07.10.09 Le Potentiel: Cinq questions à Zéphyrin Kasindi Yumbe Sulbali, par Albert tshiambi

 

1. Depuis quelque temps, la coalition au pouvoir ne semble
pas avoir le même langage quant à la gestion du pays. Etes-vous de cet
avis?

En réalité, la vie politique comme toute vie, est dynamique et
cherche à tout moment à retrouver l’équilibre constamment perdu. Les
structures politiques doivent être des laboratoires permanents des
transformations positives pour le bien-être du peuple, sinon, sans
souhaiter leur mort, ils signent leur certificat de décès. Les
gesticulations des hommes politiques sont comme les indicateurs de
l’activité politique, montrant les limites des capacités des acteurs et
les besoins d’adaptation à la situation du moment. Les prises de
positions interagissent entre elles de façon variée en établissant
entre opérateurs politiques les relations, soit de cohabitation, soit
de compétition, de prédation ou de parasitisme. La nature est ainsi
faite. Les alliances se font et se défont, et les nouveaux équilibres
s’établissent, rien d’étonnant.

2. Peut-on alors parler de l’immobilisme ?

Mais, il ne faut pas que le cri de l’immobilisme soit lancé et
entretenu pour justifier l’entrée dans les institutions du pouvoir de
ceux qui ont échoué aux élections et qui s’impatientent et s’agitent
dans leur chômage doré. Nous pensons, il est vrai, qu’aucun accord
politique, du reste privé, ne peut justifier l’attitude attentive de la
majorité, alors que le moment ultime et prévisible du désaveu du peuple
approche. A l’autorité morale de l’AMP d’exercer avec tact, sa fonction
de régulation et d’empêcher les loups de se dévorer, en gérant les
frustrations des uns et les attentes des autres.

3. La situation sécuritaire demeure encore préoccupante dans
l’Est de la RDC, malgré les avancées significatives enregistrées ces
derniers mois. Qu’en dites-vous ?

Il faut avouer que nous venons de loin et les efforts
supplémentaires doivent encore être consentis, pas en ordre dispersé,
mais avec l’appui et la compréhension des forces vives, qui aujourd’hui
subissent les effets collatéraux des affrontements sur le terrain. La
réussite de la pacification réelle repose aussi sur la vérité, la
justice, l’équité et surtout l’humilité.

4. Quel est, d’après-vous, le bilan du travail abattu
jusqu’à ce jour par l’Assemblée et que pensez-vous de l’opération «
Tolérance zéro » lancée par le chef de l’Etat?

Vous avez raison de me poser une telle question, parce que, nous les
députés, nous avons des comptes à rendre directement au peuple, avec
qui nous avons signé un contrat social, sinon la sanction nous attend,
contrairement aux ministres. Nous avons donc l’impérieuse obligation de
faire forte pression sur le gouvernement que nous avons investi, pour
la réalisation visible et accélérée des cinq chantiers de la République
sur la majeure partie du pays et les autres actions prioritaires du
chef de l’Etat. Le temps presse. Pour ce qui est du bilan, celui de
l’Assemblée nationale est éloquent, dans sa fonction de légiférer et de
contrôler l’exécutif. La production a été abondante. Parlant de
l’opération « tolérance zéro», nous sommes heureux que le président de
la République ait pris à cœur la question cruciale de la moralisation
de la vie publique, et ait vite compris, comme nous le suggérons depuis
longtemps, que le premier des chantiers, sinon le sixième, c’est
l’homme, c’est le rétablissement de l’homme congolais, dans sa façon de
faire et d’être, dans une éthique morale aux valeurs chrétiennes
solides. Comment peut-on reconstruire le pays, asseoir la paix et la
réconciliation quand les voleurs, les violeurs et les tueurs dorment
tranquillement. Pour réussir, c’est l’homme qu’il faut changer, et en
faire le centre de toute action de développement.

5. La question relative à la révision de l’actuelle
Constitution suscite des discussions dans les milieux politiques
congolais: Quel est votre avis à ce sujet?

La Constitution de la République a été approuvée par referendum
populaire et promulguée, le 26 février 2006 et nous ne pensons pas
personnellement qu’il soit nécessaire, voire urgent, de la retoucher
déjà. C’est une démarche dangereuse, que le président de la République
avait rejetée à son temps. Nous admettons qu’il y a des dispositions
difficiles à appliquer ou qui sont mal rendues ou encore qui obligeront
les institutions à violer la Constitution. La décentralisation, par
exemple, est un processus et l’installation de nouvelles provinces
n’est qu’une étape de ce processus que nous devons absolument réaliser
dans les délais. En quoi nous reconnaîtrons nous notre capacité de
faire et d’affronter les situations difficiles si nous devons commencer
à recourir à des révisions constitutionnelles précipitées. A l’étape
actuelle, il vaut mieux violer collectivement ou individuellement la
Constitution que de se livrer à des révisions dont nous ne savons pas
vers quels ports nous pouvons aller échouer. Il y a déjà eu des
violations de certaines dispositions, nous ne les citons pas, mais nous
les connaissons tous. Et il ne faut pas oublier que la Constitution
verrouille elle-même certaines matières.

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