10.10.09 CNDP: Article de Laurent Nkunda
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VISION DU CNDP : RESTAURER LA DIGNITE DES
CONGOLAIS ET DU CONGO.
Par le
Général-Major Laurent NKUNDA MIHIGO, Chairman.
Un mouvement
authentiquement congolais.
Dans notre pays comme à létranger, daucuns font grief à notre Mouvement
de confiner son combat à la défense de la seule cause des Tutsi congolais. Au
mieux, ils y perçoivent un complexe de persécution communautariste, au pis, ils
soupçonnent carrément une tentation séparatiste. Les plus irréductibles
considèrent même le CNDP comme le cheval de Troie dhypothétiques prétentions
irrédentistes du Rwanda sur le Kivu. Voir ainsi les choses relève soit de la
mauvaise foi, soit de lhypocrisie, soit encore dune ignorance coupable. Aux
tenants de la thèse du cheval de Troie, nous opposons ceci, sans crainte dêtre
contredit : lAFDL et le RCD ont été créés à linitiative du FPR
respectivement en 1996 à REMERA, un quartier de KIGALI, et en 1998 à KABUGA,
dans la banlieue de la capitale rwandaise. Le CNDP, par contre, est né sur le
sol congolais, avec pour promoteurs, des filles et fils du Congo. En 2004, en
effet, dans la plus grande discrétion, mes camarades et moi-même lavons
conduit sur les fonts baptismaux à BWIZA, dans les environs de KITCHANGA, en Territoire
de RUTSHURU, Province du Nord-Kivu. Depuis lors, il na jamais reçu du Rwanda
ni un seul comprimé ni une seule cartouche, ni encore moins une seule directive.
Cest pourquoi, contrairement aux dirigeants des précédentes insurrections
parties du Kivu -à commencer par celle des KABILA père et fils- ni moi-même, ni
mes compagnons de lutte navons nos habitudes hebdomadaires à Kigali. Ainsi,
depuis 2004, la seule et unique fois quon mait brièvement aperçu dans la
capitale du « pays des mille
collines », cest fin 2006-début
Président rwandais Paul KAGAME est devenu officieusement médiateur dans le
conflit armé CNDP-Gouvernement congolais, à la demande expresse et insistante du
Président Joseph KABILA. Son homme de confiance, le Général James KABAREBE,
Chef dEtat-Major des Forces de Défense du Rwanda(RDF), qui est aussi un
confident de longue date du Chef de lEtat congolais, mavait appelé quelques
jours plutôt. Il avait insisté pour me persuader de prendre langue avec un émissaire
de son ancien protégé de lépoque AFDL
en vue de mettre fin aux hostilités en cours au Nord-Kivu. Le 29 décembre 2006,
un hélicoptère militaire de larmée rwandaise vint me chercher à mon QG de
KIROLIRWE, pour aller négocier avec le Général John NUMBI, le 1er
janvier 2007, un « processus de Mixage » avorté
dans les conditions que lon sait.
Ceci dit, le Rwanda est un pays voisin du mien, dont la langue nationale,
la culture et la composition ethnique sont identiques à celles de ma
Collectivité-Chefferie dorigine, le BWISHA. Avec lui, comme avec le Burundi,
mon pays a partagé pendant 35 ans –de 1925 à 1960- un même passé colonial sous
la dénomination de « Colonie du
Congo Belge et du Ruanda-Urundi ». Sil ny avait pas eu la
colonisation, et donc la création de toute pièce, en Afrique, dentités
territoriales totalement nouvelles et artificielles, cest sûr quil ny aurait
pas le Congo daujourdhui. Mais, il y aurait toujours le Bwisha, province
transvolcanique du Rwanda ancien. Par conséquent, les « Banyabwisha » ne seraient pas
congolais, mais Banyarwanda, exactement comme avant la « Convention anglo-germano-belge de 1910 »
relative aux frontières orientales du Congo Belge. Frontières intangibles
conformément à la résolution de lUnion Africaine prise au Caire en 1964 ?
Assurément. Car, pour ma part, jy souscris sans réserve aucune. Pour autant, à
linverse de certains de mes congénères qui vont jusquà dénaturer leurs
patronymes afin de ne pas faire repérer leurs origines rwandaises, je néprouve
aucun complexe face à cette proximité culturelle avec le Rwanda. Panafricaniste
impénitent, jen tire même une certaine fierté.
