18.09.09 Interview de Mme Victoire Ingabire Umuhoza à la radio canadienne

Quelles sont vos propositions ?

Notre programme politique est constitué  de 7 points essentiels, mais 
je pense pas qu’on a pas le temps pour en parler. Je vais seulement
mentionner une chose parce que la première je l’ai dit, la chose
primordiale c’est la réconciliation qu’on veut réaliser à travers le
dialogue inter-rwandais. Le 2ème
pilier de notre programme politique c’est l’économie. Aujourd’hui on
entend dire que l’économie du Rwanda va bien, que le Rwanda est le
Singapour de l’Afrique. Ce qui est totalement faux parce que le régime
qui est en place essaie de fabriquer des rapports qui n’ont rien à voir
avec la réalité. Bien sûr ils ont construits les grands bâtiments par
les moyens qu’ils ont pillé au Congo mais il ne faut oublier que les
gens dans les milieux ruraux sont en train de mourir de faim, les gens
n’ont plus de maisons où habiter, il y a beaucoup 
d’enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, tout le monde
sait que l’éducation est nécessaire c’est la base du développement.
Donc si on voit toutes ces mesures et tout ce qui se passe au Rwanda on
voit qu’on ne peut pas dire que le développement va bien, que
l’économie va bien au Rwanda. Plutôt ça va mal. Nous pensons que c’est
nécessaire que le peu de moyens qui existent au Rwanda puissent être
partagé d’une façon équitable dans toutes les régions. Que tous les
enfants du pays puissent avoir accès à l’éducation, que toute la
population puisse avoir accès aux soins médicaux.

Le Conflit avec le Congo

Oui je l’ai dit tout à l’heure, le Rwanda a agressé le Congo depuis
1996 et puis j’ai mentionné les victimes, des Congolais. Mais il y a
aussi les réfugiés rwandais, plus de 200.000 réfugiés rwandais qui ont
été massacrés au Congo. Jusqu’aujourd’hui on voit qu’il y a
l’instabilité au Congo et que le régime de Kagame a sa responsabilité
dans cette instabilité. Pour nous la non-résolution des conflits
internes du Rwanda reste le principal facteur de l’incendie qui ravage
la région des Grands Lacs. C’est pour cela que nous pensons que pour
stabiliser la région des Grands Lacs, pour pouvoir stabiliser l’Est du
Congo, il faut absolument résoudre le problème du Rwanda. Il ne suffit
pas de faire rentrer de force les groupes armés qui sont au Congo, mais
il faut plutôt essayer de résoudre le problème du Rwanda en global.
Aujourd’hui, la communauté internationale a tendance à penser que si
l’on fait 
rentrer les groupes armés qui sont au Congo, que le problème sera
résolu. Mais ils oublient qu’aussi longtemps que le problème du Rwanda,
ne sera pas résolu, même si l’on fait rentrer les groupes armés au
Rwanda, il y aura toujours d’autres groupes qui vont se créer et qui
vont réclamer leurs droits. Il faut alors résoudre le problème du
Rwanda avant de penser qu’on peut stabiliser le Congo.

Les enjeux liés aux ressources de la région. Le Rwanda est bien placé pour exporter ces ressources.

Tout le monde sait que le problème du Rwanda n’est pas lié uniquement à
la crise interne au Rwanda, il y a aussi ces enjeux de produits
naturels du Congo. Il y a beaucoup d’entreprises, des multinationales
étrangères qui profitent de ce chaos à l’Est du Congo, pour piller le
Congo.  Tout
le monde sait que ces produits passent par Kigali. Il y a eu des
rapports qui ont prouvé l’implication du Rwanda dans ce pillage. De
l’autre côté l’on sait que le régime de Kagame a des responsabilités
dans ce pillage, même s’ils disent toujours qu’ils sont au Congo,
qu’ils envoient des troupes au Congo pour lutter contre les groupes
armés qui sont là. En grande partie ils sont là pour piller les
richesses du Congo. Nous pensons que ce pillage peut créer de la
méfiance ou des  conflits à long terme dans le
futur. Même si aujourd’hui on essaie de les résoudre on pense que dans
le futur, il y aura toujours de conflits parce que le Congo ne sera pas
satisfait même si on dit on a tué votre population, on a pillé, et
c’est fini, on s’arrête là. Ce que nous proposons c’est créer les
mécaniques qui puissent aider les peuples de la région des Grands Lacs
à créer une solidarité entre eux. Après la 2ème
guerre mondiale, les pays européens ont bénéficié du plan Marshall qui
les a aidés à se développer. Nous pensons que les pays donateurs
peuvent donner un plan Marshall pour la région des Grands Lacs, ce qui
nous permettra de développer les infrastructures de
base (l’électricité, les écoles, les hôpitaux) et pour que les
habitants de la région des Grands Lacs puissent travailler ensemble,
développer l’industrie ensemble. Nous pensons qu’à ce moment là, on
peut créer la solidarité entre les populations. Elles vont oublier les
rancunes des guerres, les victimes qu’elles ont connues et nous allons
travailler ensemble. Nous pensons que c’est de cette manière là qu’on
peut aider les  peuples de cette région à travailler
ensemble mais cela ne veut pas dire qu’on va leur demander d’oublier,
de regarder en avant. Je suis d’accord avec ce que Mme Hillary Clinton
a dit au Congo qu’il faut regarder devant mais je ne suis pas du tout
d’accord qu’il faut oublier. Parce que l’on ne peut pas tuer cinq
millions et oublier comme si de rien n’était. Je plaide pour qu’il
y’ait justice pour le peuple congolais tout comme il doit y avoir une
justice pour le peuple rwandais que ce soit pour les gens qui ont été
tués, que ce soit pour le pillage. Que les responsables paient pour
leurs crimes mais que ce ne soit pas toute une population qui paie pour
ce qu’elle n’a pas fait.

 

Conclusion : le mot aux femmes africaines

Les femmes africaines doivent comprendre qu’elles ont un grand rôle à jouer. 
Aujourd’hui en Afrique les femmes restent toujours en arrière. Moi je
fais appel à elles d’essayer d’avoir droit à la page. Ce sont elles qui
doivent justement y venir, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui va le
faire à leur place. Comme vous savez l’économie de base des pays
africains,  ce sont les femmes qui essayent de trouver l’argent pour 
les habits de leurs enfants, ce sont les femmes qui essayent de payer
les frais de scolarité de leurs enfants, alors les femmes ne devraient
pas rester avec de petits projets, je les invite à voir grand pour
faire des grands projets pour développer l’Afrique.

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