29.10.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean Claude Vuemba, par Angelo Mobateli

 

1. Sous quel signe placez-vous la rentrée politique de votre parti, le Mouvement du peuple congolais pour la République ?

Trois années après les élections de 2006 et la mise en place d’un
Exécutif issu de la majorité parlementaire, tous les Congolais
s’accordent à dire que le gouvernement est incapable de répondre aux
besoins les plus élémentaires de nos populations. Le manque de
programme cohérent et de prospective du gouvernement n’a pas permis à
la RDC de contenir les effets néfastes, pourtant prévisibles, de la
crise financière mondiale. Tous les maux décriés, notamment la non
maîtrise du taux de change et la dollarisation éhontée du circuit
économique interne, découlent d’un manque.

En outre, le jeu politique, tel que pratiqué actuellement dans
notre pays, se résume à une dictature de la majorité sur une minorité
non protégée et dont l’écho de l’opinion n’est même pas pris en compte.
Après les différents combats qu’il a menés à travers son président, le
MPCR plaide en faveur de la refondation de l’Etat et de la création
imminente d’une instance nationale d’éthique et de la morale appelée à
combattre la corruption sur touts ses formes ainsi que toutes sortes
d’antivaleurs.

2. En appelant les Congolais à « revenir aux fondamentaux », à quoi pensez-vous exactement ?

Ne pouvant garder silence sur la déliquescence de plus en plus
prononcée de l’Etat, le MPCR recommande au peuple congolais de
s’approprier de la substance de notre hymne national. « Debout
Congolais ». Cela veut dire que le Congolais doit réellement se mettre
debout afin de s’approprier son destin, être capable de dire non chaque
fois que ses intérêts sont mis en cause par des mesures
gouvernementales non appropriées. Nous félicitons la population du
village Lemvo du clan Futi de Banana qui a élevé la voix contre la
société pétrolière Perenco à laquelle elle exige la réalisation de
certaines infrastructures sociales au vu des bénéfices qu’elle tire de
leur territoire. Et que dire de la pollution que subit cette même
population ?
« Unis dans l’effort ». Le Congolais doit abandonner l’attentisme et la
culture de l’Etat-providence, en concentrant ses efforts sur le
travail, et bannir ce qui est devenu courant à ce jour, à savoir «
chance eloko pamba » (la loi du moindre effort) et privilégier la
méritocratie.

3. Et de quelle manière les Congolais peuvent-ils dresser les « fronts » ?

Le peuple congolais ne jouira de la considération de la part de ses
propres dirigeants et des autres peuples, notamment des pays voisins,
que si nous dressons effectivement nos fronts jusque là courbés. Nous
devons donc reconquérir notre dignité d’homme. Il sied de dénoncer à ce
sujet l’attitude du gouvernement belge qui, à l’arrivée le samedi 24
octobre 2009 du vol Hewa Bora en provenance de Kinshasa pour Bruxelles,
a déployé plus de 100 douaniers et chiens policiers renifleurs en vue
de contrôler les Congolaises et Congolais, soupçonnés sans raisons
apparentes de trafic de drogues, devant les caméras de la chaîne de
télévision nationale belge RTBF. Cette attitude pour le moins inamicale
est inadmissible de la part d’un pays qui nous rappelle la triste
période de la colonisation pendant laquelle il était grandement inscrit
sur certains panneaux publics « place interdite aux chiens et aux Noirs
».

4. Dans cette perspective, que recommandez-vous encore aux Congolais ?

« L’hymne sacré de notre solidarité », dit que « nous bâtirons un
pays plus beau qu’avant que nous léguons à notre postérité ». L’Etat
devra reprendre son rôle de régulateur de la vie quotidienne, en
exerçant réellement ses fonctions régaliennes. Le MPCR n’a ménagé aucun
effort pour mener le combat légitime en faveur de la construction du
port en eaux profondes de Banana, lequel constitue une urgence pour la
survie de la RDC tant sur le plan sécuritaire que politique et
économique et du refoulement du riz avarié, en dénonçant aussi le
contrat léonin OFIDA/CTC. Et malgré la réponse du ministre du Plan à la
question que je lui ai posée le 21 octobre 2009 à l’Assemblée nationale
et au regard des indiscrétions du dernier sommet de la CEEAC tenu à
Kinshasa, les tenants de la théorie scientifique attendront longtemps
tant que les premiers coups de pioche de construction de cet important
ouvrage n’ont pas été donnés.

5. Que dites-vous de l’opposition politique ?

Les partis et les personnalités se réclamant de l’opposition
affichent souvent un comportement en totale inadéquation avec l’esprit,
l’âme et le rôle d’une opposition capable de présenter une alternative
crédible au peuple congolais. Que dire des votes à contre-courant ou
des motions mercantilistes observées à l’Assemblée nationale ? L’une
des conséquences de cet état de chose est que la loi portant statut de
l’opposition n’est pas toujours d’application du fait d’un combat
inutile de leadership pour le poste de porte-parole de l’opposition,
lequel devra être paradoxalement rémunéré par le pouvoir qu’il est
censé combattre. Aussi, le Bureau politique du MPCR a-t-il décidé de ne
plus participer à n’importe quel conciliabule à ce sujet.

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