04.10.09 Le Soft: L'interview testament au «Soft» du ministre de lÉconomie André-Philippe Futa mort à Paris
André-Philippe
Futa Mudiumbula Tshitumbu Tshipadi dans les bureaux du «Soft
International» lors de l'interview. Il est «mort dans son sommeil»,
selon ses proches. PHOTO LE SOFT NUMÉRIQUE.
Selon des sources familiales, le ministre, âgé de 63 ans, a été emporté
par une crise cardiaque alors quil dormait dans sa chambre dhôtel.
Cest une grande perte pour la famille politique du Chef de lÉtat dont
le ministre était une figure de proue après avoir été le premier
Coordonnateur de la Majorité Présidentielle AMP.
Ces dernières semaines, le ministre était secoué par plusieurs affaires
de politique interne. Il était visé par diverses interpellations à la
Chambre basse du Parlement et des Députés avaient critiqué ses
décisions dans la gestion de l'affaire OCC, Office de Contrôle à
l'Import/export, et notamment dans une affaire de riz avarié.
Originaire
du Kasaï Oriental, André-Philippe Futa (en réalité Mfuta) est un ancien
de Kikwit, Kwilu-Bandundu, où il fit ses études, et où sa famille
cheffale du clan Diishi fut reléguée à la suite dune dispute avec un
autre clan, l'administration coloniale belge ayant estimé,
explique-t-il au «Soft International», que «ma famille était une
famille trouble-fête».
Né à Miabi, province du Kasaï Oriental, ce Docteur en Économie est un
ancien fonctionnaire de la BAD (Banque Africaine de Développement)
avant dentrer en politique au lendemain de la mort du président
Laurent-Désiré Kabila.
André-Philippe Futa Mudiumbula Tshitumbu Tshipadi fait son entrée en
2001 au sein de la première équipe gouvernementale formée par le
président Joseph Kabila Kabange et abandonne le gouvernement 1+4
plusieurs mois après les accords de Sun City. Il est alors ministre des
Finances.
Maçon et grand officier de la Grande Loge Maçonnique de France,
André-Philippe Futa Mudiumbula la affirmé, pour la première fois à
notre journal, dans une interview datée du 7 mars 2006 qui sonne comme
un testament.
Il faisait alors part de son réseau de solidarité dans le monde pour parvenir à ses fins. Lesquelles?
Être Premier ministre de R-dC, après avoir décidé de ne pas se porter candidat Président de la République.
Il sortait du congrès de son parti PANU (Parti National de lUnité) au
lendemain de son départ du gouvernement 1+4. Le congrès du PANU venait
de lélire au poste de président national. Il en avait longtemps été
linitiateur.
Ci-après, linterview que cet ancien ministre qui échoua de se faire
élire Député aux élections générales, mais pu obtenir le mandat de
Sénateur avant de regagner le gouvernement au poste peu envié à ses
yeux de ministre de lÉconomie et du Commerce extérieur.
Nous sommes le 7 mars 2006, interview parue dans «le Soft
International2», Éd. datée du 8 mars 2006, n°851.
«Dans la vie dun homme, il y a des étapes qui déterminent le
cheminement de son destin. Cest vrai, jai mené une carrière
internationale dexpert connu dans les milieux des Finances
internationales. Et cest ça qui était mon destin premier. Bien sûr,
cela ne mempêchait de penser à mon pays. Chaque fois que je visitais
dautres pays, et que je faisais un tour par ici, cela minterpellait.
«Vous êtes fils de ce pays, vous avez eu la chance davoir un parcours
universitaire brillant» – on me le répétait souvent. «Et vous avez une
expérience, votre pays avance à reculons. Quelle est votre
contribution?» Ce sont des questions quon me posait sans cesse. Alors
quil me restait deux ans pour prendre ma retraite, le président Kabila
a fait appel à moi. Je suis revenu au pays. Et cela ma fait grand
bonheur de travailler comme technocrate en moccupant des questions
liées aux rouages de lÉtat».
«Peu à peu, je suis devenu un homme politique parce que je gérais des
intérêts des groupes divers. Je crois quen cinq ans de pouvoir, jai
joué un grand rôle aux côtés du président Kabila. Jai vraiment nourri
une certaine ambition, celle de servir mon pays. Jen suis ainsi arrivé
à créer le parti politique dénommé Parti National de lUnité, PANU. Ce
parti est là aujourdhui. Lon ne peut être initiateur dun parti
politique sans être un homme politique».
