19.10.09 Le Potentiel – Kä Mana : « Il est temps de défataliser lêtre africain et son histoire »
Vous
avez publié, le 28 septembre 2009 à Yaoundé, un livre intitulé
«LAfrique, notre projet», aux Editions Terroirs que dirige le
professeur Fabien Eboussi Boulaga. Quel est le thème central de cette
nouvelle publication ?
avez publié, le 28 septembre 2009 à Yaoundé, un livre intitulé
«LAfrique, notre projet», aux Editions Terroirs que dirige le
professeur Fabien Eboussi Boulaga. Quel est le thème central de cette
nouvelle publication ?
Après
deux décennies que jai consacrées à une réflexion sur la crise des
sociétés africaines, jentreprends, à partir de ce nouveau livre, un
processus délaboration des réponses que jai mûries à travers des
échanges, des débats et des discussions intenses avec les forces
intellectuelles dans plusieurs pays dAfrique. La réponse que je
propose dans le présent livre sappelle : la révolution de
limaginaire.
deux décennies que jai consacrées à une réflexion sur la crise des
sociétés africaines, jentreprends, à partir de ce nouveau livre, un
processus délaboration des réponses que jai mûries à travers des
échanges, des débats et des discussions intenses avec les forces
intellectuelles dans plusieurs pays dAfrique. La réponse que je
propose dans le présent livre sappelle : la révolution de
limaginaire.
De quoi sagit-il exactement ?
Je
mattache à décrire le processus par lequel pourra émerger un nouvel
homme africain, après le millénaire de désastres et de cataclysmes que
notre continent a vécus. Au cours de derniers mille ans, il sest
produit un phénomène qui a déterminé notre destin de manière
entièrement négative. Ce phénomène, cest la construction de
limaginaire des Nègres : des êtres sans centre de gravité en
eux-mêmes, complètement formatés pour la défaite, laliénation, le
fatalisme, le pessimisme et le désespoir. Avec des phénomènes
archi-connus comme ceux de la Traite, de la colonisation, du
néocolonialisme et de lactuelle mondialisation capitaliste, ce nest
pas seulement un simple phénomène de disciplination de lespace
africain selon les intérêts extérieurs qui sest produit. Cest un
véritable formatage de lêtre qui sest affreusement déployé : un
formatage traumatique et fatalisateur, dont létat de nos nations est
la réalité la plus visible actuellement. La bataille africaine
daujourdhui, cest de tuer le « Nègre » en nous pour que surgisse le
nouvel «Africain». Cest lenjeu de la révolution de limaginaire que
je propose dans mon livre : LAfrique, notre projet.
mattache à décrire le processus par lequel pourra émerger un nouvel
homme africain, après le millénaire de désastres et de cataclysmes que
notre continent a vécus. Au cours de derniers mille ans, il sest
produit un phénomène qui a déterminé notre destin de manière
entièrement négative. Ce phénomène, cest la construction de
limaginaire des Nègres : des êtres sans centre de gravité en
eux-mêmes, complètement formatés pour la défaite, laliénation, le
fatalisme, le pessimisme et le désespoir. Avec des phénomènes
archi-connus comme ceux de la Traite, de la colonisation, du
néocolonialisme et de lactuelle mondialisation capitaliste, ce nest
pas seulement un simple phénomène de disciplination de lespace
africain selon les intérêts extérieurs qui sest produit. Cest un
véritable formatage de lêtre qui sest affreusement déployé : un
formatage traumatique et fatalisateur, dont létat de nos nations est
la réalité la plus visible actuellement. La bataille africaine
daujourdhui, cest de tuer le « Nègre » en nous pour que surgisse le
nouvel «Africain». Cest lenjeu de la révolution de limaginaire que
je propose dans mon livre : LAfrique, notre projet.
Quest-ce qui caractérise le Nègre, à vos yeux ?
