11.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Armand Kanumubadi Badibanga, par Stephane Etinga

1. Comment analysez-vous la vie politique de notre pays depuis les élections de 2006 ?

Il est difficile d’analyser la vie politique de la RDC en mettant de
côté d’autres aspects importants qui s’y rattachent. Je vois par là la
politique économique, sociale, culturelle ainsi de suite. Après la
tension qui a marqué l’après-élection entre le camp du chef de l’Etat
sorti vainqueur et le camp Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux, je
peux dire que la situation est globalement positive. Bien sûr que les
partis politiques connaissent dans leur majorité une sorte de léthargie
tandis que d’autres sont en train de s’organiser en prévision des
élections locales et surtout des échéances électorales de 2011. Vous
n’ignorez pas que l’Est du pays a tenu en haleine l’opinion nationale
et internationale avec la guerre animée par le CNDP de Laurent Nkunda,
d’une part et par les FDLR, d’autre part. Et cela ne peut, en âme et
conscience, favoriser l’action de l’Etat et les activités d’autres
secteurs dans la mesure où la solidarité avait été générale sur
l’ensemble du pays au profit de la paix. Ne dit-on pas que lorsqu’une
partie du corps est malade le corps entier en souffre ?

2. Quelles devraient être pour vous les priorités de l’Etat maintenant que la guerre de l’Est en voie de se terminer ?

Je vous ai dit tantôt que d’autres secteurs de la vie n’ont pas
fonctionné comme il se doit à cause de l’instabilité de la situation
politique due à la guerre de l’Est. C’est une bonne chose de voir la
guerre prendre fin, et d’aspirer à une paix durable dans notre pays. Je
crois pour ma part que la situation socio-économique de la RDC devait
figurer en bonne place dans le programme prioritaire du gouvernement.
Vous voyez vous-même l’effritement de notre monnaie et les conséquences
de la crise financière internationale sur notre économie. Mais, il faut
encourager les autorités à aller jusqu’au bout dans leur lutte contre
la mauvaise gouvernance, le gaspillage de deniers publics, le
détournement, l’impunité; bref la lutte contre les anti-valeurs doit se
poursuivre. Par ailleurs, et j’insiste sur l’amélioration du vécu
quotidien du Congolais. L’Etat a une grande responsabilité dans ce
secteur vital, dans la mesure où il est le plus grand employeur du
pays. Mais si le gouvernement ne donne pas l’exemple en payant les
cadres et agents de l’Administration, les policiers et militaires, les
enseignants et autres services émergeant au budget de l’Etat. Que
feront les privés ? Il faut tout faire pour éviter la clochardisation
du Congolais et pour cela, le budget de l’Etat doit être à la hauteur
des besoins et être appliqué honnêtement, car c’est cela le partage
équitable du revenu national.

3. Que pensez-vous du programme des cinq chantiers de la République ?

Tout en soutenant le programme de cinq chantiers de la République,
j’observe cependant que son exécution sur terrain pose quelques
problèmes, car réalisé d’une manière différente d’une province à
l’autre. Il en est de même des projets qui ont été retenus dans ce
programme. Or, l’idée lancée par le chef de l’Etat, l’initiateur de ce
programme de cinq chantiers, devrait trouver son application à travers
le territoire national suivant les priorités arrêtées par les autorités
provinciales à travers leurs gouvernements et leurs assemblées. Je cite
ici le cas de la province du Kasaï Occidental dont le chef-lieu est
Kananga. Puisque j’en suis originaire, acceptez que je vous dise que la
réalisation de cinq chantiers n’est pas aussi perceptible comme à
Kinshasa et ailleurs où l’on voit beaucoup de réalisations concrètes
sur le terrain. Le matériel et les équipements sont arrivés il y a
quelque temps. La population garde toujours espoir et confiance. Dans
notre provinces les priorités sont bien connues et le chef de l’Etat
les connaît parfaitement bien. Il s’agit entre autres de la
construction du barrage hydroélectrique de Katende, et aussi du
soutirage du courant sur la ligne très haute tension. Ces deux projets
donnent de l’énergie électrique nécessaire pour la relance des
activités économiques avec la création des emplois les fils et les
filles de deux provinces, à savoir le Kasaï Occidental et le Kasaï
Oriental et pourquoi pas ceux d’autres provinces du pays. Ceci
ouvrirait la voie au développement du Grand Kasaï longtemps demeuré
dans l’obscurité. En résolvant ainsi le problème de l’énergie
électrique, on aura aussi résolu celui de l’eau potable, denrée rare à
Kananga et dans d’autres agglomérations. Il aurait été souhaitable que
les problèmes des routes d’intérêt général et de desserte agricole
soient inscrits dans le programme des axes Ilebo-Kananga ;
Kananga-Mbuji-Mayi ; Mwene-Ditu-Kananga ; Kananga-Luiza ;
Kananga-Tshikapa.

4. Quelle est votre position politique maintenant que nous nous approchons des échéances électorales de 2011 ?

J’étais candidat indépendant à l’élection sénatoriale à Kananga.
Jusqu’à présent, je reste indépendant malgré les sollicitations de part
et d’autre. Vous n’ignorez pas que par le passé j’ai déjà assumé des
charges importantes au gouvernement et à la députation. Je ne suis pas
un observateur inactif parce que je soutiens tous ceux qui luttent pour
la bonne gouvernance et le développement intégral de la RDC.

5. Quelle est votre contribution au développement de la RDC ?

Je suis membre de la Société civile du Congo et j’exerce une
profession libérale. Je préside une Asbl dénommée «Action sociale et de
développement communautaire, Asodeco, dont le siège se trouve à
Kinshasa avec des antennes à l’intérieur du pays. L’Asodeco qui a une
personnalité juridique a pour objet entre autres, la promotion des
activités à caractère social, agricole, culturel, la formation
professionnelle pour les jeunes et l’encadrement des paysans. Nous
posons des actes concrets d’entraide et de solidarité en faveur des
hommes, des femmes et des jeunes.

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