Cest André-Philippe Futa qui parle ainsi au «Soft International» quand
lon veut savoir comment a-t-il sauté des Finances – où il était avant
tout technocrate – pour plonger dans la politique?
Votre parti vient de tenir congrès. On vous attendait logiquement candidat à la présidence de la République! Cest la mode…
Je veux répéter ce que jai toujours dit: il est vrai quun parti est
créé pour la conquête du pouvoir. Mais ma conception du pouvoir ne se
trouve pas dans le fauteuil. Jessaie dobtenir un quantum dinfluences
dans les rouages de lÉtat pour influer sur les grandes décisions.
Cest ça le pouvoir.
Or ce quantum, vous pouvez lavoir du moment où vous avez réussi aux
élections locales, en contrôlant les villes de ce pays. Si vous faites
mieux et que vous avez trois ou quatre provinces pour votre parti, cela
vous donne encore plus. Si votre mobilisation et votre parti sont
organisés de manière à avoir une certaine efficacité et que vous avez
le pouvoir au niveau de lAssemblée, cest encore un grand pouvoir. Ma
démarche, cest de ne pas nécessairement viser un fauteuil.
Le fauteuil vient avec le concours de circonstances. Cest ainsi que
jaime me laisser au destin, et travailler pour aller dans un sens
daffirmation de notre volonté et de nos ambitions. Exclure lobsession
dun fauteuil.
Vous seriez plutôt Premier ministre!
Un candidat Premier ministre! Pourquoi pas? Le dire ne suffit pas. Il
faut avoir les moyens de le devenir. On ne peut être Premier ministre
dans une démocratie sans avoir rassemblé la majorité parlementaire. Si
nous travaillons bien comme parti et que nous nous inscrivons dans une
plate-forme qui gagne, là, cest une ambition légitime pour devenir
Premier ministre.
Je ne manque pas datouts: expertise, compétence, potentiel de
réussite, etc., oui, je crois que nous avons tout cela pour ce poste.
Mais politiquement, il faudrait que toutes ces pièces se mettent
ensemble afin de rendre lambition possible. Je crois que je dois être
sincère, cest peut-être lobjectif politique que je peux viser.
Comment pensez-vous y arriver, concrètement?
Dès que nous avons quitté le gouvernement, vous nous avez vu effectuer
une tournée à travers tout le pays. Il sagissait dabord de me rendre
compte de la santé de mon parti, au niveau de limplantation et de la
mobilisation, et aujourdhui je suis très heureux de dire que notre
parti présente un profil de parti émergeant.
Je ne peux parler en termes de grand parti, mais cela viendra à partir
de la sanction du vote. Parti émergeant mais qui ne peut gagner tout
seul aux élections parce que le paysage politique est assez atomisé.
Dans notre pays, on compte plus de 238 partis politiques officiellement
reconnus par le ministère de lIntérieur. Dans un paysage aussi
atomisé, aucun parti politique ne saurait gagner seul la majorité
simple et se voir confier la majorité parlementaire. Il faut déployer
le jeu dalliances. Et nous travaillons dans ce sens.
Peut-on savoir dans quelle alliance allez-vous faire partie, et avec quels partis?
Je suis à laise. Dailleurs, je ne crois pas que nous ayons assez de
temps pour faire des faux-fuyants sur certaines questions stratégiques.
Nous voulons mettre en place une plate-forme qui va sappeler
«Lipanda»: Ligue des Patriotes Nationalistes pour la Démocratie
Apaisée. Cest une plate-forme qui va compter au moins une dizaine de
partis.
Nous avons dores et déjà produit un projet de charte qui déboucherait
sur un programme commun. Dans une ou deux semaines, nous allons nous
retrouver avec ces partis politiques pour lancer ensemble Lipanda,
indépendance en Lingala.
Avec quels partis?
Je ne peux pour le moment
vous répondre. Connaissant la classe politique de notre pays, je ne
peux aller trop vite en besogne. Mais lidée est là.
À votre Congrès, le parti de la majorité présidentielle française UMP
était là. Comme il était là, à Kinshasa, lors du congrès du MLC et de
celui du PPRD. Cela fait un peu désordre, non. LUMP vous pousse-t-elle
à vous mettre ensemble?