Ostracisme contre
les Tutsi.
En réalité, que ce soit en RDC, en Afrique ou dans le monde, nombreux sont
ceux qui connaissent parfaitement le niveau élevé dostracisme pratiqué depuis
près de cinq décennies à légard de la communauté Tutsi congolaise. On le doit
aussi bien à lEtat quaux leaders des partis politiques ou des groupements
ethniques congolais. Certes, depuis lindépendance de notre pays, en 1960, le
Tutsi congolais partage avec son homologue Hutu davoir été constamment
contesté dans sa nationalité congolaise dorigine par appartenance. Mais,
contrairement aux Hutu, les Tutsi vivent à lintérieur dun Congo dont pourtant
ils font pleinement partie intégrante, un calvaire identitaire dû à leur seule
particularité phénotypique. Cest dire quils sont pointés du doigt pour
quelque chose dont forcément ils ne sont pas responsables, quils sont
stigmatisés et discriminés, non pour ce quils font, mais pour ce quils sont
ou pour ce dont on dit quils sont.
En vertu de préjugés farfelus établis par des ethnographes coloniaux, son
phénotype a fait du Tutsi, en général, un allochtone illégitime sur le sol des
pays des Grands-Lacs. Cest pourquoi, en 1991, sieur Léon MUGESERA, un
génocidaire rwandais de renom, aujourdhui détenu au Tribunal Pénal
International pour le Rwanda à ARUSHA, a pu sécrier au cours dun meeting du
MRND, le parti de feu Juvénal HABYARIMANA dont il était un des dignitaires
éminents : « Nous allons
raccourcir les Tutsi et les renvoyer en Abyssinie, leur pays dorigine, par le
chemin le plus court, celui de la rivière Nyabarongo (dont les eaux
sécoulent jusquen Ethiopie). Cest pourquoi aussi, nos voisins ethniques en
RDC disent de nous : « ils ne
sont pas bantous, ils ne peuvent donc être des nôtres». Pourtant, nimporte
quel étudiant ayant fréquenté un établissement universitaire sérieux sait, dès ses tout premiers cours dethnologie à
la faculté, quest bantou tout celui dont la langue maternelle est une langue
bantoue. Or, jusquà preuve du contraire, le Kinyarwanda, la langue maternelle
du Tutsi comme du Hutu, au Congo comme au Rwanda, est une langue bantoue.
La vérité est que le brin de racisme ou de xénophobie tapi au plus profond
de chaque être humain murmure constamment à loreille du détracteur du Tutsi que celui-ci na que ce quil mérite.
Parce quil navait quà nêtre pas morphologiquement différent. Sil lest,
cest quil nest vraiment pas congolais et, en tant que tel, il ne dispose
daucun droit au Congo, sauf celui de se taire, de se coucher, de ramper, de
crever ou de partir. Exagération ? Voyez plutôt : en 1993, les
statistiques annuelles publiées par le diocèse catholique de Goma –les plus
fiables à cette époque où déjà lEtat congolais et son administration
senfonçaient irrémédiablement dans la déliquescence- indiquaient que les Tutsi
du Nord-Kivu étaient au nombre denviron 300.000, soit environ 10% de la
population totale de la Province. Démographiquement, ils se rangeaient en 3ème
position, après les Hutu et les Nande, ethnies majoritaires à hauteur de 40%
chacune, mais loin devant les Kano, les Kumu, les Hunde, les Nyanga, les Tembo
et les Twa. Or, depuis 1996, il ny a pratiquement plus de Tutsi congolais au
Nord-Kivu. Dans leur quasi-totalité, ils sont exilés ou réfugiés dans les pays
voisins, principalement au Rwanda. Motif de cet exode massif : échapper
aux terribles génocidaires rwandais ex-FAR/Interahamwe, aujourdhui reconvertis
en FDLR et installés dans notre pays comme en territoire conquis, depuis leur
irruption massive, prédatrice et meurtrière, en juillet 1994. Les rares Tutsi
–de véritables téméraires- qui sont restés ou sont rentrés au pays ont fini par
se regrouper dans les seules parties du
Territoire national où ils se sentent réellement en sécurité, celles sous
contrôle du CNDP. Partout ailleurs, ils ont déserté villes, cités,
agglomérations et campagnes, car ils nont cessé dy être en butte, selon les
endroits, aux exactions de la sécurité militaire, de lauditorat militaire, de
la garde présidentielle, des services de sécurité et dimmigration, de la
police nationale, de ladministration territoriale et des groupes armés.
