AFRIQUE: On ne sait pas encore si le nouveau moustique est porteur du paludisme

 

  « Une très grande partie [des moustiques présents en] Afrique ne sont
pas

étudiés – en la matière, la RDC [République démocratique du Congo] est
une

vaste zone inexplorée. Qui sait ce qui se passe au fin fond de la vallée
du

Rift ? », a expliqué le professeur Maureen Coetzee, de l'école de
pathologie

de l'Université de Witwatersrand, à Johannesbourg, en Afrique du sud.

 

  Mme Coetzee, qui a découvert la nouvelle espèce, est l'une des auteurs
du

rapport A New Species Concealed by Anopheles funestus Giles, a Major
Malaria

Vector in Africa (Une nouvelle espèce masquée par l'Anopheles
funestus

Giles, un des principaux vecteurs du paludisme en Afrique). « Comprendre
les

vecteurs est absolument essentiel ; si nous n'étudions pas les
moustiques,

nous n'avancerons jamais dans la lutte contre le paludisme »,
a-t-elle

déclaré à IRIN.

 

  L'espèce jusqu'alors inconnue, appelée provisoirement « de type
Anopheles

funestus », a été découverte au cours d'études de terrain menées par
des

chercheurs de l'université et de l'Institut national sud-africain des

maladies transmissibles dans des villages ruraux – et leurs environs –
du

nord du Malawi, près de la ville de Karonga, sur la rive ouest du lac

Malawi.

 

  La nouvelle espèce est proche de l'Anopheles funestus, le principal
vecteur

du paludisme en Afrique, mais « on ne sait toujours pas si elle est
porteuse

[du parasite] du paludisme », a déclaré Mme Coetzee.

 

  En Afrique, le groupe des Anopheles funestus Giles compte neuf
espèces

connues, et « si ces espèces présentent des similarités morphologiques
[de

forme et de structure], leurs capacités à jouer le rôle de vecteurs
du

paludisme sont très inégales », a indiqué le rapport.

 

  L'Anopheles funestus stricto sensu est identifié comme l'une des
premières

causes de paludisme en Afrique sub-saharienne car il est
anthropophile,

c'est-à-dire qu'il préfère se nourrir du sang humain plutôt que de celui
des

animaux, et endophile, ce qui signifie qu'il a tendance à rechercher
la

présence des humains et leur environnement domestique.

 

  D'après le rapport, « l'Anopheles rivulum a été impliqué une seule
fois

dans un cas de transmission du paludisme en Tanzanie, et il préfère
en

général se nourrir du sang des animaux domestiques plutôt que de celui
des

humains ».

 

  Les chercheurs ont découvert que la nouvelle espèce se trouvait «

fréquemment à l'intérieur des maisons, ce qui en fait un vecteur
potentiel

[de paludisme] », « bien que l'on n'ait détecté le Plasmodium Falciparum
[le

parasite responsable du paludisme chez les humains] chez aucun des 61

spécimens examinés ».

 

  Mme Coetzee a déclaré qu'il était important de déterminer si cette
espèce

de type Anopheles funestus était ou non un vecteur du paludisme, mais
que

cela ne pourrait être établi qu'en poursuivant les recherches.

 

  Si ce moustique n'est pas porteur du paludisme, il ne sera pas
nécessaire

de dépenser de l'argent pour acheter des instruments de contrôle de

l'épidémie, tels que des insecticides ; s'il l'est, il faudra élaborer
des

stratégies afin de limiter son impact.

  Nous n'en savons pas autant que nous le pensions

 

  « Grâce aux installations exceptionnelles d'élevage de moustiques
de

l'Institut national des maladies transmissibles [à Johannesbourg],
nous

avons pu mener une série d'expériences qui a permis de montrer que
les

moustiques du Malawi étaient différents des Anopheles funestus, et que
nous

avions affaire à une nouvelle espèce jusqu'alors inconnue des
scientifiques

», a expliqué Mme Coetzee dans un communiqué du 1er septembre annonçant
la

découverte.

 

  « Ces résultats ont des implications en matière de contrôle des vecteurs
de

paludisme, en particulier en ce qui concerne les tentatives d'utilisation
de

moustiques génétiquement modifiés. Ils démontrent également à quel
point

nous en savons peu sur les moustiques vecteurs du paludisme en
Afrique,

malgré 100 ans de recherche sur cette importante maladie. »

 

  En 1897, Ronald Ross, lauréat du prix Nobel et chercheur à
Secunderabad,

près d'Hyderabad dans l'Etat d'Andhra Pradesh, en Inde, a prouvé

scientifiquement que les moustiques étaient porteurs du parasite
responsable

du paludisme.

 

  Mme Coetzee a observé : « Et voilà qu'en 2009, nous découvrons une
nouvelle

espèce [de moustique] – c'est vraiment incroyable. Plus nous
chercherons,

plus nous trouverons ; on pourrait penser que nous en savons déjà
énormément

[sur les moustiques et le paludisme], mais il nous reste beaucoup à

apprendre. »

 

  D'après elle, l'apparition, au Cambodge, d'une forme de paludisme

résistante aux traitements a suscité « une réaction de panique dans le
monde

entier », mais il y a des différences entre les moustiques asiatiques et
les

moustiques africains – « les vecteurs africains font très bien leur
travail

[de transmission du paludisme] ».

 

  D'après le Rapport sur le paludisme dans le monde publié en 2008
par

l'Organisation mondiale de la santé des Nations Unies, la moitié de
la

population mondiale est exposée au risque de paludisme, et en 2006,
environ

247 millions de cas et près d'un million de décès ont été enregistrés.
Les

femmes enceintes et les enfants d'Afrique subsaharienne sont

particulièrement menacés.

 

  go/he

[FIN]

 

 

 

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