Le PANU est un parti centriste. Nos amis de lUMP sont des Libéraux,
comme nous. Nous avons quelques bases philosophiques communes. Je
compte beaucoup damis dans les rangs de lUMP par le fait de
circonstances et de lhistoire. Nos chemins se sont croisés. Ils me
connaissent. Ils apprécient ma pensée, mon approche politique.
Comment expliquez-vous la présence de lUMP au congrès du MLC, autant quà ceux du PPRD et du PANU?
Je me dis que ce sont des relations personnelles, dhomme à homme, qui
agissent dans ce genre de questions. Je ne suis pas sûr que pour les
autres, le lien porte sur une base idéologique, je ne crois pas. Si
vous voyez bien lUMP et le PPRD, je ne pense pas quil sagisse dun
même filon idéologique. Par contre avec le MLC, il y a quelques
similitudes. Le MLC a déclaré que sur le plan idéologique, ils se
mettent au centre. Le MLC et le PANU se retrouvent un peu dans le même
moule idéologique.
À ce que je sache, lUMP nest pas un parti centriste? Il est plutôt un parti de droite…
Mais cest avant tout un parti libéral. Moi je dis toujours que le
parti cest comme lhomme. La main droite, cest la main droite, cest
le capitalisme sauvage; le coude, cest à peu près le libéralisme tout
court. Vous venez à lépaule, au centre, vous êtes effectivement
centriste. De lautre côté, cest le communisme sauvage. Et au coude,
ceux qui disent sociale démocratie aujourdhui. Moi, je crois que le
PPRD est un peu plus loin de lUMP. Le PPRD est un parti de gauche. Il
a proclamé quil fait de la sociale démocratie.
Il suffit de voir leur enracinement, cest une œuvre de continuation du
feu le président Laurent-Désiré Kabila. Lui-même, comme personne, vous
savez dans quelle loge il était idéologiquement allié.
Pas de démocratie?
Quils nous le disent! Ils le disent dans leur projet de société. Mais
cest vrai, sur le terrain, ils ont quand même subi linfluence des
gens comme nous, les Libéraux.
Vous vous êtes-vous senti très vite mal à laise?
Tout au début, oui. Je me suis senti mal à laise par rapport aux
programmations des uns et des autres. Je suis de ceux qui pensent que
le Chef de lÉtat vit un parricide culturel.
Parricide culturel! On vous sait plus proche du fils que du père. Comment expliquer cela?
Jai trouvé chez lui un sens découte le jour de notre premier contact.
Jai trouvé dans le fils, la patience qui est une énergie pour la
reconstruction. Si vous navez pas la patience, vous ne parviendrez pas
à construire. Jai trouvé aussi en lui un sens de lessentiel, il ne
séparpille pas dans beaucoup dautres activités et des tâches qui
épuisent lénergie et éloigne de lobjectif stratégique.
Cela ma beaucoup impressionné chez lui. Quand jai vu cela, je me suis
dit étant donné son âge et le mien, il me fallait jouer un peu le rôle
de protecteur intellectuel en quelque sorte. Pas du tout de protecteur
politique. Jai voulu dabord que mon rôle autour de lui soit celui de
lélévation intellectuelle.
Et soudain, vous avez été évincé. Cela fut tout de même une surprise?
Moi, je nétais pas surpris.
Vous le protégez, il vous protégeait…
Cest cela en quelque sorte.
Le Chef de lÉtat a fini par lâcher son protecteur. Comment expliquer cela?
Je nappelle pas ça lâcher. Parce que beaucoup dévénements qui se
déroulaient depuis que je suis revenu au pays montraient bien quil ma
toujours protégé contre dautres velléités qui sexprimaient autour de
lui en termes des réseaux dinfluence. Il fut un temps où il me faisait
jouer des rôles très importants et cela faisait monter en puissance
lanimosité des uns, la jalousie des autres. Et moi aussi par mon
esprit dindépendance, javoue ne pas lui avoir facilité la tâche. La
décision de créer mon propre parti politique nétait pas pour faciliter
les choses.
Comment en êtes-vous arrivé à cela – créer un parti politique – alors
que vous étiez à un poste stratégique au sein de lalliance PPRD!
