15.08.09 Le Potentiel: Cinq questions au Dr Beya Mubiayi Bernard, par Fl. NL-NS

1. Quelle était la situation de la rage canine avant 1960 ?

Avant 1960, c’est-à-dire pendant la période coloniale, le virus de
la rage canine était toujours présent dans la région d’Afrique
centrale. Ce qui a fait que cette zone ait été considérée comme celle
endémique à cette maladie. Le réservoir du virus, qui est
principalement constitué d’animaux sauvages, en l’occurrence le renard,
ainsi que tant d’autres (on parle aussi de la chauve-souris), a
toujours constitué de sources de provenance de cette virose. Cependant,
grâce à la visibilité du pouvoir d’Etat et l’efficacité de la
gouvernance qui caractérisait cette époque, un cadre légal était bien
élaboré pour mener avec aisance et succès la lutte contre la rage
canine. Les cas de morsures par les chiens enragés existaient mais la
prise en charge était prompte et appropriée. Cela, tant au niveau de la
santé publique, en ce qui concerne les personnes humaines mordues et
suspectes de contamination, qu’à celui de la santé animale par les
services vétérinaires suffisamment équipés et opérationnels.

2. Que dire de la situation actuelle ?

Aujourd’hui, cet environnement médical et zoo-sanitaire s’est
effondré et s’est surtout aggravé par la non visibilité du pouvoir
d’Etat. Les services d’hygiène publics et vétérinaires n’existent que
de nom, leurs locaux ne servent aujourd’hui qu’à héberger les rats et
les chauves-souris. Quoi d’étonnant de voir un retour en force de cette
pathologie grave qui menace la santé humaine et animale dans notre
pays. Déjà en 1995, alors inspecteur provincial de l’Agriculture dans
la province du Kasaï Occidental, j’avais fait signer au gouverneur de
province les arrêtés portant déclaration de la rage dans la ville de
Kananga. Aujourd’hui malheureusement, par manque de volonté et de
lucidité politiques, la rage canine est dans toutes les provinces. Même
plus ressentie à Kinshasa, à côté du laboratoire vétérinaire qui en
fabrique les vaccins. La rage est une maladie virale qui se prévient
grâce à l’immunisation par voie de vaccin ou de sérums immédiatement
après la morsure. Une fois que le virus de la rage canine atteint le
système nerveux central, la rage devient incurable, personne ne peut en
guérir et la mort survient endéans trois semaines. Le signe le plus
important, c’est le refus de boire de l’eau qui fait ainsi appelé la
rage canine aussi autrement, c’est-à-dire l’hydrophobie. En dehors de
l’hydrophobie, il s’amène la paralysie des muscles des mâchoires et du
coup, entraînant ainsi la difficulté de permettre la fonction
respiratoire. Comme pour dire qu’après avoir été mordu, le virus de la
rage entre dans le corps, et comme il est neurotrope, il cherche
immédiatement les nerfs pour progresser jusqu’à atteindre le système
nerveux central. Ce voyage lui prend un à douze mois et cela dépend de
la région et l’abondance de morsures. Et c’est dans cette période qu’il
faut immuniser la personne ou l’animal mordu. Une fois arrivé au niveau
du système central, comme nous l’avons déjà dit, toute guérison devient
impossible et la mort devient inévitable.

3. Qu’en dites-vous des gens qui consomment la viande de chien ?

Pour les gens qui consomment la viande de chien ou d’animaux et de
l’homme sensibles à la rage canine, il n’y a aucun problème à partir du
moment que la viande est cuite étant donné que la chaleur tue le virus.
Mais le problème peut se poser dans le chef de la personne qui manipule
la viande pour la cuisson. Celle-ci, si elle porte des micro-plaies sur
lui, particulièrement à ses mains qui entrent en contact avec les
souillures de la viande contaminée de la rage, peut être atteinte.

4. Quelle attitude doit-on prendre en cas de morsure par un chien suspecté de rage ?

Tout chien mordeur est d’office suspecté de rage, même s’il porte
un certificat de vaccination. Une fois mordue, la personne victime doit
identifier, sans hésitation ni confusion, le chien mordeur. La plaie de
morsure doit être immédiatement lavée à l’eau avec effet d’éliminer le
sang de la plaie susceptible de contenir le virus. Le mordu se fera
soigner la plaie au dispensaire où elle sera soignée comme toute autre
plaie causée par des objets contendant non stériles en ayant le réflexe
d’éliminer toute possibilité de bacilles tétaniques (microbes de
tétanos).

5. Que conclure ?

En même temps, le chien sera mis en laisse, placé sous
l’observation de l’agent vétérinaire compétent. Si, à l’issue de
vingt-et-un jours, le chien boit et mange normalement, il n’y a pas de
rage et le dispensaire continuera à soigner les plaies de morsures
selon ses compétences et comme d’habitude. Et, si le chien meurt
pendant cette période d’observation, la personne victime doit être
immunisée par vaccination ou par sérum.
Par ailleurs, si le chien mordeur n’a pas été bien vu ou qu’il s’est
égaré ou encore battu et mort, c’est-à-dire il n’y a pas eu possibilité
d’avoir le chien en observation pendant vingt-et-un jours, ce chien là
est d’office considéré comme ayant été enragé et la personne mordue
doit être immunisée.

Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.