A longueur des journées, ils y étaient traqués ou rançonnés, pendant que,
face aux FDLR ou à leur couverture congolaise, le PARECO, peu dentre eux ont
miraculeusement survécu. Aux barrières érigées par les FARDC ou par dautres
services de sécurité, les Tutsi sont les seuls quon fait descendre des
véhicules, les seuls qui sont retenus ou dont on retient les pièces didentité.
Généralement, ils ne sont libérés ou ne récupèrent leurs documents que contre
espèces sonnantes et trébuchantes. Ils paient, au propre comme au figuré,
tantôt pour leur faciès, tantôt pour leur réussite économique supposée, tantôt
encore pour leurs ambitions ou leurs sympathies politiques affichées ou
prêtées. Par exemple, ces derniers mois à Goma, des enlèvements suivis de
disparitions, dassassinats ou de réapparitions inespérées ont jalonné la vie
quotidienne de la communauté Tutsi. Dans cette ville, le danger est tel que
plus aucun Tutsi nose y passer la nuit. Pour être à peu près sûrs quils
seront encore en vie le lendemain, tous préfèrent aller se mettre à labri à
Gisenyi, la ville rwandaise jumelle de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Et le Gouvernement dit de la République na pas lair de se sentir
interpellé par une telle situation ou tout simplement nen a cure. Sans doute
parce quil escompte quune ville de Goma vidée de ses Tutsi le réconciliera
avec les groupes ethniques hostiles de la Province. Dans le même temps, le
Gouverneur de la Province a ordonné aux entreprises et aux services publics qui emploient des Tutsi de licencier
quiconque osera braver linterdiction de traverser la frontière pour passer la
nuit de lautre côté. Car, manifestement, le pouvoir qui sévit à Kinshasa –dont
le Gouverneur PALUKU Jullien se veut le thuriféraire- verrait bien Goma devenir
pour les Tutsi congolais une immense prison nocturne où lon pourrait
assassiner en silence, les rideaux tirés et les lumières éteintes. Si les
choses devaient changer positivement au cours des prochaines semaines, ce ne
sera pas le fait dune soudaine bienveillance du pouvoir, mais bien de la dissuasion
due à larrivée annoncée au Nord-Kivu dun corps expéditionnaire rwandais dont
on dit quil vient traquer les FDLR.
La guerre comme
ultime recours.
Le Tutsi congolais est depuis longtemps victime dagressions caractérisées
et répétées alors que, par tempérament comme par tradition, il nest ni rebelle
ni militariste. Alors que, depuis le début de la colonisation jusquen 1996, il
a eu toutes les raisons de se rebiffer. En effet, tout au long de cette
période, il a été lobjet dune violence unilatérale, soit du fait du pouvoir
dEtat, soit du fait des groupes politiques ou ethniques manipulés par le
pouvoir dEtat. Au Nord-Kivu, nous pourrions illustrer cette assertion par la
destitution brutale, en 1919, pour « délit de tutsité », de
NSHIZIRUNGU, Chef de la Chefferie de Jomba et accessoirement mon
arrière-grand-père et de KABANGO, Chef de la Chefferie de Busanza dont la
famille fut reléguée au Bas-Congo. On pourrait ensuite évoquer les différentes
péripéties législatives par lesquelles, cinq décennies durant, la nationalité
congolaise dorigine par appartenance a été constamment manipulée pour essayer
de rendre étrangers ou apatrides les Tutsi congolais. Enfin, il y a la
situation actuelle où tout un peuple est délibérément et cyniquement maintenu hors de la patrie
malgré lui. Avant 1996, le Tutsi congolais était exclu aussi bien de larmée que de la police, sauf à titre
anecdotique. Le colonisateur avait estimé, en effet, quil nen avait pas les
aptitudes physiques et les gouvernements successifs du Congo indépendant
avaient pris cette assertion pour argent comptant.