Je le savais. Mais sincèrement, je dois avouer aujourdhui que je ne
suis ni audacieux, ni trop téméraire. En quelque sorte lidée était là.
Jai dit à tous que je nétais pas daccord quant à la façon dont le
PPRD a été monté. On ma appelé à plusieurs reprises pour signer lacte
fondateur du PPRD – jai refusé.
Et puis, il y a des gens qui disaient au Président: «Votre ministre ne
peut pas nous faire ça!» Un jour, lui-même ma posé la question. Jai
répondu que si jentrais dans le PPRD ce serait sans aucun doute faire
montre dhypocrisie. Parce que ni sur le plan de lidéologie ni sur le
plan de personnalités qui engagent ce parti, je ne me sentais à laise.
Alors fallait-il dire que jétais PPRD parce que jétais ministre des
Finances? Cétait me renier. Je gênais peut-être mais je tenais bon.
Vous acceptez doccuper un poste qui appartient à une composante dont idéologiquement vous ne vous sentez pas proche…!
Rappelez-vous que jétais appelé au gouvernement avant le 30 juin 2003.
Je suis entré au gouvernement en 2001. À lépoque, il ny avait pas
encore de notion de composante. Même en 2003, on parlait plutôt de la
composante ex-Gouvernement, non du PPRD.
Le Chef de lÉtat a fait venir autour de lui des personnalités qui
nétaient pas nécessairement PPRD. Cest une erreur dassimiler tout le
temps le PPRD à lancien gouvernement. Mais entre 2001 et 2003,
lappareillage et le rouage de décisions politiques incluaient des gens
qui nétaient même pas au sein du gouvernement mais qui avaient une
grande influence dans les décisions de lÉtat. Cest effectivement
après 2003 que le PPRD est devenu une sorte de machine parce implantée
un peu partout.
Ils ont prétendu que le poste de ministre des Finances appartenait au
PPRD. Dès quils mont dit cela, jai voulu le libérer séance tenante,
lors dune réunion mémorable où tous les caciques de ce parti étaient
là, en présence du Chef de lÉtat. Le Président avait peut-être
convoqué cette réunion expressément. Il voulait débattre de cette
question. Alors jai dit: «si vous me dites que joccupe un poste qui
revient au PPRD, je le libère pour moccuper de mon parti». Jai remis
ma démission.
Monsieur le Ministre, on vous dit Franc-maçon…
Je vais vous dire: ce nest pas une honte aujourdhui. Je suis
Franc-maçon et pas le moindre. Je suis Grand officier de la Grande loge
nationale française.
Cest ce qui vous rapproche de la France?
Pas
seulement de la France. Ceux qui connaissent notre obédience vous
diront que nous devrons être beaucoup plus proches de lAngleterre. En
réalité, jai des amis partout dans le monde.
Cest la première fois que vous le dites?
Cest
la première fois que moi-même jen parle à la presse. Parce vous mavez
posé directement la question, alors je réponds directement.
Vous nétiez pas obligé de répondre…
Moi je nai pas peur den parler. Le secret nest plus ce quil était hier. Les choses ont évolué.
Quest ce que cela représente pour vous être Franc-maçon, Grand Officier de la Grande Loge nationale Française, en R-dC?
Tous les Grands maçons de lobédience à laquelle jappartiens sont
fiers de lêtre. Les grands savants de ce monde ont tous été presque
maçons. Jai atteint le dernier degré de la Maçonnerie. Jai initié
beaucoup de chefs dÉtat. La Franc-maçonnerie, cest lécole de
lexcellence. Elle ma beaucoup apporté en termes dexigence morale et
intellectuelle. Il y a des contrevérités qui circulent autour de la
Franc-maçonnerie. Lobédience à laquelle jappartiens nous oblige à
croire à Dieu et à le servir.
Que peut-on retenir de votre passage comme gouverneur de la Banque mondiale?
Je savais que javais la responsabilité de la politique économique de
mon pays, un État en situation post-conflit, avec une économie
déséquilibrée et désarticulée. Jai largement contribué à la mise en
place du programme économique actuel, depuis le temps où jétais
ministre de lAgriculture.
