23.10.09 Le POtentiel: Cinq questions à Jules Lowuya, par St. Augustin Kinienzi

 

1. La crise institutionnelle à l’Equateur est en passe de
trouver solution avec l’élection annoncée des animateurs de son
exécutif. Mais quelle analyse vous en faites-vous ? Quelle solution
durable préconisez-vous à la crise ?

La situation de crise institutionnelle que connaît la province de
l’Equateur ne peut pas nous laisser indifférent. Amour de la patrie
oblige (Esaïe 62,1). Cette crise ne fait nullement honneur aux dignes
fils et filles de l’Equateur. Les acteurs politiques originaires de la
province s’accusent mutuellement. Nous pensons qu’il y a là une
responsabilité collective que nous tous, hommes politiques et cadres,
portons pour notre province. Les uns sont à l’offensive en quête d’un
leadership provincial ; les autres se caractérisent par une forme
d’indifférence complaisante. Notre population n’a pas besoin de cette
crise artificielle. Que faire alors ? A notre avis, il appartient au
président de la République, en tant que garant de la Constitution de
prendre ses responsabilités pour que la paix durable s’installe dans
cette partie de la République. Au niveau local, l’organisation d’un
forum de réflexion sur l’avenir de la province s’impose.

2.Quelle appréciation faites-vous du processus de révision du fichier électoral, surtout pour le territoire de Lukolela ?

Nous apprécions le fait que la CEI ait réussi à amorcer ce
processus, déjà par la ville de Kinshasa. Il y a eu certes quelques
imperfections majeures lors des opérations à Kinshasa. La CEI est
appelée à les corriger pour la suite du processus. Nous exhortons la
population concernée par ce processus à s’enrôler massivement.
Cependant, selon les informations à notre possession, dans le
territoire de Lukolela, la répartition des bureaux d’inscription faite
par la CEI n’a pas tenu compte des réalités locales. Le bureau de vote
de la cité de Bokangamoy, pour ne citer que ce cas, est pur et
simplement supprimé. Pour cela, on oblige les populations de cette cité
d’aller se faire enrôler dans une localité située à environ 60 ou 70
km. Quel est le but de cette initiative, sinon de placer les
populations dans une forme d’isolement. Nous exigeons que toutes les
situations pareilles à celle de Bokangamoy soient revues pour rétablir
la population son droit.

3.Quel bilan dressez-vous des activités de l’année académique 2008-2009 à l’Université du Fleuve ?

L’année académique 2008-2009 a été une réussite tant sur le plan des
enseignements que sur le plan du déroulement des examens. Néanmoins,
quelques imperfections inhérentes à toute organisation humaine ont été
décelées dans la conduite des affaires. Cela est dû au manque
d’expérience dans la gestion des institutions universitaires. Pour les
deux sessions, les résultats ont été satisfaisants. Et le taux de
réussite avoisinerait la moyenne de 75% dans les deux facultés. 90% des
matières reprises au programme ont été enseignées. En sciences
agronomiques appliquées, le cours de dessin technique n’a pas été
assuré par manque de compétence. Il a, de ce fait, été reporté au
programme de l’année suivante. En sciences administratives et
commerciales, le cours de Géographie économique n’a pas été assuré non
plus. Quant au cours d’économie politique, les étudiants ont estimé
qu’il a été assuré aux deux tiers. Tous ces deux cours sont reportés au
programme de l’année suivante. Du côté enseignants, tous ceux qui ont
obtenu une mauvaise cote ont été remerciés par l’université.

4. Quelle va être la contribution de l’Université du Fleuve au développement du territoire de Lukolela ?

L’action de l’Unif ne se limite pas au seul territoire de Lukolela,
mais aussi auprès de différentes populations riveraines du fleuve
Congo, des rivières et auprès des populations des Lacs Tumba
(territoire de Bikoro) et Maï-Ndombe (territoire d’Inongo). Comme vous
savez, le combat pour le développement passe par la formation des
cadres dans différents domaines scientifiques. La ressource la plus
importante pour le développement des sociétés, des Etats… est la
ressource humaine. Aujourd’hui, la contribution de l’Unif se mesure en
terme de formation des cadres des milieux ruraux utiles à donner
l’impulsion du développement à la base. La contribution de l’Unif est
déjà visible à Lukolela. Dans le cadre du processus de la révision du
fichier électoral, la CEI a recruté par concours les opérateurs de
saisie sur place à Lukolela. Ce sont les étudiants qui, grâce à leur
cours d’informatique, ont réalisé des performances. Les années passées,
les opérateurs de saisie venaient de Mbandaka. Au plan de la lutte
contre le Vih/Sida, en collaboration avec la direction régionale du
PNMLS, l’Unif dispose d’un club de donneurs bénévoles de sang. L’Unif
vient par ailleurs d’élaborer un document intitulé «Essai d’un plan
minimum pour le développement du territoire de Lukolela ».

5. On parle de plus en plus de la non viabilité de
l’université congolaise en général, comment réagissez-vous à cette
observation ?

C’est une question qui mérite, à notre avis, une attention
particulière des autorités du ministère de l’ESU. Pour mieux faire,
l’organisation des états généraux de l’enseignement supérieur et
universitaire s’impose. Cette rencontre qui réunira les experts du
gouvernement, des partenaires nationaux et internationaux en matière
d’enseignement supérieur et universitaire, aura le mérite d’élaborer un
plan de développement de l’ESU au Congo. Et cela, après un état des
lieux de la situation actuelle. La carte du savoir de notre pays sera
revue, car pour le moment, elle est totalement déséquilibrée.
Aujourd’hui, la plupart des établissements sont concentrés dans de
grands centres urbains. Les milieux ruraux où on a besoin des cadres
capables de donner l’impulsion à la base pour un développement durable,
sont complètement et désespérément desservis. Pour son développement,
la RDC a besoin aussi de tous les enfants doués et surdoués qui se
trouvent oubliés en milieux ruraux. Pour cette raison, les filières de
nos universités doivent s’adapter aux réalités des milieux où les
établissements sont implantés.

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