Si
vous observez le fonctionnement global de nos sociétés africaines, vous
vous rendrez compte quun même type desprit structure les mentalités,
les comportements et les pratiques sociales. Cet esprit est celui
dhommes et de femmes formatés pour détruire leur propre être et leur
propre société. Nos systèmes politiques, par exemple, sont ceux des
Nègres chargés de traquer des Nègres pour les vendre aux esclavagistes
en fonction des intérêts matériels dérisoires. Des chefs qui sont au
service des prédateurs étrangers et qui sont chargés de sales besognes
pour écraser leurs propres populations, les discipliner pour la
soumission à lordre des structures dominantes, les affaiblir par la
terreur et les rendre imbéciles par les danses, les drogues, les
boissons alcoolisés, les prières délirantes et les célébrations
hystériques des potentats au pouvoir, toutes ces élites politiques
animent un système économique de destruction de toutes les vraies
possibilités de prospérité pour leur propre peuple. Elles pillent leurs
propres pays et gèrent leurs espaces vitaux comme si tout devait servir
à appauvrir les populations et à tuer en elles toute lénergie de
créativité. Au fond, quand un Africain cesse de penser aux intérêts de
son propre continent au point de ne se consacrer quaux intérêts de
ceux qui le placent au pouvoir et qui le soutiennent contre sa propre
terre, il entre dans le vertige du Nègre et intériorise le complexe
dhumiliation et de soumission : le syndrome de Nègre. Avec ce
syndrome, Il en arrive à penser quil ny a plus rien à faire et que
les ténèbres du dernier millénaire de notre continent sont une fatalité
insurmontable. Le but de mon livre est de montrer en quoi il est urgent
maintenant de casser les ressorts dune telle vision de lAfrique. Il
est temps de défataliser lêtre africain, il est temps de défataliser
lhistoire africaine, il est temps de défataliser le destin africain.
vous observez le fonctionnement global de nos sociétés africaines, vous
vous rendrez compte quun même type desprit structure les mentalités,
les comportements et les pratiques sociales. Cet esprit est celui
dhommes et de femmes formatés pour détruire leur propre être et leur
propre société. Nos systèmes politiques, par exemple, sont ceux des
Nègres chargés de traquer des Nègres pour les vendre aux esclavagistes
en fonction des intérêts matériels dérisoires. Des chefs qui sont au
service des prédateurs étrangers et qui sont chargés de sales besognes
pour écraser leurs propres populations, les discipliner pour la
soumission à lordre des structures dominantes, les affaiblir par la
terreur et les rendre imbéciles par les danses, les drogues, les
boissons alcoolisés, les prières délirantes et les célébrations
hystériques des potentats au pouvoir, toutes ces élites politiques
animent un système économique de destruction de toutes les vraies
possibilités de prospérité pour leur propre peuple. Elles pillent leurs
propres pays et gèrent leurs espaces vitaux comme si tout devait servir
à appauvrir les populations et à tuer en elles toute lénergie de
créativité. Au fond, quand un Africain cesse de penser aux intérêts de
son propre continent au point de ne se consacrer quaux intérêts de
ceux qui le placent au pouvoir et qui le soutiennent contre sa propre
terre, il entre dans le vertige du Nègre et intériorise le complexe
dhumiliation et de soumission : le syndrome de Nègre. Avec ce
syndrome, Il en arrive à penser quil ny a plus rien à faire et que
les ténèbres du dernier millénaire de notre continent sont une fatalité
insurmontable. Le but de mon livre est de montrer en quoi il est urgent
maintenant de casser les ressorts dune telle vision de lAfrique. Il
est temps de défataliser lêtre africain, il est temps de défataliser
lhistoire africaine, il est temps de défataliser le destin africain.
Que convient-il de faire pour cela ?
Mon
livre part dun constat qui me semble un bon point de départ. Je
constate que de plus en plus dAfricaines et dAfricains ont compris
que lOccident qui nous a dominés au cours de cinq derniers siècles de
notre histoire nest plus lespérance du monde. LOccident ne porte
plus lespérance de la terre et toute sa tête perd de lair, pour ainsi
dire. Les crises écologique, énergétique, éthique, financière et
politique de notre temps montrent à suffisance à quel point le temps
est venu de sortir de lOccident et de penser lavenir à partir
dautres paramètres. Cette nouvelle conscience dont lAfrique est le
centre sonne le tocsin pour lémergence des Nouveaux Africains, avec un
nouveau projet de monde.
livre part dun constat qui me semble un bon point de départ. Je
constate que de plus en plus dAfricaines et dAfricains ont compris
que lOccident qui nous a dominés au cours de cinq derniers siècles de
notre histoire nest plus lespérance du monde. LOccident ne porte
plus lespérance de la terre et toute sa tête perd de lair, pour ainsi
dire. Les crises écologique, énergétique, éthique, financière et
politique de notre temps montrent à suffisance à quel point le temps
est venu de sortir de lOccident et de penser lavenir à partir
dautres paramètres. Cette nouvelle conscience dont lAfrique est le
centre sonne le tocsin pour lémergence des Nouveaux Africains, avec un
nouveau projet de monde.