Jétais bien outillé pour défendre la politique économique de mon pays
et aussi celle de nombreux pays africains. Cest ainsi que lorsquil
sest agi de désigner un gouverneur africain, la plupart de mes
collègues africains, même européens et américains ont pensé à moi. Ils
ont écrit au Chef de lÉtat pour ce faire. Celui-ci a présenté mon
dossier.
La corruption, une malade endémique qui ronge le secteur de léconomie
et des finances en R-dC. Vous le saviez quand vous étiez aux affaires.
Quavez-vous fait pour y remédier?
La corruption, jai peur de le dire, mais cest devenu un simple fait
de société. Alors, ce nest pas seulement sous langle économique et
financier quil faut le traiter. Cela nécessite une intervention sur
différents angles politiques en vue darrêter le fléau. Il y a dautres
voies de solutions purement juridiques et judiciaires. Un ministre,
quelque soit sa compétence, ne peut faire grandchose en cette matière.
Il nira jamais loin. Il faut faire des innovations pour arrêter le
fléau. Il faut un effort collectif.
Que voulez-vous dire? Avez-vous rencontré des obstacles dans vos fonctions en rapport avec une ambition dinnovations?
Le dire ainsi serait malhonnête. Le programme dont javais la
responsabilité avait des éléments innovateurs de lutte contre la
corruption. Cest le cas de la chaîne de la dépense. Croyez-moi ce
nétait pas facile de mettre ce système en place! Le ministre que
jétais était lordonnateur du Trésor. Je pouvais engager les dépenses
et les ordonnancer, la loi me le permettait.
Mais jai dit non. Cest ce pouvoir exorbitant qui a rendu folles
certaines personnes. Moi, je décidais de ne pas autoriser des dépenses
que je navais pas engagées. Jai voulu que lengagement ne soit pas
seulement une procédure du Trésor mais également une procédure
budgétaire. Donc, jai fait une concession de taille. Tout ça était
dans lintention dinnover. Je naime pas travailler dans les urgences.
Jai toujours refusé dêtre surpris par des urgences.
Est-ce le régime daustérité que vous avez engagé qui vous a coûté votre poste?
Non ce nest pas dans les dépenses que jai eu des problèmes. Cest
dans les recettes. Rappelez-vous la lutte que jai menée pour que
nombre de recettes de lÉtat éparpillées ça et là soient canalisées
vers le seul Trésor.
Je nai pas hésité à écrire au Chef de lÉtat et à lui dire que la
remise en cause de la loi budgétaire qui visait à récupérer des
recettes et à les canaliser ailleurs était de nature à nous créer des
problèmes. Ce sont des personnes qui sont dans lombre qui mont créé
le plus de problèmes.
Quelle chance donnez-vous au PÉG et, par conséquent, au point dachèvement?
Il y a des signaux qui montrent que nous nallons pas atteindre le
point dachèvement prévu normalement fin 2006 dans le calendrier
initial. On la vu avec la dernière mission du FMI, chacun avait son
rapport. Le point dachèvement ne saurait certainement arriver quen
2007 ou en 2008.
Avec quelles conséquences?
Des conséquences énormes. Nous risquons de revisiter le PÉG, de lui
donner des nouveaux objectifs – ce qui serait vraiment dommage parce
que là, nous ne donnerions pas limpression que nous sommes dans une
dynamique évolutive. Nous traînons quelque part les pieds.
Avez-vous un commentaire à faire sur laffaire Olivier Kamitatu qui fait actuellement rage?
Nous parlons beaucoup au nom du droit et de lÉtat de droit. Et
quelques fois au nom de la politique. Il y a un domaine où nous ne
faisons aucun effort. Il sagit du domaine de morale, de conscience. Je
dis avoir de ladmiration pour mon ami Vincent de Paul Lunda- Bululu.
Quand il a quitté le MLC, il a rendu le mandat. Il nest pas question
de dire que je suis tel ou tel, que je suis couvert par telle ou telle
loi. Votre conscience doit vous guider, sachant que vous avez causé du
tort à un groupe. Cest regrettable.
À loccasion du congrès de votre parti, de votre nomination comme
président du PANU, quavez-vous à dire alors que le pays se trouve à la
veille des élections générales?
Je formule le vœu, celui de voir dabord les militantes et militants
prendre conscience de la grandeur de la lutte que nous menons, dêtre
convaincus de ce que nous faisons parce que ils étaient si loin de
nous. Ils nentendaient nos propos que de loin.