En 1996, la jeunesse Tutsi navait pris massivement les armes que parce
que poussée vraiment à bout et quil
sagissait-là dun ultime recours pour éviter à la communauté de disparaître en
tant que groupement humain. Moi-même, avant de revêtir le treillis, dans les
années 90, jai dabord enseigné et prêché. Jai longtemps tenu la craie en
même temps que la bible. Ensuite, un jour de ces années noires, jai été
contraint darracher littéralement un fusil des mains dun militaire agresseur.
Pour sauver ma peau ainsi que celle de mes élèves menacés de mort par des
éléments de lancienne DSP de Mobutu déployés à Kitshanga où jenseignais. Depuis,
jai laissé tomber la craie et ne vais plus au tableau noir quépisodiquement
–au training wing – mais jai gardé la bible et nai plus lâché
le fusil. Pour défendre tous les miens : au sens nucléaire du terme, cest
sûr, au sens ethno-linguistique, cest certain, au sens national absolument.
Dailleurs, nos camarades du CNDP issus dautres ethnies partagent sans réserve
la cause des Tutsi congolais. Parce quils approuvent lurgence et la nécessité
de mettre en pratique cet adage ancestral qui incite lépouse prévoyante
« à balancer par de-là la palissade le
bâton qui a servi à battre sa co-épouse ». Car, sil est vrai que, du fait
de tous les régimes passés et présent, les Tutsi congolais demeurent les
souffre-douleur de la « maison RDC », demain nimporte
quelle autre ethnie pourrait à son tour subir les exactions ou les omissions
dun pouvoir dEtat devenu totalement irresponsable. Les Baluba-Kasaï du
Katanga en savent quelque chose, les Hema et les Lendu en Ituri aussi, les
ressortissants de lEquateur ont reçu le coup de semonce avec lagression
contre Jean-Pierre BEMBA et les Bakongo qui payent indistinctement un lourd tribut à lactivisme
du Bundu-dia-Kongo ne démentiront pas.
La cohésion
nationale en danger.
Cest le contexte de toutes ces frustrations rentrées qui favorisa
lémergence du CNDP. Pour lessentiel, sa branche armée était composée
danciens soldats du RCD réfractaires à lintégration de larmée par le biais
du brassage. Ceux-ci étaient interpellés par la situation dramatique qui
maintenait leurs parents hors de la patrie malgré eux et noffrait aucune
perspective crédible de leur rapatriement prochain. Nous nous interrogions, en
effet, sur cette incongruité constituée par notre présence sous le drapeau
national, alors que nous nétions même pas capables doffrir la sécurité à nos
propres proches délaissés par un pouvoir dont nous étions censés être le bras
armé. Tout à coup, nous eûmes le sentiment dêtre des mercenaires dans notre
propre pays et en éprouvâmes un fort dégoût. Nous ne pouvions en aucun cas le
supporter plus longtemps.
Cest pourquoi, en 2004, cest-à-dire bien longtemps avant la fin de la
Transition et bien avant la tenue des élections générales dans le pays, nous
avions décidé secrètement de nous doter dune organisation politico-militaire
rendue publique seulement en 2006. Mais, dès décembre 2004, elle nous avait
déjà permis denrayer, à KANYABAYONGA, loffensive des forces gouvernementales
–environ 10.000 hommes- dont le nom de code était « OPERATION BIMA ».
Comme son nom le suggère et comme le détaillait lordre dopérations, elle
était destinée à défaire les troupes insurgées avant de chasser de
congolaises rwandophones, en premier lieu les Tutsi, et de les expédier « chez elles au Rwanda ».
Heureusement, elle na réussi ni lun ni lautre, mais selon toutes les
apparences, la rancune tenace du pouvoir nest pas près de se dissiper, bien au
contraire.
Dans ces conditions, de quel droit voudrait-on contraindre les Tutsi à
saccommoder, sans broncher, dun pouvoir dEtat qui les ignore, les opprime ou
les donne en pâture aux autres congolais ? Pourquoi ces congolais
devraient-ils faire allégeance à un Etat qui manifestement nen est plus un, tant il les déshonore, tant son incurie
dépasse tout entendement ? Nous nous limiterons à illustrer cette
affirmation par les propos entendus au matin du 02 janvier 2009, sur RFI. Un
député national congolais, par ailleurs ancien ministre des finances sous
MOBUTU-KENGO, déclarait textuellement ceci : « dans la gestion de la chose publique, le Chef de lEtat Joseph KABILA
est un braconnier qui veut se faire passer pour un garde-chasse ».