Où
voyez-vous les signes positifs dont vous parlez ? LAfrique que lon
connaît aujourdhui nest-elle pas celle de la désespérance et du
fatalisme chronique ?
voyez-vous les signes positifs dont vous parlez ? LAfrique que lon
connaît aujourdhui nest-elle pas celle de la désespérance et du
fatalisme chronique ?
Ne
vous fiez pas trop vite aux structures sensationnelles des médias
internationaux. Je ne parle pas de lAfrique vue par les fabricants du
sensationnel et par les oiseaux de mauvais augure. Je parle de
lAfrique des profondeurs : celle qui pense, qui crée, qui doute, qui
résiste, qui imagine, qui sorganise et qui construit de nouveaux rêves
et de nouvelles espérances. Je suis de plus en plus sensible à elle et
je sens en elle un grand souffle pour détruire la fatalité de lAfrique
des Nègres. Mon livre identifie clairement les grandes forces
dinfléchissement du destin du continent, avec la naissance de
nouvelles rationalités intellectuelles, de nouvelles rationalités
éthiques et de nouvelles rationalités spirituelles. Il existe,
aujourdhui, une Afrique des rebelles qui cherchent à affronter nos
problèmes de fond, à mettre en lumière et en relief les urgences
radicales de la transformation de notre être africain et à proposer de
nouvelles orientations pour notre destinée. Cette Afrique-là suscite,
aujourdhui, en son sein des révoltes constructrices dont toute
personne attentive à lactualité dans nos pays peut sentir
lénergétique. Je travaille dans beaucoup de pays dans notre continent
: au sein des Eglises, dans les Organisations non gouvernementales,
dans les instituts de recherche et dans les universités, je connais
bien lAfrique dont je parle dans mon livre. Je me considère
modestement comme la voix de cette Afrique en rupture avec lère des
Nègres, en rupture avec les caniches noirs adulés par leurs maîtres. Je
voudrais que ceux qui liront mon ouvrage rejoignent les grandes
énergies de cette nouvelle Afrique dans un nouveau projet mondial que
notre continent porte désormais.
vous fiez pas trop vite aux structures sensationnelles des médias
internationaux. Je ne parle pas de lAfrique vue par les fabricants du
sensationnel et par les oiseaux de mauvais augure. Je parle de
lAfrique des profondeurs : celle qui pense, qui crée, qui doute, qui
résiste, qui imagine, qui sorganise et qui construit de nouveaux rêves
et de nouvelles espérances. Je suis de plus en plus sensible à elle et
je sens en elle un grand souffle pour détruire la fatalité de lAfrique
des Nègres. Mon livre identifie clairement les grandes forces
dinfléchissement du destin du continent, avec la naissance de
nouvelles rationalités intellectuelles, de nouvelles rationalités
éthiques et de nouvelles rationalités spirituelles. Il existe,
aujourdhui, une Afrique des rebelles qui cherchent à affronter nos
problèmes de fond, à mettre en lumière et en relief les urgences
radicales de la transformation de notre être africain et à proposer de
nouvelles orientations pour notre destinée. Cette Afrique-là suscite,
aujourdhui, en son sein des révoltes constructrices dont toute
personne attentive à lactualité dans nos pays peut sentir
lénergétique. Je travaille dans beaucoup de pays dans notre continent
: au sein des Eglises, dans les Organisations non gouvernementales,
dans les instituts de recherche et dans les universités, je connais
bien lAfrique dont je parle dans mon livre. Je me considère
modestement comme la voix de cette Afrique en rupture avec lère des
Nègres, en rupture avec les caniches noirs adulés par leurs maîtres. Je
voudrais que ceux qui liront mon ouvrage rejoignent les grandes
énergies de cette nouvelle Afrique dans un nouveau projet mondial que
notre continent porte désormais.
Concernant
ce nouveau projet africain, vous parlez aussi des leviers importants
concernant lavenir du continent, de quoi sagit-il exactement ?
ce nouveau projet africain, vous parlez aussi des leviers importants
concernant lavenir du continent, de quoi sagit-il exactement ?