Et maintenant quensemble nous nous retrouvons, je suis sûr que ce
congrès va leur donner un esprit de corps. Et ils vont pouvoir rentrer
dans leurs bases respectives avec une nouvelle vigueur pour mobiliser
davantage afin de remporter des élections futures. En ce qui concerne
le sort de notre pays qui ne peut quêtre défendu par des partis comme
le nôtre, nous souhaitons que le PANU se mette ensemble avec dautres
partis qui ont sans doute reconnu sa puissance lors de ce congrès.
Nous créerons cette plate-forme dont je parlais, Lipanda, de telle
manière que nous puissions ensemble gagner des élections. Pas seulement
pour notre triomphe, mais les gagner pour quau moins le pays puisse
avoir pas seulement des dirigeants compétents mais également moralement
engagés avec un sens de civisme et de patriotisme afin de changer tout
ce qui ne va pas dans notre pays. Je prie Dieu pour quil nous aide
dans cette entreprise-là. Que son inspiration soit avec nous afin que
les choses évoluent bien autant pour nous que pour notre pays, parce
des petits incidents peuvent nous conduire à des crises inutiles. Jen
appelle au patriotisme, à la conscience de tous les acteurs politiques,
les leaders dopinion afin que nous regardions tous dans la même
direction pour faire avancer le processus électoral. Et que nous ayons
nos élections.
Vous avez dit élections?
On voit bien que nous nallons pas respecter le délai constitutionnel.
Mais je crois fermement à la tenue à des élections. Nous ne devons pas
nous perdre parce que nous navons pas respecté le calendrier. Nous
pouvons ajouter deux ou trois mois, mais il faut que nous soyons
rassurés après cette prolongation, nous aurons effectivement des
élections, des nouvelles institutions.
Pour ce faire, ne faudrait-il pas une redéfinition du jeu politique?
Je suis de ceux qui pensent que puisque le délai du 30 juin ne sera pas
respecté, il faudrait nécessairement revisiter le consensus. Car ce que
nous avons fait nétait pas toujours parfait, il y a encore du chemin à
faire. Comment nous pouvons le réussir? Qui peut venir encore renforcer
notre élan? Cela doit se discuter dans un consensus. Avec quelle
feuille de route? Dans le cas où la prolongation dépasse les trois
mois, si nous pouvons avoir de nouvelles institutions quen octobre, il
nous faut trouver un nouveau consensus.
On vous a vu entamer votre première tournée à travers le pays par Kikwit, quelle signification donner à cela?
Kikwit, cest ma deuxième ville dadoption. Jai fait mes études
secondaires à linstitut Saint François Xavier. Mais je suis arrivé là
par hasard. En 1910, ma famille qui était une famille cheffale du clan
Diishi a été reléguée dans la province de Léopoldville dalors, à la
suite dune dispute avec un autre clan. Les colons ont estimé que ma
famille était une famille trouble-fête. Et le site qui a été trouvé
était Idiofa. Mon père a grandi là-bas. Il y fera des études et
trouvera du travail. Il était le premier cadre de la Compagnie de
lÉquateur et du Kasaï, CKE.
Quand il a eu sa retraite en 1955, il a regagné le Kasaï. Mais il a
tenu à ce que je poursuive mes études dans la province de Léopoldville
qui réunissait à lépoque lactuel Bandundu et le Bas-Congo, où je suis
allé poursuivre mes études. Suite à lacculturation, mon nom qui
commençait par la lettre «m», Mfuta avait son initial pour devenir
Futa. Mais mes expériences denfance, mes amis les plus proches, ceux
qui mont connu sont tous de Bandundu. Et ils sont nombreux.
Et vous en parlez aussi la langue?
Jai longtemps parlé. Mais les 30 ans que jai passés à lextérieur
mont fait perdre les langues du pays. Aujourdhui, jessaie de
reparler les quatre langues du pays. On ne peut pas me critiquer. Dans
une conservation, je chercherais quelques mots. Je peux donner des
discours en quatre langues en lisant bien. Bientôt je veux davantage me
retrouver, aussitôt que je retombe dans le bain à Kikwit ou ailleurs.
POLD KALOMBO. |
lesoftonline.net 01/10/2009
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