Le Rwanda ne constitue plus un problème pour le Congo, dixit Alexis Thambwe Mwamba. Essai de relecture des enjeux de la guerre d’agression (JP Mbelu)

Le
refus des U.S.A. de voir un pays quelconque intervenir pour arrêter
« le génocide au Rwanda » était une option stratégique prise à dessein.
Pour Jacques Hogard, « nous sommes là au cœur du problème qui est
toujours d’actualité. En tant que pays, ni le Rwanda ni le Burundi
n’intéressent personne : ce sont de petits pays agricoles, surpeuplés,
dont le sous-sol, jusqu’à présent n’intéresse personne : ce sont de
petits pays agricoles, surpeuplés, dont le sous-sol, jusqu’à présent,
n’a pas révélé de ressources importantes. En revanche, ils sont proches
des provinces congolaises du Shaba, l’ancien Katanga, et
du Kivu, que les scientifiques s’accordent à qualifier de ‘scandale
géologique ‘, tant ils recèlent de richesses minières. Récemment,
l’intérêt pour le Kivu s’est vu encore croître avec la découverte
d’uranium et de coltan, un métal rare très apprécié par les industriels
pour ses qualités de résistance à la corrosion. » A la question de
savoir si les richesses minières du Kivu sont exploitées par le Congo,
Jacques Hogard répond : « Absolument pas. Reste à se demander qui
s’intéresse à cet extraordinaire potentiel minier. Certes, il y a le
petit Rwanda, avec à sa t^te Kagame, l’élève de Museveni qui tend à
dépasser son maître. Mais je vois derrière cet acteur de premier plan
l’ombre des Etats-Unis, du Royaume-Uni et, je le crois aussi, d’Israël.
Ces trois puissances, ai-je compris sur terrain, ont une vision très
claire des possibilités de cette région et des enjeux de la guerre qui
s’y déroule pour le contrôle des matières premières. »

Dans cette interview, Jacques Hogard fournit des preuves à l’appui de
ce qu’il dit. D’ailleurs, pas plus tard que le 31 août 2009, dans son
discours au sommet extraordinaire de l’Union Africaine à Tripoli,
Alexis Thambwe Mwamba a mis de l’eau dans le vin de
Jacques Hogard en dédouanant astucieusement Kigali et Kampala. A en
croire le Ministre des Affaires Etrangères du Congo, la guerre à l’est
de notre pays est alimentée par l’exploitation de ses matières
premières par « les sociétés multinationales représentés par les
courtiers basés à Goma et ailleurs (au Rwanda et en Ouganda ?). Selon
les mêmes sources (du gouvernement), c’est le commerce des armes contre
les minerais qui enrichit les personnes physiques et morales à l’Est de
la RDC, alimente et prolonge le cycle de violence dans ce pays. » Et
« parmi les sociétés multinationales, nos enquêtes reconnaissent
notamment l’AMC et l’AFRIMEX toutes deux Britanniques ainsi que la
TRADEMET de droit Belge. La société AMC opère à travers sa filiale
THAISARCO basée à Bangkok, en Thaïlande. » Il ajoute à cette liste, les
sociétés américaines, canadiennes et même australiennes.. Alexis
Thambwe Mwamba sait que « les représentants officiels de ces pays basés
à Kinshasa peuvent se targuer de l’ignorance des faits consignés dans
le rapport de nos enquêtes, cela s’appelle tout simplement de l’hypocrisie dans la mesure où ces représentants sont régulièrement à l’est du pays pour coopérer avec la MONUC dans le cadre de la
politique d’accompagnement des efforts du gouvernement congolais pour sortir de la crise. C’est
dire que ces représentants côtoient chaque jour ces sociétés
multinationales et voient s’accomplir à longueur des journées les
différentes transactions entre elles et les rebelles
. » (Lire
Discours de son Excellence Thambwe Mwamba, Ministre des Affaires
Etrangères de la République Démocratique du Congo au somment
extraordinaire de l’Union Africaine, Tripoli, 31 août 2009. Nous
soulignons)

Or, le plus grand soutien des rebelles à l’est du Congo, c’est le Rwanda, (l’ami des U.SA. et de la Grande-Bretagne). Cela lui a coûté la rupture de sa coopération bilatérale  avec certains de ses partenaires extérieurs (Norvège, Pays-Bas, Suède, Canada, etc.) Il a recyclé certains de ces rebelles avant de les déverser dans l’armée congolaise. Celle-ci est plus qu’un Cheval de Troie.

