Avant 2011, gagner « deux petits combats » : le recensement et la carte didentité (JPMbelu)
Lhistoire de la guerre dagression à laquelle nous résistons depuis 1997 nous
apprend que lun des objectifs poursuivis par le réseau délite
prédateur layant initiée était de redistribuer cette lidentité
congolaise à qui en avait besoin. Les stratégies de dépeuplement de nos
populations de lest participent de cette redistribution. Gagner ces
« deux petits combats » dans un délai assez bref couperait
lherbe sous les pieds des partisans de ces stratégies. Cela serait une
avancée dans lorganisation de ladministration congolaise.
Quand le débat sur « la
congolité » avait été lancé avant la mascarade électorale de 2006,
plusieurs de nos compatriotes nont pas compris que par le biais du
Cheval de Troie-AFDL et après 1998, par le canal du RCD et du MLC, des
étrangers avaient usurpé lidentité congolaise en volant les passeports
congolais au moment où ils ont participé à la gestion de notre pays.
Certains dentre nous nont-ils pas été surpris quand, un citoyen
Rwandais, siégeant au Parlement pour le compte du MLC, a été arrêté
dans son pays ? Il navait pas réussi à rembourser largent quil avait
emprunté dans son pays pour battre campagne dans le nôtre. Un fait
divers ? Non. Il est révélateur de lesprit qui a prévalu au cours des
guerres dagression dites de libération. Les mixages-brassages opérés
dans larmées obéissent à cet esprit jusquà ce jour. Avons-nous
remarqué par exemple que les démobilisés de larmée rwandaise ayant
infiltré les FARDC par le CNDP ne font plus parler deux dans les
médias dominants ? Désormais les viols, les massacres, les vols et tous
les autres crimes perpétrés à lest de notre pays sont mis sur le dos
des FARDC et des FDLR. Comprenne qui pourra.
Pour
rappel, demander que lidentité congolaise soit sanctionnée par un
recensement et une carte, cest lutter pour la reconnaissance
matérielle de la citoyenneté congolaise. Ce nest pas de la xénophobie.
« Mon identité, cest ce qui fait que je ne suis identique à aucune
autre personne. » (A. MAALOUF, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998, p. 16) Il
peut se faire quune identité combine plusieurs appartenances. Mais
« jamais on ne retrouve la même combinaison chez deux personnes
différentes, et cest justement cela qui fait la richesse de chacun, sa
valeur propre, cest ce qui fait que tout être est singulier et
potentiellement irremplaçable. » (Ibidem, p.17) Ma carte didentité dit
cette singularité et mon appartenance à un espace géographique bien
déterminé. Cette identité peut devenir meurtrière quand ma singularité
me ferme aux autres singularités et verse dans la stigmatisation de la
différence. Laquelle stigmatisation peut se transformer en violence
verbale et/ou en guerre contre lautre pour supprimer la différence.
Voler
ma carte didentité peut conduire à lusurpation de mon identité. Il en
va des individus comme des pays. Dans chaque pays attentif à cette
question, la constitution définit lidentité nationale et indique les
conditions de son acquisition pour les non originaires. Remettre de
lordre dans la maison Congo passerait aussi par le retour au respect
de ces règles élémentaires du vivre-ensemble. Cela éviterait le
spectacle discriminatoire auquel les gouvernants actuels du Congo et
ceux de lAngola nous ont fait assistés : des expulsions de part et
dautre pour des motifs (officiels) de séjour irrégulier, sans aucune
autre forme de procès ; sans un petit appel à la régularisation pour certaines catégories
dindividus qui le souhaiteraient.
Recensement
et carte didentité, voilà « deux petits combats » que nous pourrions
mener ensemble, toutes tendances confondues, dans la vigilance. Pour
cause. Il ne se passe plus un seul jour sans quun appel congolais à
lunité et à lunion retentisse sur nos fora. La
noblesse de cet appel ne devrait pas occulter le fait que lunité et
lunion ne sont pas une génération spontanée. Elles se créent dans le
respect de la différence. Seuls ceux et celles qui travaillent ensemble
dans la poursuite des objectifs précis, bien définis, peuvent réussir
sur ce terrain-là.
Antoine de St Exupéry avait vu vrai quand, dans Citadelle,
il écrivait : « Force-les à bâtir ensemble, tu feras deux des frères.
Si tu veux faire deux des ennemis, jette-leur du grain. »
Et
pour nos compatriotes qui ne le savent pas, les Congolais(es) ayant
défini clairement les objectifs à atteindre ensemble sont unis, en
marge de lInternet et des médias officiels. Ils ont un défaut : « Leur unité ne fait pas de bruit » !
J.-P. Mbelu