Déjà en juillet dernier, du haut de la tribune de lAssemblée Nationale, le
même comparait, à juste titre, lExécutif de notre pays à « une équipe sans capitaine dans laquelle
chaque joueur invente son propre jeu ou à un orchestre sans chef au sein duquel
chaque musicien improvise sa propre partition ». Il aurait pu ajouter
que, dans la gestion de la crise de lEst du pays, le Président de la
République se proclame volontiers pompier, alors quil agit en véritable
pyromane.
En effet, lorsquen novembre 2006, le Gouvernement a déclenché les
hostilités contre le CNDP devenu mouvement insurrectionnel déclaré, il y avait
en tout et pour tout au Nord-Kivu 30.000 déplacés internes. Il y en aurait
aujourdhui plus dun million dans les seuls Territoires de Masisi, Nyiragongo
et Rutshuru. Comment en est-on arrivé là ? Par la faute de Joseph KABILA
en personne. Recourant aux services dun trio politicailleur local composé de
SERUFULI Eugène-SENINGA Robert-SEBUJANGWE Bertin, par ailleurs fondateurs de la
branche hutu de la milice PARECO, le Chef de lEtat se mit à remplir les camps
des déplacés par fournées entières. La méthode était simplissime : le trio
sollicite de largent au Président de la République contre promesse de lui
apporter la tête de NKUNDA sur un plateau au terme dune opération militaire
éclair. Celle-ci impliquerait leur propre milice, le PARECO, mais aussi les
FDLR et les FARDC. Au sein de larmée gouvernementale, il serait fait recours
spécialement aux bataillons composés majoritairement de Hutu ou sous
commandement dofficiers rwandophones,
tels les RUGAYI, KAMANZI, HESHIMA et consorts, tous anciens du CNDP censés
connaître ses méthodes de combat. Le trio envoie ensuite des messagers auprès
des populations civiles pour les inviter à fuir le déluge de feu que le
Gouvernement sapprête à déverser sur la rébellion. « Mettez-vous à labri dans les camps situés en zones gouvernementales,
leur disaient les messagers du trio, juste
pour 15 jours, le temps nécessaire à régler son compte à NKUNDA ». Mais, à quatre reprises, ce fut la débâcle de
la coalition. Cétait, néanmoins, suffisant pour saturer les camps avec des
millions de gens innocents, pour donner du travail à des humanitaires au
chômage dans leurs pays respectifs et pour redorer le blason terni dun
président pyromane aux dépens dune insurrection cyniquement et injustement
accusée de tous les péchés dIsraël.
Faillite du pouvoir
dans la gestion du pays.
La RDC est plongée dans un état de faillite générale à cause du leadership
incompétent de Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président de la République, Chef
de lEtat et Commandant Suprême des Forces Armées. Son absence de vision et
dambition pour son pays autrement que par lincantation a fini par faire de
lui lhéritier direct et consentant de lAccord bâclée de SUN CITY, mais
aussi de la Transition chaotique qui en fut lémanation. Comme la plupart des
congolais aujourdhui, le député cité plus haut avait la nette certitude que la
cacophonie était la règle au sommet de lEtat. Et bien entendu rien na changé,
rien ne va changer, malgré le changement à la Primature. En effet, sous lautorité constitutionnelle
de Joseph KABILA, la seule différence entre lancien et le nouveau Premier
Ministre, entre loncle maternel et le neveu, cest lâge. Pour le reste,
« KABILA-MUZITO, ce sera KABILA-GIZENGA » sans GIZENGA : la même
procédure anticonstitutionnelle de nomination, en violation de larticle 78 de
la loi suprême, la même atonie, la même incurie et la même incompétence dans
lexercice du pouvoir, la même irresponsabilité dans la gestion de la crise qui
secoue lEst du pays, une aptitude à la prédation plus affirmée, car MUZITO
était Ministre du Budget de GIZENGA. Or, selon le propre audit de la Primature,
sous son mandat un milliard trois cents millions de dollars américains, soit la
moitié du budget national, ont été détournés durant lexercice budgétaire 2007.
Par conséquent, il est indispensable de comprendre que si le CNDP a
commencé sa lutte en mettant en exergue la cause des Tutsi congolais, cest
pour cette raison bien simple : lexclusion qui vise en particulier cette
composante parmi les plus minoritaires de la communauté nationale congolaise
est emblématique de la faillite générale du pouvoir dEtat dans notre pays.