Avoir
toutes ces preuves et prétendre que le Rwanda ne constitue plus un
problème pour le Congo est un leurre ou un témoignage de complicité. Et
puis, sur ce point, les violons ne s’accordent pas entre Kinshasa et
les populations de l’est de notre pays. Ces dernières estiment que le
gouvernement Congolais est agonisant pendant que le peuple Congolais ne
s’avoue pas vaincu par l’occupation frauduleuse de son pays par le
Rwanda et ses collabos congolais. A l’est, nos populations notent que
« le problème qui s’est ajouté à l’occupation de la RD Congo est la
rupture entre le gouvernement et le peuple Congolais (…) L’origine de
cette rupture consommée est le pacte secret conclu entre l’ennemi et le
gouvernement congolais à l’insu du peuple congolais et de ses
représentants. Les députés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu l’on dénoncé
plus d’une fois par leurs mémos au gouvernement, des mémos qui sont
restés lettres mortes. Depuis lors, le gouvernement congolais voit la
victoire là où le peuple congolais voit l’échec. Là où il voit la fin
de la guerre, le peuple congolais voit la poursuite de la guerre avec
plus d’intensité qu’avant. » (Lire Milles raisons de se méfier de l’Africom en RDC
sur le site de Benilubero) Donc, quand Alexis Thambwe Mwamba estime que
le Rwanda ne constitue plus un problème pour le Congo et qu’il donne
comme preuve de cette allégation « la normalisation des
relations ponctuée par l’échange des Ambassadeurs », il ne nous dit pas
si ce pays à renoncer à la sous-traitance. Si les représentants des
pays dont les multinationales pillent les matières premières de notre
pays poursuivent des transactions à longueur des journées avec leurs
courtiers et les rebelles à l’est de notre pays comme l’avoue notre
Ministre, le Rwanda demeure encore un problème pour le Congo.. Kakule Mathe, l’auteur de l’article intitulé Milles raisons de se méfier de l’Africom en RDC semble avoir mieux perçu ce qui se passe chez nous
qu’Alexis Thambwe Mwamba. Il partage le point de vue de Jacques Hogard
sur l’avenir de notre pays et sur celui de la région des Grands Lacs. A
cette question : « Beaucoup des gens croient que l’arrivée au pouvoir
de Barck Obama va changer la politique américaine. Croyez-vous que cela
va être le cas en Afrique, dans la région des Grands Lacs ? », Jacques
Hogard répond : « Je crois que passé le temps de l’obamania, on
découvrira qu’Obama est un Américain qui défend avant tout sans
scrupules les intérêts américains, quelles que soient les qualités de
l’individu lui-même. (…) Hillary Clinton, le nouveau Secrétaire d’Etat,
reste l’épouse de Bill Clinton qui, Président, a soutenu activement
Museveni (le maître de Kagame). Je ne pense pas que les choses vont
s’arrêter mais, au contraire, qu’elles ne font que commencer.
L’Administration Clinton est de retour ! » Qui a entendu Hillary
Clinton faire la même déclaration que Paul Kagame lors de leur dernier
séjour en RD Congo ne peut douter du retour de l’Administration Clinton
dans les Grands Lacs. Oui. Sans une justice juste sur ce qu’il y a eu
dans les Grands Lacs depuis plus d’une décennie, le Rwanda sera
toujours un problème pour la RD Congo. Dieu merci ! Les Congolais, dans
leur immense majorité, ont décidé de
résister à cette guerre d’usure profitant aux oligarchies interraciales
mondiales. Espérons que la misère matérielle des filles et filles de
notre peuple n’entraînera pas, à terme, une grande misère symbolique et
spirituelle dont cette guerre d’usure pourra faire le lit. Elle finit
par vaincre les esprits faibles en les conviant à la mangeoire. Elle
use le moral et enchaîne les esclaves volontaires.

 

J.-. P. Mbelu

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.