Quil
me suffise juste de dire quun important travail devrait être fait par
les Nouveaux Africains pour révolutionner limage de lAfrique dans le
monde en la positivant et en la rendant de plus en plus fascinante et
belle grâce à nos productions africaines dans tous les domaines.
Jaffirme aussi quil est important quune nouvelle dynamique éducative
des Africains se libère pour en finir avec les Nègres dhier et
daujourdhui. Cest notre bataille culturelle décisive. Cette bataille
est nécessaire et indispensable : il faut la mener avec des
référentiels positifs concernant notre histoire et notre destin. Cest
sur de tels leviers que pourront se construire une nouvelle politique,
une nouvelle économie et une nouvelle société sans commune mesure avec
la politique, léconomie et la société des Nègres formatés pour la
défaite.
me suffise juste de dire quun important travail devrait être fait par
les Nouveaux Africains pour révolutionner limage de lAfrique dans le
monde en la positivant et en la rendant de plus en plus fascinante et
belle grâce à nos productions africaines dans tous les domaines.
Jaffirme aussi quil est important quune nouvelle dynamique éducative
des Africains se libère pour en finir avec les Nègres dhier et
daujourdhui. Cest notre bataille culturelle décisive. Cette bataille
est nécessaire et indispensable : il faut la mener avec des
référentiels positifs concernant notre histoire et notre destin. Cest
sur de tels leviers que pourront se construire une nouvelle politique,
une nouvelle économie et une nouvelle société sans commune mesure avec
la politique, léconomie et la société des Nègres formatés pour la
défaite.
En
1991, vous aviez publié votre célèbre livre : LAfrique va-t-elle
mourir ? Je me souviens de son sous-titre : Bousculer limaginaire
africain. Aujourdhui, le sous-titre de votre nouveau livre est :
Révolutionner limaginaire africain. La problématique de limaginaire
africain est vraiment la trame centrale de votre réflexion. Pourquoi
cette obsession de limaginaire ?
1991, vous aviez publié votre célèbre livre : LAfrique va-t-elle
mourir ? Je me souviens de son sous-titre : Bousculer limaginaire
africain. Aujourdhui, le sous-titre de votre nouveau livre est :
Révolutionner limaginaire africain. La problématique de limaginaire
africain est vraiment la trame centrale de votre réflexion. Pourquoi
cette obsession de limaginaire ?
Il ne
sagit pas dune obsession. Il sagit de braquer lattention sur ce que
je considère comme le fond de notre problème et comme la clé de la
réussite pour tous nos projets africains de transformation sociale.
Depuis nos indépendances, nous avons lancé une multitude de projets
pour changer les conditions de vie de nos pays, sans apparemment
beaucoup de succès, surtout dans la zone intertropicale de lAfrique.
Les doctes experts internationaux aiment dire aujourdhui que nous
sommes la région du monde qui fait les moins de progrès par rapport aux
autres. Si nous posons sérieusement la question de savoir pourquoi il
en est ainsi, nous ne pouvons pas ne pas comprendre que la question de
fond est dans nos têtes et dans les images, les représentations, les
visions de nous-mêmes et les dynamiques de construction de notre
perception de nos réalités au sein du monde actuel.
sagit pas dune obsession. Il sagit de braquer lattention sur ce que
je considère comme le fond de notre problème et comme la clé de la
réussite pour tous nos projets africains de transformation sociale.
Depuis nos indépendances, nous avons lancé une multitude de projets
pour changer les conditions de vie de nos pays, sans apparemment
beaucoup de succès, surtout dans la zone intertropicale de lAfrique.
Les doctes experts internationaux aiment dire aujourdhui que nous
sommes la région du monde qui fait les moins de progrès par rapport aux
autres. Si nous posons sérieusement la question de savoir pourquoi il
en est ainsi, nous ne pouvons pas ne pas comprendre que la question de
fond est dans nos têtes et dans les images, les représentations, les
visions de nous-mêmes et les dynamiques de construction de notre
perception de nos réalités au sein du monde actuel.
Ma
conviction en 1991 était quil nous fallait bousculer tous nos prismes
représentationnels pour pouvoir nous donner une compréhension
intelligence et créative de nos responsabilités. Je parlais sur fond
danalytique de la crise africaine. En fait, mon souci était de montrer
en quoi limaginaire était une dynamique fondamentale anti-crise.
