Les élections au Congo (RD). Pourquoi attendre 2011 ? (JP Mbelu)

Dans
ces échanges, certaines questions sont très peu abordées. A quoi
servent les élections ? Qui gagne aux élections dans les pays du Sud ?
Pourquoi la légitimité issue des élections de 2006 traîne-t-elle à
répondre aux questions de la banalité quotidienne des Congolais :
l’eau, le courant, la santé, l’emploi, l’éducation et l’habitat, la
protection de l’environnement, les infrastructures routières ?

A
cette dernière question, les gouvernants actuels nous ont habitués à
cette réponse : « Le Congo vient de loin. Il a été détruit par 32 ans
de dictature de Mobutu. Et puis, il y a eu la guerre. » Or, avec le
temps, nous nous rendons compte que les dégâts provoqués par la guerre
d’agression menée contre notre pays par nos voisins de l’Est avec
l’appui des Etats-Unis, la Grande-Bretagne et plusieurs multinationales
occidentales avec la complicité de certaines de nos élites politiques
dépassent de loin ceux connus pendant le règne de Mobutu.

Et
au jour d’aujourd’hui, la thèse d’une guerre d’agression menée pour
piller le Congo et le démembrer ne souffre presque plus d’une
quelconque contradiction.

Seulement voilà. Pour mener cette guerre, « les tueurs
tutsi » et leurs parrains ont eu recours à des subterfuges et à des
prétextes. Il fallait libérer le Congo de la dictature de Mobutu et
poursuivre les « génocidaires » Rwandais sur le sol congolais. Ces
subterfuges et prétextes ont couvert la guerre de 1996-1997. Quand
Laurent-Désiré Kabila, sous la pression des populations congolaises, a
essaiyé de s’en départir en se débarrassant des brebis galeuses de son « conglomérat d’aventuriers », une guerre  éclate le 02 août 1998 : « les tueurs tutsi » attaquent le Congo par l’entremise du
RCD d’Azarias Ruberwa.. Cette guerre menée sous le prétexte fallacieux
de la protection de « l’ethnie minoritaire » du Congo ( ?) aboutit au
maintien de certaines de ces brebis galeuses du Rwanda venues sous le
cheval de Troie de l’AFDL dans toutes les institutions de la RD Congo.
Le RCD en rajoute. Ses multiples dissidences seront une tactique
savamment orchestrée pour asseoir l’occupation du pays.

Les
multiples rencontres et dialogues organisés pour que la libération
promise en 1997 devienne effective seront des rendez-vous de partage
équitable et équilibré du pouvoir (de pillage et de mort) par plusieurs
branches du pouvoir occupant rwando-burundo-ougandais.

La
transformation de l’AFDL en PPRD ou la naissance du CNDP à partir du
RCD seront des mécanismes de perpétuation de l’occupation et du
pillage. Nkunda aura « l’audace » d’affirmer, le 25 décembre 2008, sur
le site de Kivu Peace, comme pour se donner bonne conscience, que tous
ces mouvements et partis politiques ayant précédé le CNDP sur la scène
politique Congolaise étaient des créations de l’extérieur (du Rwanda et
de l’Ouganda).

 

 

Pour
tout prendre, quand les branches armées du Rwanda et de l’Ouganda
gérant le pouvoir au Congo justifient la descente aux enfers du Congo
par la guerre d’agression qu’elles ont entretenue, elles ne disent pas
la vérité : leur vie et survie a dépendu et dépend des dividendes
qu’elles-mêmes et leurs commanditaires ont tiré de cette guerre.

Aujourd’hui,
l’une de ses branches a pris le dessus sur les autres. Il s’agit du
PPRD. Elle vient, par le biais de son « autorité morale », d’introduire
dans l’armée congolaise, « les Hutu recyclés au Rwanda » et les
démobilisés de l’armée rwandais (par le CNDP interposé).
(Le dernier mémo des députés du Sud Kivu et notre article intitulé
Kimya I et II et leurs secrets sont très clairs là-dessus).

Branches
armées des « tueurs tutsi », les partis issus des mouvements rebelles
disposés de tous les moyens pour « se légitimer »  par les urnes en
2006.

Un parti de l’AMP et
pas le moindre (le PALU) en témoigne quand ses partisans de Benelux
notent : « Lors des dernières élections en 2006, le pouvoir
organisateur n’a laissé aucune chance au PALU de faire campagne pour
son candidat à la présidence de la république Antoine Gizenga dans
l’arrière pays. Les partis issus des mouvements rebelles ont imposé un
jeu de terreur lors de la campagne ne laissant aucune chance aux Partis
de masses dont le Parti Lumumbiste Unifié de mobiliser leurs
électeurs. » (Lire PALU BENELUX : Communiqué à l’occasion du 45ème anniversaire du parti sur
www.congoforum.be dans la rubrique Communiqué de presse)

La
PALU Benelux ajoute : « D’aucuns estiment que le Vrai Gagnant (par quel
miracle ?) desdites élections fut le PALU pour la simple raison que les
partis issus des mouvements rebelles se sont servis des moyens de
l’Etat et étaient en même temps le pouvoir organisateur. » (Ibidem)

 

Qu’est-ce qui a changé à ce tableau pour que certains fils et certaines filles de notre peuple puissent de
croire vainqueur aux élections de 2011 aux dépens des candidats des
partis issus des mouvements rebelles ? Au contraire, l’occupation se
corse : ils ont l’argent, le pouvoir organisateur, les services de
sécurité, la justice, l’armée, la police, etc. L’égalité des chances
pour des élections démocratique n’est pas garantie.

Au
lieu d’attendre 2011, pourquoi nos populations ne se ligueraient-elles
pas (à travers leurs organisations de la société civile, leurs partis
politiques et leurs mouvements  de résistance et de pression) derrière les députés du Sud Kivu
ayant des preuves de la complicité du pouvoir de Kinshasa avec l’ennemi
pour lui demander, démocratiquement, de rendre le tablier ?

Des
marches de soutien et d’autres manifestations de désobéissance civique
seraient une voie à exploiter déjà maintenant. Comment pouvons-nous
attendre d’un pouvoir pactisant avec l’ennemi et les multinationales de
prédation de faciliter l’organisation des élections qui pourraient
promouvoir une démocratie juste, à même de le juger pour haute trahison ?

A
moins que pour « les réalistes » et les autres « pragmatistes »
Congolais penser en démocratie soit le privilège des seuls caciques au
pouvoir, je ne vois pas comment, avec les ex-seigneurs de guerre au
pouvoir au Congo et au service des intérêts autres que ceux des
Congolais peuvent, par eux-mêmes, assurer l’alternance. Je doute fort.
Et puis, pour moi, les élections ne sont pas l’unique voie de
légitimation politique. Dans les pays où, comme au Congo, la reddition
des comptes tout au long du mandat des représentants est proscrite, où
sa demande est réprimée dans le sang ou dans la peur, la foi dans les
élections peut être une grave bêtise. Ce n’est que mon point de vue. (à
suivre)

 

J.-P.Mbelu

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