29.09.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Claude Mokeni, par Stephane Etinga

1.
La RDC assure maintenant la présidence en exercice de la SADC. Quels
sont les avantages que le pays tire de cet regroupement sous-régional ?

La RDC, le plus grand pays d’Afrique centrale, exerce aujourd’hui le
mandat de président en exercice de la SADC et également de la CEEAC.
Cela veut dire que notre pays se trouve bel et bien dans le concert des
nations. Il préside à lui seul l’Afrique centrale et l’Afrique
australe. Quant aux avantages, il faut noter que le marché économique
de l’Afrique australe avec tous les pays membres est très important
pour nous, car nous y ouvrons ainsi nos horizons. Tous les pays membres
de la SADC et anciens membres du Commonwealth ont une économie très
développée par rapport à la nôtre. N’oubliez pas que ces pays ont
combattu aux côtés de la RDC, pendant la guerre d’agression.
Aujourd’hui encore ils nous aident à retrouver la tranquillité. C’est
question de reconnaissance d’un père pour son fils devenu adulte et
capable de diriger des affaires.

2. Bientôt la RDC va accueillir le sommet de la CEEAC, comment voyez-vous la marche de cette communauté ?

La CEEAC est une organisation sous-régionale qui est en train de se
constituer d’une façon solide. Ses organes sont bien là. Mais nous
devons en faire une vraie communauté économique sous-régionale pour que
les pays membres puissent circuler librement, et faire circuler les
biens et services, avoir une politique commune en cas d’agression comme
c’est le cas aussi avec la SADC. Donc, la RDC a l’avantage d’en faire
partie pour plus de stabilité et de sécurité. En cas d’agression de
notre pays et lorsque sa sécurité et sa souveraineté sont en danger, au
Nord comme au Sud on agit pour écarter le danger. Sur le plan
commercial, nous avons presque les mêmes habitudes et nous pouvons
développer nos relations de tous côtés avec les voisins pour échanger
nos produits. La RDC à elle seule, a une richesse écologique et des
matières premières importantes. Ce qui nous permet ainsi de pouvoir les
vendre et écouler nos biens dans d’autres pays qui consomment la même
chose que nous. Il faut donc développer cette coopération régionale en
vue d’un commerce et d’un échange important. Il faut maintenant penser
à lutter contre l’inflation et redresser nos économies. Nous devons
aussi songer à avoir une politique monétaire commune afin de faciliter
les transactions. Regardez le dollar : là-bas c’est leur monnaie, ici
c’est notre problème.

3.Que pensez-vous du récent séjour de Hillary Clinton en RDC ?

Je pense que c’est un signal fort de la part des Américains et du
gouvernement des Etats-Unis qui a une politique assez claire. Ils
coopèrent avec les pays dans lesquels ils ont des intérêts. S’ils n’ont
pas d’intérêt avec un pays, ils ne s’y intéressent pas. Le fait que la
secrétaire d’Etat américaine soit venue ici signifie que les Etats-Unis
ont tourné leur regard vers la RDC. Ils ont remarqué que le Congo a la
capacité de s’organiser pour devenir une puissance économique demain et
une puissance sécuritaire aussi. Il y a également la question de
violence à l’égard de la femme. Rappelez-vous que cette question a été
également au centre des préoccupations du Conseil de sécurité et de Mme
Suzan Rice, ambassadeur des Usa auprès du Conseil de sécurité. Elle en
a fait une de ses priorités et cela a débouché sur une aide financière
d’environ 17 millions de dollars pour éradiquer ce fléau. Cela veut
dire aussi l’organisation de la justice pour que les auteurs de ces
crimes puissent être jugés, condamnés et internés. Concernant la
coopération militaire, je dois vous dire qu’elle est effective. Parce
que j’ai visité moi-même la base qui est construite dans la province
Orientale qui est ma province. Elle sert à la formation des commandos
d’élite par l’armée américaine. C’est un contrat de 5 ans et un
avantage pour cette province martyre.

4.La RDC possède un patrimoine forestier dont on parle
tant à l’heure de changement climatique de la planète. Quel profit en
tire-t-elle ?

Je pense que la RDC devrait s’organiser dans la gestion de ses
forêts. Nous avons 47 % de réserve mondiale de forêt et nous regorgeons
de 67 % de forêts en Afrique. Notre pays est donc le poumon de
l’Afrique et du monde. Nous devons jouer un rôle catalyseur. Nos forêts
devraient apporter à la RDC suffisamment de fonds émanant des
organisations internationales, afin de lui permettre de se développer.
Les autres sont en train de s’enrichir et de respirer grâce à nos
forêts et la population qui les protège croupit dans la misère. Si nous
devons sauvegarder nos forêts rien que pour permettre aux autres de
bien respirer après avoir détruit les leurs, il faut qu’ils nous payent
pour que cette réserve forestière soit pérennisée. Notre présence dans
les commissions internationales sur la forêt en Afrique ou à Copenhague
ne doit pas être une simple figuration. Il nous de l’argent destinés
notamment à ceux qui vivent dans ces forêts afin de les doter des
routes, des écoles, des hôpitaux provenant de leurs forêts.

5.Vous rentrez des vacances parlementaires. Quelles sont les grandes lignes de votre rapport ?

Cette fois, je suis revenu de Kisangani et de Buta. Cette visite m’a
permis de constater que toutes mes préoccupations en matière sociale et
sécuritaire se sont réalisées par le gouvernement ou en voie
d’achèvement. Je suis satisfait, car c’est grâce à mes rapports auprès
des autorités centrales et provinciales que ces résultats sont obtenus.
Il s’agit entre autres du ministre de Fonction publique au sujet de
l’engagement de nouvelles unités ; du ministre du Portefeuille pour la
reprise de la RVA à Buta ; du ministre de la Santé pour la
réhabilitation des centres de santé…Ils y ont répondu positivement et
c’est une avancée considérable. Je vous signale que j’ai contribué
aussi au désenclavement de Buta, car actuellement il y a un avion tous
les 15 jours.

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