Depuis cette période, certains penseurs de notre pays ont creusé à fond
les problèmes de notre crise et de limaginaire comme clé pour en
sortir.
conviction en 1991 était quil nous fallait bousculer tous nos prismes
représentationnels pour pouvoir nous donner une compréhension
intelligence et créative de nos responsabilités. Je parlais sur fond
danalytique de la crise africaine. En fait, mon souci était de montrer
en quoi limaginaire était une dynamique fondamentale anti-crise.
Depuis cette période, certains penseurs de notre pays ont creusé à fond
les problèmes de notre crise et de limaginaire comme clé pour en
sortir.
Sylvain
Kalamba Nsapo a eu des pages merveilleuses sur cette question dans son
livre : Fatigué dêtre africain ? Il a montré à quel point cest le
système de représentation de nous-mêmes qui est malade. Benoît Awazi
Mbambi Kungua a élargi ce problème jusquà proposer une guérison
holistique de lhomme africain, en donnant à ce mot de guérison un sens
anthropologique fondamentale de construction de nouveaux pouvoirs de
créativité. Kasereka Kavwahirehi vient de publier LAfrique entre passé
et avenir, livre dans lequel il donne la vision la plus ample de
lanalyse de la crise africaine en ouvrant des perspectives
philosophiques splendides pour construire lavenir. Si tous ces
penseurs congolais sinscrivent ainsi dans le même cadre du changement
de notre imaginaire, cest le signe que nous sommes devant une même
compréhension du sens des combats à mener. Mon livre donne une
contribution à ce combat en mettant en lumière les éléments que je juge
fondamentaux pour accomplir ce que les Africains ne cessent de rêver
depuis les indépendances : une véritable révolution africaine.
Aujourdhui, je sais quil faut faire plus que bousculer limaginaire
africain, il faut le révolutionner pour quadvienne la véritable
révolution africaine qui est dans tous nos rêves.
Kalamba Nsapo a eu des pages merveilleuses sur cette question dans son
livre : Fatigué dêtre africain ? Il a montré à quel point cest le
système de représentation de nous-mêmes qui est malade. Benoît Awazi
Mbambi Kungua a élargi ce problème jusquà proposer une guérison
holistique de lhomme africain, en donnant à ce mot de guérison un sens
anthropologique fondamentale de construction de nouveaux pouvoirs de
créativité. Kasereka Kavwahirehi vient de publier LAfrique entre passé
et avenir, livre dans lequel il donne la vision la plus ample de
lanalyse de la crise africaine en ouvrant des perspectives
philosophiques splendides pour construire lavenir. Si tous ces
penseurs congolais sinscrivent ainsi dans le même cadre du changement
de notre imaginaire, cest le signe que nous sommes devant une même
compréhension du sens des combats à mener. Mon livre donne une
contribution à ce combat en mettant en lumière les éléments que je juge
fondamentaux pour accomplir ce que les Africains ne cessent de rêver
depuis les indépendances : une véritable révolution africaine.
Aujourdhui, je sais quil faut faire plus que bousculer limaginaire
africain, il faut le révolutionner pour quadvienne la véritable
révolution africaine qui est dans tous nos rêves.
Quelle est cette révolution dont vous parlez ?
Je
désigne fondamentalement un processus de re-fertilisation de nous-mêmes
sur la base des référentiels historiques positives : notre statut
dorigine de la culture humaine, nos valeurs profondes de civilisation,
le suc de nos révoltes constructrices tout au long des tragédies de
notre histoire, les grands repères humains qui jalonnent notre
évolution sociale. Je pense aussi fondamentalement à toutes les
énergies positives de réflexion, de rêve et daction qui sont au cœur
de nos sociétés aujourdhui : toute lAfrique humaine dont a parlé Mgr
Jean Mbarga du Cameroun, toute lAfrique de notre volonté sur laquelle
le Camerounais Charles Bonjawo a attiré lattention dans ses récents
livres, lAfrique de nos ambitions que ne cesse dévoquer le président
Wade, lAfrique de la Renaissance pour laquelle toute la pensée de
Thabo Mbeki sirisait. Avec cette Afrique positive, lavenir devrait
désormais se penser en termes de lumière. Le plus important dans cette
révolution dont je parle, cest le fait quelle nest pas seulement une
révolution africaine pour lAfrique, mais une révolution africaine pour
le monde. Je cherche, en fait, à penser une ambition africaine pour le
monde.
