08.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Martin Lofete (*), par Louis-Paul Eyenga Sana

1. La réforme des entreprises publiques passionne les débats. Qu’en dites-vous ?

Les syndicats avaient en son temps décrié cette réforme opérée par
l’Etat à travers le Copirep du fait que le travail préliminaire de
collecte d’informations, avec tous les partenaires sociaux, n’a pas été
fait en dépit de l’ordonnance-loi portant création de Copirep. C’est
ainsi qu’au moment de l’application par le gouvernement à travers les 4
décrets du 1er ministre, il y a eu des réclamations des syndicats, des
travailleurs et de l’élite intellectuelle, dont les journalistes.

Ce qui justifie l’implication tardive de l’Intersyndicale
nationale du Congo dans le processus en cours. Il s’avère que ceux qui
ont décrié l’approche du Copirep, ont eu raison du fait que le
diagnostic général à travers l’audit du patrimoine de ces entreprises,
n’a pas été correctement réalisé, alors que Copirep a reçu plus de
100.000 dollars Us pour ce travail pendant une période de 5 ans.

2. Certaines entreprises, dont l’Onatra et l’Ofida sont
totalement impliquées dans le processus. Quel en est le résultat, selon
vous ?

On a noté la tendance du pouvoir public à biaiser le jeu par rapport
aux entreprises à réformer ou des entreprises transformées en sociétés
commerciales. Ce qui explique des mouvements de grève un peu partout.
C’est le cas à l’Onatra, et à l’Ofida. Le dernier cas est inquiétant
d’autant que le contrat passé entre l’Ofida et Customs and Tax
Consultancy (CTC) donne l’impression d’un « copinage » lorsque la CTC a
reçu à titre de frais d’installation, 7,5 millions de dollars Us
pendant qu’elle occupe les bureaux de l’Ofida et utilise une bonne
partie de son personnel. En conclusion, en ma qualité de syndicaliste,
sans pour autant remettre en cause cette réforme, j’attire l’attention
du pouvoir public et du peuple sur le fait que les entreprises
publiques à réformer ou réformées constituent un patrimoine national
commun que personne n’a pas le doit d’aliéner.

3. Il n’y a pas que la question de la réforme qui achoppe, le «
coup de balai » opéré dans le secteur de la magistrature et la Fonction
publique n’interpelle-t-il pas le syndicaliste que vous êtes ?

Il
y a lieu de rappeler que les anti-valeurs, telles que la corruption, la
concussion et le détournement ont été décriées par tout le monde
particulièrement la CNECO. Pour ma part, la décision du gouvernement
d’opérer cet assainissement dans tous les secteurs publics est une
conséquence de toutes les observations émises par les citoyens
congolais et par certains étrangers. Par rapport à ce qui s’est passé à
la magistrature, il y a lieu de relever le caractère frauduleux dans la
sélection des dossiers de bon nombre de magistrats aujourd’hui
révoqués.

4. Voulez-vous étayer ce caractère frauduleux par quelques exemples ?

A titre d’illustration, la révocation des magistrats de la Cour
d’appel de Mbuji-Mayi constitue un fait flagrant d’une espèce de
«clientélisme politique» pour la bonne et simple raison que les
infortunés payent le fait d’avoir récuser un conseiller de la Cour
suprême de justice qui se trouve être le père géniteur de l’avocat de
Beltexco à Mbuji-Mayi qui les a pris à partie, pendant que la procédure
disciplinaire n’avait pas encore abouti.
De manière générale, les sanctions prisent par le chef de l’Etat pour,
soit retraiter certains magistrats et hauts fonctionnaires de l’Etat,
soit écarter ceux qui étaient compromis, revêtent un caractère de haute
portée. Cependant, si le départ à la retraite ne pose aucun problème,
notamment, le paiement correct des droits dus aux retraités, la
révocation des hauts fonctionnaires de l’Etat avaient dû intervenir
après l’épuisement total de procédure en matière disciplinaire.
Autrement la clameur publique observée aujourd’hui dans le sens de la
mise en cause des ordonnances y relatives dénotent le caractère
irrégulier si pas frauduleux à la base des dites révocations. Voilà
pourquoi, nous exhortons le Premier magistrat du pays de reporter sa
décision en exigeant aux corps concerné (magistrats et hauts
fonctionnaires) de réexaminer cas par cas tous les dossiers pour que
les véritables fautes soient réprimées. Et c’est cela la vraie justice
tant réclamée par tous !

5. A vous entendre parler, on a l’impression que le dialogue social est en panne ?

A vrai dire, le dialogue social entre syndicats et les autres
partenaires, c’est-à-dire le gouvernement, la FEC, le COPEMECO … existe
sur base des textes mais, il éprouve de sérieuses difficultés du point
de vue de fonctionnement. Ce qui explique la grogne sociale observée
ces jours à travers le pays. Les mouvements de grèves sont signalés à
l’Onatra, Sonas et la Sncc et bientôt dans le secteur de l’éducation.
Nous pensons que le gouvernement et les autres partenaires, dont la FEC
devraient fournir beaucoup d’efforts pour, non seulement, élever le
niveau du dialogue social et faciliter celui-ci en étant réceptif aux
sollicitations des syndicats des travailleurs. Car il est établi que
c’est par le dialogue qu’on résout même les problèmes les plus
difficiles. Ce qui explique dans d’autres cieux la souplesse des
autorités au sommet de l’Etat vis-à-vis des questions sociales
d’intérêt national. C’est le cas du président Sarkozy qui reçoit
régulièrement l’Intersyndicale française pour examiner les questions
liées à la sécurité sociale, les salaires, la réforme sociale, etc.

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