Car, sous prétexte dêtre issu des urnes, avec le quitus dune communauté
internationale complice, ce pouvoir croit que tout lui est permis, quil nest
comptable de rien ni devant personne, que sa légitimité électorale est un
chèque en blanc quil peut remplir à volonté. Même quand il sabstient
délibérément ou quil se montre incapable dassumer, à légard de la nation, la
première de ses tâches régaliennes, en loccurrence assurer lunité du peuple congolais
dans la diversité de ses composantes ethniques. Le CNDP veut joindre ses
efforts à ceux de toutes les congolaises et de tous les congolais décidés à
restaurer la dignité perdue de leur peuple et de leur pays. Des congolaises et
des congolais avides de placer la RDC au premier rang sur la scène continentale
et de lui redonner le rôle de moteur et de phare de lAfrique que lui destinait
Patrice-Emery LUMUMBA, un rôle qui naurait jamais dû cesser dêtre le sien
tout au long de ses 48 ans dindépendance.
Pour contrer largument de lexclusion des Tutsi congolais, leurs
détracteurs ont toujours un réflexe quasi-irrépressible : celui de leur
opposer la présence au sein des FARDC dun certain nombre dOfficiers généraux
et supérieurs ou de quelques dignitaires Tutsi égarés au sein des institutions
pour affirmer que les Tutsi congolais nont aucune raison de se plaindre. Mais,
dans le même temps, ils crient à linfiltration de lEtat par des taupes
étrangères au service du Rwanda. Nous ferons remarquer dabord que ces
généraux, colonels et autres majors sont en poste au sein de larmée, non pas à
la suite dun recrutement civique, comme le voudrait la règle, mais dun accord
passé au terme dune rébellion armée. Cet accord de SUN-CITY, dit « global et inclusif », a été négocié
dans la seule perspective du positionnement individuel. Ce qui a permis aux
chefs politiques et militaires de satisfaire des ambitions dérisoires.
Sans regarder en arrière, ceux du RCD se sont précipités à KINSHASA pour
prendre leur part du gâteau concocté en Afrique du Sud. Aucun souci du sort des
soldats, des cadres politiques et des militants qui les avaient portés au
pouvoir, aucune préoccupation ni de limplantation ni de lanimation des
structures du Mouvement à la base en vue de la compétition démocratique à
venir. Ils avaient foncé tête baissée vers les délices du pouvoir kinois, en
laissant derrière eux des hommes et des femmes désemparés, comme des brebis
sans berger. La sanction nallait dailleurs pas tarder : 1,6% à la dernière
élection présidentielle et une insignifiante présence au sein du Parlement,
sans commune mesure avec lénorme étendue du territoire quils avaient
administré pendant la rébellion qui aura duré 5 ans. Ont-ils vraiment raison
ceux qui me reprochent davoir refusé de me rendre complice dune telle
irresponsabilité ? Au demeurant, la présence de tous ces personnages au
sein du pouvoir dEtat ne rime à rien, puisque depuis leur entrée en fonction
en 2003, et malgré des titres ronflants, jamais ils ne se sont trouvés en
situation de peser sur le cours des événements. Ils sont réduits à la condition
peu enviable de simples faire-valoir. Leur présence est utilisée pour camoufler
tous les autres torts faits à la communauté Tutsi dont ils sont issus.
Les conditions
dune paix durable.
La naissance du CNDP constitue donc une réponse directe à laccord de SUN CITY qui, par un certain
nombre de ses omissions, sapparente à une trahison. En effet, le Dialogue
Intercongolais de SUN CITY a eu pour principal résultat de régler le sort des
individus –par leur positionnement politique- alors quétaient passés par
pertes et profits les problèmes fondamentaux du pays. Si nos représentants
négocient ces jours-ci à Nairobi avec le Gouvernement de Kinshasa, sous la
médiation des Nations Unies, de lUnion Africaine et de la Conférence
Internationale pour les Grands Lacs, cest essentiellement pour remédier aux
omissions de Sun City. Demain, 16 janvier 2009, il sera procédé à la signature,
dans la capitale kenyane, dune « Déclaration de Cessation des
hostilités » qui permettra dentrer dans le vif du sujet en vue
détablir les conditions dune paix durable à lEst de notre pays.