désigne fondamentalement un processus de re-fertilisation de nous-mêmes
sur la base des référentiels historiques positives : notre statut
dorigine de la culture humaine, nos valeurs profondes de civilisation,
le suc de nos révoltes constructrices tout au long des tragédies de
notre histoire, les grands repères humains qui jalonnent notre
évolution sociale. Je pense aussi fondamentalement à toutes les
énergies positives de réflexion, de rêve et daction qui sont au cœur
de nos sociétés aujourdhui : toute lAfrique humaine dont a parlé Mgr
Jean Mbarga du Cameroun, toute lAfrique de notre volonté sur laquelle
le Camerounais Charles Bonjawo a attiré lattention dans ses récents
livres, lAfrique de nos ambitions que ne cesse dévoquer le président
Wade, lAfrique de la Renaissance pour laquelle toute la pensée de
Thabo Mbeki sirisait. Avec cette Afrique positive, lavenir devrait
désormais se penser en termes de lumière. Le plus important dans cette
révolution dont je parle, cest le fait quelle nest pas seulement une
révolution africaine pour lAfrique, mais une révolution africaine pour
le monde. Je cherche, en fait, à penser une ambition africaine pour le
monde.
Comment voyez-vous une telle ambition ?
Cest
lexigence dimaginer, de produire et de promouvoir une dynamique
daltermondialisation à partir de lAfrique. Puisque que la
mondialisation conçue comme occidentalisation du monde est à bout de
souffle et quelle se brise sur les rochers de multiples crises dont
souffre le monde aujourdhui, jai la force de croire que lheure de
lAfrique est venue.
lexigence dimaginer, de produire et de promouvoir une dynamique
daltermondialisation à partir de lAfrique. Puisque que la
mondialisation conçue comme occidentalisation du monde est à bout de
souffle et quelle se brise sur les rochers de multiples crises dont
souffre le monde aujourdhui, jai la force de croire que lheure de
lAfrique est venue.
Ce
sont les signes de cette heure de nouveaux Africains que je présente,
malgré les houles du pessimisme auxquelles nous sommes habitués dans
limage que lordre mondial a de notre continent. Au fond, je me suis
rendu compte, comme beaucoup de personnes aujourdhui, que le monde
actuel est en quête dun nouvel humanisme. La pensée mondiale aspire à
un nouveau souffle dhumanité. Jai voulu répondre à cette quête et à
cette aspiration en mettant en lumière ce que lAfrique peut apporter
comme contribution décisive dans la construction dune nouvelle
mondialisation.
sont les signes de cette heure de nouveaux Africains que je présente,
malgré les houles du pessimisme auxquelles nous sommes habitués dans
limage que lordre mondial a de notre continent. Au fond, je me suis
rendu compte, comme beaucoup de personnes aujourdhui, que le monde
actuel est en quête dun nouvel humanisme. La pensée mondiale aspire à
un nouveau souffle dhumanité. Jai voulu répondre à cette quête et à
cette aspiration en mettant en lumière ce que lAfrique peut apporter
comme contribution décisive dans la construction dune nouvelle
mondialisation.
Et quest-ce lAfrique peut apporter, à votre avis ?
Lénergie
des nouveaux Africains. Maintenant que nous en finissons avec lère des
Nègres, la nouvelle ère qui souvre est placée sous le principe de la
créativité africaine. Une nouvelle conscience africaine et une nouvelle
présence africaine sont en train de naître. Elles sont fécondes de
nouvelles utopies et de nouvelles espérances ainsi quimmenses
possibilités dun humanisme pour une nouvelle mondialisation.
des nouveaux Africains. Maintenant que nous en finissons avec lère des
Nègres, la nouvelle ère qui souvre est placée sous le principe de la
créativité africaine. Une nouvelle conscience africaine et une nouvelle
présence africaine sont en train de naître. Elles sont fécondes de
nouvelles utopies et de nouvelles espérances ainsi quimmenses
possibilités dun humanisme pour une nouvelle mondialisation.
