
de l’Etat s’est fixé pendant ce quinquennat. Il doit chaque fois,
évaluer l’action de son gouvernement. Et chaque fois qu’il aura
constaté qu’il y a des imperfections, des maladresses, il doit
réajuster les tirs. Car in fine, c’est lui qui répondra devant le
peuple congolais en 2011. C’est tout à fait normal que le président de
la République soit préoccupé par l’action du gouvernement ainsi que de
son efficacité. S’il estime qu’il y a nécessité de rectifier les tirs
aujourd’hui en vue de changer l’équipe gouvernementale, c’est tout à
fait normal parce qu’il faut reconnaître avec lui que sur le terrain,
l’opinion n’est pas très favorable sur la manière dont les choses se
passent en rapport avec les promesses que le chef de l’Etat a faites à
la population.

2. Le remaniement en vue risque de se produire sur fond d’une coalition menacée. Qu’adviendra-t-il ?

Comme vous le savez, les alliances se font et se défont en
politique. Quand on sait que la politique elle-même est une réalité qui
se veut toujours dynamique. Elle n’est pas statique, moins encore
figée. Si, pour des raisons qui étaient valables en ce moment là, il y
a eu ces alliances qui gouvernent aujourd’hui, mais depuis deux ans et
demi il y a évolution. Il y a eu beaucoup de réalités ainsi que des
donnes qui ont changé. Il est tout à fait normal qu’on puisse faire le
point de la situation. Mais, si cela s’avère nécessaire et impérieux
pour l’intérêt supérieur de la nation, pour l’efficacité de l’action
gouvernementale, on ne peut pas considérer cela comme un crime
politique. La démarche est à encourager.

3. Croyez-vous que le gouvernement qui se profile à l’horizon pourra apporter quelque chose de neuf au pays ?

Je crois savoir qu’il faut toujours demeurer optimiste. Je n’ai pas
l’habitude de développer le pessimisme dans la perception de l’avenir.
Tout dépend des objectifs qu’on se fixe, de la volonté qu’on doit
afficher. Si le remaniement est dicté par le souci de l’efficacité, de
bien-être de la population ; je crois qu’il y a des raisons d’espérer à
un changement qualitatif souhaité. Si le remaniement doit s’opérer dans
le seul but de retirer tel qui a faim en le remplaçant par tel autre
parce qui a déjà beaucoup mangé, là on ne peut rien espérer de bon. Ce
qui doit dicter ce remaniement demeure le souci de l’efficacité de
l’action gouvernementale, d’accélérer la réalisation des cinq chantiers
que le chef de l’Etat a annoncé au peuple congolais comme programme
d’action du gouvernement. C’est vrai que les cinq chantiers sont en
marche, mais ce qui est vrai est qu’on observe une certaine lenteur
dans l’exécution des chantiers par rapport aux échéances prévues.

4. D’aucuns pensent que le mythe PALU est tombé. L’AMP
doit-elle continuer à compter sur cette formation politique dans la
nomination du Premier ministre ?

Personnellement, je n’ai pas été convaincu par la force que
représentait le PALU sur le plan de l’efficacité de la gestion. C’est
vrai que PALU est considéré dans notre pays comme l’un des grands
partis politiques de l’opposition sous la dictature de Mobutu. C’est
certain que PALU et L’UDPS sont des partis phares de l’époque, mais
aujourd’hui l’alliance qui a été faite avec PALU était d’ordre purement
électoraliste. Ce n’était pas une alliance qui avait pour fondement, le
souci d’efficience ni d’efficacité. Mais le parcours fait aujourd’hui
depuis la conclusion de cette alliance depuis que le PALU dirige le
gouvernement, je crois qu’il n’est un secret pour personne que nous
pouvons tirer des leçons pour constater qu’il y a un certain déficit
sur le plan managérial, sur le plan des stratégies du gouvernement.
Dans tout ce qui s’observe aujourd’hui, il faut constater un certain
déficit. Il appartient au chef de l’Etat d’en tirer toutes les
conséquences. On aura toujours besoin du PALU, mais à un autre niveau
de l’action du gouvernement pas forcément à la tête de l’Exécutif.

5. Les activistes des droits de l’homme déplorent la
recrudescence de l’insécurité dans l’Est du pays. A quoi auraient servi
les opérations Kimia I et II ?

Je crois que le constat est vrai. Nous sommes tous convaincus que
l’insécurité persiste dans l’Est du pays et cela est à déplorer. Mais,
ce qui est vrai est que la situation n’est pas inexplicable. D’abord,
le fait que le pays a un problème au niveau de la formation d’une armée
qu’il faut pour sécuriser les frontières nationales et le peuple
congolais. Cette absence d’une armée restructurée, formée et intégrée
est à la base de tout ce que nous sommes en train de constater.
Deuxièmement, avec tout ce qui a été fait dans le cadre de la formule
1+4 pendant la transition, toutes ces forces politico-militaires qui
ont été rassemblées en vue de former une armée nationale. Donc, ce
n’est pas du jour au lendemain qu’on pouvait observer une certaine
cohérence dans l’action. Il y a aussi le fait que la RDC reste et
restera toujours au centre des préoccupations des superpuissances Avec
tout ce que le pays regorge comme richesses à exploiter. Evidemment,
cela donne toujours l’envie aux autres à venir nous piller. Nous devons
comprendre que l’effort qui est en train d’être fourni est appréciable.
Les opérations conjointes ont toute leur raison d’être, mais il va
falloir qu’elles soient bien planifiées, exécutées sur terrain pour
éviter des effets collatéraux.

PROPOS RECUEILLIS PAR M.M.

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