«L’histoire secrète de Kimpa Vita» (Freddy Mulongo, Réveil FM, 30 10 09 )

Kimpavita, 300 ans ( 02 juillet 1706-02 juillet 2006) BD Serge Diantantu

La nouvelle œuvre de Dieudonné Nkounkou retrace la vie de la jeune
fille de la noblesse kôngo, ancienne disciple des antoniens. Elle met
en lumière, notamment la défaite de Mbwila, les appétits politiques et
l’activisme subversif des Portugais, qui entament l’unité du royaume
Kôngo.

Kimpa Vita, de non vrai nom Béatrice Ndona, est investie d’une
haute mission: la restauration de la capitale Mbanza Kôngo, afin d’y
ramener les populations et les prétendants au trône du royaume, et,
ensuite, procéder à l’élection du roi qui se verrait remettre les
attributs de la royauté.
Roman historique, L’histoire secrète de Kimpa Vita est bâtie avec ce
qui appartient à tous, afin qu’elle soit plus proche de chacun.

Dieudonné
Nkounkou a réalisé une dynamique fresque historique sur la monarchie
kongo du 15è siècle, ses luttes intestines, ses rites d’institution du
pouvoir et sa volonté de s’affranchir de l’occupation portugaise.

L’héroïne,
Kimpa-Vita, présente les mêmes caractéristiques revendicatrices que la
Pucelle d’Orléan (Jeanne d’Arc) ainsi que le destin métaphysique dont
la crémation sur sur le bûcher expiatoire n’est qu’une transition vers
une ascension spirituelle.

La rédaction de Réveil-FM remercie Mr.Simao Souindoula,
Directeur de l’International Networking Bantulink
C.P. 2313 Luanda (Angola)
Tel. : + 244 929 74 ++++ qui nous a transmis ce texte depuis l'Angola.

«L’histoire
secrète de Kimpa Vita» est le titre du roman que le congolais de la
rive droite du fleuve Congo, Dieudonné Nkounkou, vient de publier, à
Paris, dans une dynamique visiblement irréversible liée à la mise en
œuvre, au milieu de la dernière décennie, du programme de
revalorisation des grandes figures historiques de l’Afrique centrale,
orientale et australe, menée par le Ciciba (Centre International des
Civilisations Bantu).

L’auteur restitue, sous une écriture précise, le contexte
d’émergence et de l’incroyable développement de ce schisme, celui de la
grave crise sociale et politique que vivait l’ensemble fédéral, avant
et après la fatidique bataille d’Ambuila, survenue en octobre 1665.

Nkounkou, notoirement influencé par l’implacable réappropriation
historique menée, dans les années 70, par le régime marxisant de
Brazzaville, qui avait apposé, sans état d’âme, le nom de la jeune
prêtresse kongo à une école chrétienne, met en relief la perception
africaine des Evangiles.

Et, c’est cette lecture, associée au contexte historique de la
tragique deuxième moitié du XVIIème siècle au Royaume, qui consolidera
la puissante faction syncrétique de l’adolescente kongo, secte qui
tolérera la poursuite de l’intégration de la croix (kulunsi) dans les
nkisi, son utilisation par les nganga et la continuation des rituels
secrets tels le kimpasi.

L’homme de lettres, avocat de profession, mais sorti du bloc
anthropologique kongo, est aussi sensible, à l’image des généreuses
relectures qui ont surgi ces dernières années sur la «Sainte Noire», à
la dimension mystique de son épopée. Il plante les racines spirituelles
de l’inattendue jeune fille dans ses fonctions de sacerdote du fameux
culte «marimba do kongo» et y tire le titre de son livre.

Kimpa Vita est donc munie de puissances silencieuses qui lui permet de
favoriser la fécondité, grâce à la bénédiction de Saint Antoine, de
soigner les malades et d’aider aux bonnes récoltes dans des
irrésistibles campagnes de complète africanisation du christianisme.

Prophétesse ardente

Le romancier rend tout le symbolisme anthropologique du port par les
Antoniens, des feuilles, du nsanda (Ficus psilopaga), ce solide arbre
synonyme de puissance. Pour lui, la puissance secrète de l’hérétique,
fondée sur le culte des ancêtres (nkulu) et les forces de nature (nsi),
ne pouvait qu’être anéantie, suivant les croyances ténébreuses de
l’Inquisition, par le feu.

Et, c’est ce qui arrivera à la jeune apostate qui, sous la forte
pression des Pères italiens Bernardo da Gallo et Lorenzo di Lucca, sera
mise au bucher, un certain 2 juillet 1706, à Evolulu, dans les environs
du premier plateau de Mbanza Kongo.

La publication de l’œuvre de Dieudonné Nkounkou sur cet extraordinaire
personnage de l’histoire de l’Afrique centrale au XVIIème siècle,
survient après d’autres initiatives littéraires et artistiques, notées,
ces dernières années, surtout en Angola, qui abrite, aujourd’hui,
l’historique ville de Mbanza Kongo.

L’on citera, à cet effet, le génial roman du regretté anthropologue
angolais Henrique Abranches, «Misericordia para o Reino do Congo» et la
flamboyante pièce de théâtre du brillant Jose Mena Abrantes, «Kimpa
Vita, une prophétesse ardente ».

Enfin, l’on notera, que la jeune Africaine, sortie du moule initiatique
du «marimba do kongo», a été pressentie, naturellement, comme l’une des
grandes figures du monde noir, qui entreront dans le Musée du Souvenir
de Dakar, ce Panthéon de l’espace des «Damnes de la Terre», qui sera
inauguré, en décembre de l’année prochaine.

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