26.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Louis Koyagialo, par Angelo Mobateli
1. Le chef de lEtat ayant décrété la « tolérance zéro », pensez-vous que cette opération soit sélective ?
Nous sommes de plain pied et de plain-main dans les recommandations
du chef de lEtat contre la corruption et la lutte contre limpunité.
Le président de la République na pas attendu que la secrétaire dEtat
américaine, Mme Hillary Clinton, arrive pour quil puisse révoquer ceux
qui sont convaincus de la corruption, aussi bien dans la magistrature
que dans ladministration publique. Et la série continue.
Nous sommes des collaborateurs du chef de lEtat qui sait
récompenser ceux qui sont bons et sanctionner ceux qui sont mauvais. De
ce fait, la tolérance zéro est incontournable et va frapper tous ceux
qui se compromettent dans les dossiers sales.
2. En décalant la motion de censure contre le Premier
ministre lors de la précédente session de lAssemblée nationale, lAMP
na-t-elle pas donné à penser quelle voulait le protéger ?
Je ne pense pas. Si ce point est inscrit à lordre du jour de la
session de septembre et que le Premier ministre arrive à convaincre les
députés et à obtenir un vote en sa faveur, lAssemblée nationale va lui
accorder un sursis.
3. Le RCD est-il membre de lAlliance de la majorité présidentielle ?
Le RCD nest pas membre de lAMP. Cependant, nous avons un partenariat
avec le RCD dans certaines provinces, notamment au Bas-Congo et au
Kasaï Occidental où des membres de ce parti sont respectivement
vice-gouverneur et le gouverneur de province.
4. En affirmant que « la paix est irréversiblement gagnée au
Nord-Kivu », comment justifiez-vous les accrochages armés qui y sont
observés ?
Empruntant ladage qui est pratiqué chez moi, vos frères Ngbandi,
qui sont dans une région où il pleut beaucoup et à verse, disent
quaprès laverse, il y a toujours de fines gouttes de pluie qui
continuent de tomber et quils appellent les « larmes de pluie ». Eh
bien ! Elles nempêchent jamais les agriculteurs et les pêcheurs
daller faire leur travail quotidien. Et cest ce que nous vivons
aujourdhui. Ce nest plus la bataille rangée entre, dun côté, le CNDP
et, de lautre, les Forces armées de la RDC. Ça tient plus aux actes de
banditisme.
Pour nous, létape dramatique est une page tournée parce que
les forces belligérantes réelles étaient, dun côté, le CNDP de Nkunda
– dont vous connaissez le sort qui lui est réservé – et, de lautre,
les FARDC qui voulaient recouvrer la souveraineté sur cette partie du
territoire national. Quant aux Maï-Maï et Pareco, leurs jours sont
comptés.
5. Dun côté, beaucoup de gens ont souhaité voir le
président Kagame demander pardon au peuple congolais au sommet de Goma.
De lautre, Kigali soupçonne la RDC de soutenir les FDLR. Quen
pensez-vous ?
Je pense que chaque chose a son temps. Il y a eu un temps pour nous
battre, il y a eu un temps pour nous rapprocher. Nous sommes dans une
phase de rapprochement et il y aura certainement un temps pour ce
pardon. Je crois que le seul pardon ne suffit pas. Beaucoup de
Congolais sont décédés. Les institutions pourront voir tous les
contours de ce problème.
Le problème fondamental de nos relations, détériorées il y a
quelque temps et qui se rétablissent avec le Rwanda, ne constitue un
secret pour personne. Du côté rwandais, il y avait une ambition
hégémoniste de conquête des frontières. Je crois que cette ambition a
été encouragée quelque part par les forces du mal. Mais, aujourdhui,
on sest rendu compte que les armes ne peuvent pas venir à bout de la
volonté des Congolais de garder lintégrité de leur territoire. Lautre
problème fondamental a trouvé une solution. Nous avons toujours affirmé
que le Rwanda est derrière le CNDP et, là, nous ne nous sommes pas
trompés. Aujourdhui, il a fallu que le Rwanda lâche Nkunda, et cest
fini le CNDP. Maintenant, il est question de voir la suite. Peut-on
nous soupçonner dêtre les suppôts des FDLR ? Mais, nous venons de
prouver quil nen est pas question. Cest pour cela que leur avons
demandé – puisque nous sommes en phase de la formation de nos forces
armées et puisque leurs forces armées (rwandaises, ndlr) sont équipées
autrement, entraînées autrement et peuvent faire mieux – de les emmener
au Nord-Kivu pour traquer les FDLR ensemble. Les Rwandais se sont rendu
compte que nous sommes animés de bonne volonté, quon ne peut pas nous
soupçonnés dêtre derrière les FDLR. Il ny a donc pas de diplomatie de
capitulation dans le processus de rapprochement de la RDC avec le
Rwanda.
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