14.09.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-François Cholme, par BIENVENU MARIE BAKUMANYA

 

1. Pouvez-vous expliquer le contexte de votre séjour en République démocratique du Congo ?

Je ne suis pas ici à la demande du gouvernement, mais je suis venu
à la demande des banques, des entreprises de l’Etat, de FinConsult et
de mon ami Jesse Lisasi de Wordson Consulting pour animer un séminaire
professionnel sur les normes IFRS (International Financial Reporting
Standards). Ce dernier m’a demandé d’apporter mon expertise pour aider
à l’amélioration du reporting financier en République démocratique du
Congo. C’est ce que je fais dans plusieurs pays depuis quelques années
quand on m’invite.

2. Vous venez d’organiser un séminaire sur les IFRS. Que peut-on retenir sur cette nouvelle approche de la normalisation ?

Face à la mondialisation, la normalisation a été mise en place en
2001 pour faire face à la crise et pour faire évoluer l’avenir de
chacun de nos pays. En 2007-2008, nous sommes confrontés à une nouvelle
crise, les Anglo-saxons, le conseil asiatique, le conseil africain…
estiment qu’il y a nécessité de dominer ce cycle et de faire évoluer
ces normes. L’objectif majeur est de tendre vers l’uniformisation des
normes. Les principes anglo-saxons tels que le GAAP (General Accepted
or Admitted Accounting Principles) mieux encore «Principes comptables
généralement acceptés ou admis» font aujourd’hui partie de la règle que
la profession impose aux entreprises afin qu’elles présentent une image
fidèle et sincère ( True and Fair View) de leur patrimoine et de leurs
résultats. Ils sont l’expression et l’application des normes de bon
comportement. C’est la même chose avec les IFRS et je pense que chaque
pays a sa place y compris la République démocratique du Congo. A chacun
d’opérer son choix !

3. Pensez-vous que la République démocratique du Congo a besoin de cette nouvelle approche de normalisation ?

Oui, je pense qu’il y a un besoin énorme. Les entreprises
congolaises travaillent avec des partenaires étrangers et ils sont
obligés de rendre compte. Et pour rendre compte, il faut effectivement
utiliser un langage qui est compréhensible. En RDC, il existe un Plan
comptable. Comparé à d’autres référentiels, le Plan comptable congolais
n’est plus adapté. Et pourtant à l’heure actuelle pour capter les
réalités économiques qui priment sur le juridique et le fiscal, il faut
un référentiel adapté. En clair, les entreprises doivent tenir les
comptes de leurs activités, d’abord pour des raisons de bonne gestion,
ensuite pour rendre compte à différents partenaires ou groupe de
personnes des résultats de cette activité (actionnaires d’une société,
syndicats, travailleurs de l’entreprise, pouvoir public, banquier,
etc.).

4. Avec la crise financière et les nouvelles approches
de normalisation, ne pensez-vous pas que les pays du sud risque d’être
des victimes ?

Je ne pense pas. Cela peut pénaliser certains grands groupes
financiers qui sont sur le marché mondial qui n’ont pas respecté les
normes de reporting financier. Pas forcément les entreprises du Congo.
En mettant les outils de gestion propre à chaque Petites et moyennes
entreprises (PME) ou chaque grande entreprise, cela nous permet de
réagir rapidement face aux nouveaux défis.

5. Que pouvez-vous conseiller aux dirigeants congolais ?

L’avenir radieux pour les dirigeants congolais réside dans le
développement des transferts technologiques d’autres pays dans le
secteur des services après vente, services bancaires. Mais, je pense
aussi que la République démocratique du Congo peut attirer des
investisseurs et des fonds externes avec un système IFRS pour créer des
sociétés de production et de distribution à l’export de ses matières
premières. Ainsi, le pays pourra atteindre des marges supérieures aux
droits de concession perçus sur l’extraction des minerais. Les grands
investissements permettront aux dirigeants congolais de profiter de la
richesse minière. Et la RDC peut aussi trouver sa place pour devenir
compétitive avec les pays africains.

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