23.09.09 Le Potentiel: Cinq questions à Betukumesu Lubuyi Didi (*)

 

1.De temps en temps, on déplore les conflits à la frontière
entre le Kasaï Oriental et le Kasaï Occidental. Quel rôle entend jouer
l’Union culturelle Lulua et Frères (UCLF) pour faire revenir la paix ?

Je viens de rentrer d’un long périple qui m’a conduit à Mbuji-Mayi,
ainsi qu’à Kananga et dans plusieurs territoires du Kasaï Occidental.
J’accompagnais le président de l’Assemblée nationale qui était en
vacances parlementaires. Mais il avait aussi une grande mission de
visiter les deux KasaÏ et résoudre le conflit entre les deux peuples
frères du Kasaï Occidental et du Kasaï Oriental du côté de Lac
Munkamba. C’était un sérieux problème. C’est ainsi que toutes les
notabilités de deux provinces étaient allées attendre Evariste Boshab
au Lac Munkamba. J’y étais et j’ai participé à toutes les discussions.
Nous avons fait 48 heures sans fermer l’œil, afin de faire revenir la
paix entre les deux peuples frères. A tout seigneur tout honneur, c’est
grâce à Boshab que les deux peuples se sont embrassés à travers les
gouverneurs Ngoy Kasanji et Trésor Kapuku. Et la paix est là.

2. Est-ce que ces conflits à répétition ont une connotation politique ?

Je peux vous dire sans y aller par quatre chemins que ceux qui
tirent les ficelles sont des politiciens qui sont avec nous à Kinshasa.
Quand vous apprenez que les deux peuples se sontfait tuer et brûler les
cases, ce ne sont pas eux, car ils ne sont que des boucs émissaires.
Les véritables tireurs de ficelles sont ici. Et s’ils ne veulent pas
cesser de faire couler le sang des innocents, nous allons les dénoncer
publiquement.

3.Que dites-vous de l’implication personnelle d’Evariste Boshab dans la résolution de ces conflits ?

Je pense que le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab
est le sapeur-pompier du Kasaï, parce qu’il a réussi à éteindre le feu
qui risquait d’embraser toutes les deux provinces et nous gréer ainsi
de graves problèmes. N’eût été sa présence au Lac Munkamba, je ne sais
pas ce qui allait nous arriver. Parce que de deux côtés, les esprits
étaient vraiment surchauffés. Et les gens ne voulaient même pas se
regarder en face. Mais devant Boshab, tous se sont détendus en voyant
les deux gouverneurs s’embrasser. Et la paix a été scellée. C’est
devant les grands chefs représentants les deux Kasaï.

4. Les députés du Kasaï Occidental préfèrent s’adonner aux
problèmes personnels au lieu de s’occuper de ceux relatifs au bien-être
de la population. Qu’en dites-vous ?

C’est le premier apprentissage de la démocratie au Congo. La
population a élu les gens sans trop savoir qui est qui et qui peut
faire quoi pour elle. Parce que vous trouverez aujourd’hui certains de
ces élus qui au lieu de s’occuper des problèmes de la province et de la
population, passent leur temps à connaître ce que le gouverneur a dit,
ce que le président de l’Assemblée provinciale a fait, ce que Kinshasa
a décidé, etc. Je crois que le Kasaï Occidental compte environ une
cinquantaine de députés et si vous regardez bien, ceux qui
réfléchissent dans le sens du développement et de la solution des
problèmes économiques et sociaux de la population, ne dépassent pas une
dizaine. Je le dis clairement et celui qui veut répliquer n’a qu’à le
faire et prouver le contraire. Mais je sais et je comprends ce que je
dis, je suis prêt pour la confrontation.

5. Lors de votre séjour à Kananga, vous avez déclaré lors
d’un meeting et d’une conférence de presse que le Kasaï Occidental
n’est pas un royaume. Cela vous a attiré la haine et la menace. De quoi
s’agit-il exactement ?

Je le dis tout haut et vous demande de ne rien soustraire ni
ajouter. Depuis le temps colonial, depuis nos ancêtres, le Kasaï
Occidental à travers les dix territoires qui sont Luiza, Mweka,
Kazumba, Luebo, Ilebo, Demba, Dibaya, Dimbelenge, Dekese, Kazumba, et
l’histoire est là pour nous le confirmer, notre province n’a jamais été
un royaume. Mais, il y a des individus qui sont passés là-bas pour dire
que le Kasaï Occidental, c’est leur privilège. Moi, je me suis adressé
à la jeunesse, j’ai demandé aux jeunes de ne pas se laisser tromper par
les politiciens. Car le pouvoir se trouve actuellement entre les mains
de Kabila et que c’est lui qu’il faut soutenir. Pourquoi ces gens sont
avec Kabila la nuit et le jour ils viennent tromper les jeunes en
disant que le Kasaï Occidental, c’est nous ? Je le dis et je le
confirme, car même dans le grand Kasaï Mbuji-Mayi et Kananga, aucune de
deux provinces n’a jamais été un royaume. Si quelqu’un prétend que
toute la province est un bien de ses ancêtres, il n’a qu’à le prouver
sur papier. Si vous regardez bien Lukengu a son royaume Bakuba à
Mushenge (Mweka) et Kalamba à Kempe (Kazumba), mais pas sur l’ensemble
de la province. Dire que toute la province est un royaume, moi je dis
niet.

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