12.08.09 Okapi.net/Lp: Hillary Clinton à Radio Okapi : « Il est important de construire un marché libre, de lutter contre la corruption, de demander plus de transparence »

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Interview.

Radiookapi.net: Comment, d’après vous, le problème des
violences sexuelles peut être résolu ici dans la perspective de la
situation militaire en cours qui fait croire à certaines ONG que la
situation est en train d’empirer?

Hillary Clinton : Il ne fait aucun doute que le conflit en cours
empire le problème. Malheureusement, nous assistons vers la fin du
20ème siècle à une tendance horrible d’utiliser les violences sexuelles
comme une arme de guerre pour intimider et démoraliser les populations
et les forcer à fuir leurs maisons. Je pense que ceci exige des efforts
concertés de la part du gouvernement congolais et des autres
gouvernements de la région qui s’intéressent à la situation en RDC. Les
ONG et la Société civile devront également être associées à ces efforts
visant à empêcher les militaires congolais de se livrer aux violences
sexuelles. Ensuite, il faudra décourager toute impunité, quelle que
soit la forme. Il faudra également couper toute source de financement
des milices et résoudre les tensions politiques sous-jacentes à l’Est.
A l’instar de plusieurs autres pays, il faudra avoir un arsenal
juridique vigoureux contre les violences domestiques, notamment les
viols criminels qui se pratiquent à travers les rues de Kinshasa ou
dans des villes. Il faudra enfin des poursuites judiciaires sévères en
application des lois, car ces actes sont inadmissibles et il n’y a pas
d’excuses pour quiconque qui s’y livre ; c’est ce que j’attends voir
appliquer.

Qu’est-ce que le gouvernement des Etats-unis peut faire concrètement pour aider à résoudre ce problème?

Eh bien, nous essayons de faire plusieurs choses à la fois. Nous
travaillons bien évidemment avec les Nations unies, et nous sommes les
plus grands contributeurs de la Force de maintien de la paix à l’Est de
la RDC ; d’autre part, il y avait un rapport selon lequel les problèmes
qui ont prévalu antérieurement en termes de violences sexuelles parmi
les troupes des NU ont été élagués. Nous sommes en train de travailler
avec le gouvernement du président Kabila et les militaires congolais
pour les aider à s’imprégner des notions des droits de l’homme et du
respect des droits de la femme, et naturellement nous sommes en train
de fournir des services de soins de santé à ces femmes, victimes de
violences sexuelles.

Et en termes de performance du gouvernement congolais sur les droits de l’homme. Comment évalueriez-vous cela ?

Elle a désespérément besoin d’être améliorée. Le gouvernement
congolais, bien sûr, est sorti de plusieurs années de guerre et cela
est un facteur très déstabilisant pour les sociétés ; et très souvent
les droits de l’homme sont considérés comme un luxe en temps de guerre,
mais il n’y a plus d’excuses et on doit attendre davantage du
gouvernement congolais, des Etats-Unis, des autres pays ainsi que des
Nations unies. Il faut se tenir prêts à aider le gouvernement à engager
des actions pour à la fois promouvoir les droits de l’homme et punir
les violateurs des droits de l’homme et des droits des femmes. Mais il
doit y avoir davantage d’actions et un engagement beaucoup plus grand
de la part du gouvernement congolais.

Lorsque les gens regardent ce pays, ils voient le
développement chinois, ils voient les routes en train de se construire
ainsi que des hôpitaux en construction. En termes pratiques et
concrets, qu’est-ce que les Etats-Unis peuvent faire ici qui puisse
être reconnu par les gens comme étant leur contribution ?

Eh bien, c’est intéressant parce que je suis au courant de
l’engagement pris par la Chine et je pense que la construction de
routes est un objectif de développement très important pour ce pays.
Mais la bonne gouvernance l’est aussi, tout comme la protection des
droits de l’homme, ou l’édification d’un système judiciaire
indépendant, une presse libre, des institutions démocratiques qui
tiennent longtemps. Il est important de construire un marché libre, de
lutter contre la corruption, de demander plus de transparence ; et les
Etats-unis travaillent pour atteindre ces objectifs-là. Je suis
consciente que parfois les gens voient la route plus qu’ils ne peuvent
voir la protection des droits de l’homme, mais vous pouvez être un pays
doté de routes, qui prive toujours sa population des droits de l’homme,
qui n’a toujours pas de développement économique, de sorte qu’il n’y a
ni biens ni services qui circulent sur ces routes et qui aident
effectivement les populations. Ainsi, je pense que cela doit être un
effort global. Je crois qu’avec notre aide en matière de santé et
d’éducation, les Etats-Unis sont en train de jouer un rôle très
important, et nous devons déterminer ce que nous pouvons faire d’autre.

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