Ainsi, au cours des rounds suivants, il sera remis sur le tapis le
règlement des questions que Sun City avait inconsidérément renvoyées aux
calendes grecques, à savoir :
– la réconciliation et la cohabitation pacifique entre
les ethnies de lEst de la RDC en vue dinstaurer et de consolider la cohésion
nationale;
– la protection institutionnalisée des minorités
ethniques particulièrement en danger;
– léradication de la présence dans notre pays des
groupes armés étrangers, en particulier des génocidaires rwandais
FDLR/ex-FAR/Interahamwe coupables, non seulement de pillages, de viols, de
meurtres à grande échelle et dactes de génocide, mais aussi de violation de
notre souveraineté nationale et de lintégrité de notre Territoire par la prise
de contrôle, au détriment de lEtat congolais, des pans entiers de la
RDC ;
– la réinstallation des déplacés internes;
– la mise en œuvre du retour des réfugiés et des exilés
congolais;
– la formation dune armée nationale et des services de
sécurité dignes de ce nom, cest-à-dire ayant vocation et mission de sécuriser
tous les congolais indistinctement;
– une gestion territoriale de type fédéraliste qui
constitue une demande permanente de tous les congolais depuis près de 50 ans
aux fins de rapprocher au maximum les gouvernants des gouvernés et de mieux
partager les responsabilités;
– une répartition des ressources financières qui contienne
dans des limites raisonnables la boulimie insatiable du pouvoir central et
priorise les besoins définis et exécutés par les entités fédérées, en
particulier le développement des infrastructures de base, et qui profite avant
tout aux congolais les plus démunis.
Conclusion.
La tâche est titanesque, au regard de létat de délabrement avancé dans
lequel se trouve la RDC. Mais, 5 ans de maquis au sein du CNDP et, pour les
plus endurcis dentre nous, au moins 17 ans de lutte armée nous ont préparés à
louvrage. Quoiquil arrive et quoiquil en coûte, nous irons droit au but,
sans tergiverser. Cest le mandat qui a été confié au leadership du Mouvement,
lors du Congrès qui sest tenu au QG de Bwiza, du 30 septembre au 1er octobre
2008. Dautant plus que, lorgane suprême du Mouvement en est venu à la
conclusion que le pouvoir kabiliste conduit le pays tout droit dans le mur et
que le temps est venu de lui demander des comptes. Attendre les échéances
prévues en 2011, selon largument du pouvoir, cest prendre le risque de
compromettre le destin du pays pour toujours. Sous prétexte quil est seul à
avoir été engagé pour les transporter, les passagers dun bus devraient-ils
laisser foncer droit dans le lac ou dans le ravin le conducteur devenu
tétanisé, alors quils ont les moyens de lui prendre le volant ? De même,
pourquoi doit-on demander aux Congolais daccepter un suicide collectif en
tolérant un pouvoir désastreux dont ils voient bien quil les mène
irrémédiablement à leur perte ? Deux ans sur une mandature de cinq, cest
assez pour juger dun bilan. Or, dans tous les domaines de la vie nationale, on
a beau chercher un seul secteur qui plaide en faveur du maintien au pouvoir du
régime kabiliste, un seul qui puisse lui valoir le bénéfice du doute, on nen
voit aucun. Tout concourt à le déclarer en faillite définitive. Il lui reste la
possibilité de choisir les conditions de sa liquidation : en douceur entre
les mains dun Curateur constitutionnel, de préférence. Ou, à défaut, de
manière plus mouvementée entre les mains dun peuple à bout de patience et
décidé à reprendre, par tous les moyens, ses droits de souverain primaire.
Fait à Jomba-Chyanzu, le 15 janvier 2009.
P.S. : Cet article a été achevé une semaine avant
larrestation de lauteur à Gisenyi, dans des conditions qui relèvent de la
trahison, car on ne met pas la main sur son invité. Il a été découvert dans ses
affaires personnelles par sa famille. A loccasion du refoulement des réfugiés
Tutsi banyamulenge revenus du Burundi par les services de lEtat congolais
établis à Uvira, ses compagnons de lutte ont décidé de le rendre public pour
que les congolaises et les congolais soient juges (Nord-Kivu, le 20 septembre
2009).