Cest
encore abstrait comme vision. Comment percevez-vous concrètement la
contribution africaine à la construction dun nouveau monde ?
encore abstrait comme vision. Comment percevez-vous concrètement la
contribution africaine à la construction dun nouveau monde ?
Quelques
repères suffiront ici. Lhumanisme écologique africain est un pouvoir
davenir dans un monde en crise écologique. Les perspectives africaines
dune économie sociale et solidaire sont un suc pour une mondialisation
du bonheur partagé. Les luttes africaines pour une politique du bien
contre les politiques du mal sont des annonces dune ère politique
fécondée par les valeurs de justice et le souci du bien commun à
léchelle planétaire. Une certaine vision africaine de la non-violence
contre lordre actuel de la violence permet de nouveaux espoirs à
léchelle planétaire.
repères suffiront ici. Lhumanisme écologique africain est un pouvoir
davenir dans un monde en crise écologique. Les perspectives africaines
dune économie sociale et solidaire sont un suc pour une mondialisation
du bonheur partagé. Les luttes africaines pour une politique du bien
contre les politiques du mal sont des annonces dune ère politique
fécondée par les valeurs de justice et le souci du bien commun à
léchelle planétaire. Une certaine vision africaine de la non-violence
contre lordre actuel de la violence permet de nouveaux espoirs à
léchelle planétaire.
Tout
cela ne relève-t-il pas dune politique fiction qui na rien à voir
avec la politique réelle dans laquelle nous vivons actuellement ?
cela ne relève-t-il pas dune politique fiction qui na rien à voir
avec la politique réelle dans laquelle nous vivons actuellement ?
Si
nous ne nous accrochons pas à des grands rêves dhumanité, linhumanité
du monde détruira à jamais ce quil y a dhumain en nous. Cest ma
conviction la plus fondamentale. Je ne peux imaginer que la politique
réelle dont vous parler soit le fond authentique de lêtre humain. Ce
que mon pays, la RD Congo, paie comme tribut à cette politique réelle
en termes de violence meurtrière, déconomie carnassière, de
destruction écologique et danéantissement des valeurs sociales
méloigne chaque jour de la politique réelle. Je ne pense quà un autre
impératif : construisons une autre politique. Cest à ce travail de
production dun imaginaire nouveau pour cette autre politique que jai
consacré louvrage : LAfrique, notre projet.
nous ne nous accrochons pas à des grands rêves dhumanité, linhumanité
du monde détruira à jamais ce quil y a dhumain en nous. Cest ma
conviction la plus fondamentale. Je ne peux imaginer que la politique
réelle dont vous parler soit le fond authentique de lêtre humain. Ce
que mon pays, la RD Congo, paie comme tribut à cette politique réelle
en termes de violence meurtrière, déconomie carnassière, de
destruction écologique et danéantissement des valeurs sociales
méloigne chaque jour de la politique réelle. Je ne pense quà un autre
impératif : construisons une autre politique. Cest à ce travail de
production dun imaginaire nouveau pour cette autre politique que jai
consacré louvrage : LAfrique, notre projet.
Vous vous accrochez donc à un grand rêve, même si ce rêve est broyé par la réalité ?
Ma
pensée a toujours été un beau rêve incandescent, un rêve adressé à
dautres rêveurs qui savent que seul un grand rêve africain changera
profondément lordre du monde, quand de plus en plus dAfricains et
dAfricaines porteront ce rêve magnifique comme leur véritable idée du
monde tel quil faudrait le changer à partir de notre continent. Je me
demande même si le mot de rêve est celui qui convient le mieux.
pensée a toujours été un beau rêve incandescent, un rêve adressé à
dautres rêveurs qui savent que seul un grand rêve africain changera
profondément lordre du monde, quand de plus en plus dAfricains et
dAfricaines porteront ce rêve magnifique comme leur véritable idée du
monde tel quil faudrait le changer à partir de notre continent. Je me
demande même si le mot de rêve est celui qui convient le mieux.
Il
vaudrait peut-être parler puissamment de foi. Foi en nous-mêmes. Foi en
notre destin. Foi en nos capacités de changer le monde. Foi en un
avenir digne de nos utopies les plus brûlantes.
vaudrait peut-être parler puissamment de foi. Foi en nous-mêmes. Foi en
notre destin. Foi en nos capacités de changer le monde. Foi en un
avenir digne de nos utopies les plus brûlantes.