Et si les élections de 2011 navaient pas lieu ? (JP Mbelu)
Elle
réduit le temps de la politique au moment électoral suivi du monologue
de la représentation politique (au pouvoir) jusquaux nouvelles
échéances électorales, fussent-elles une mascarade. Les voix discordantes sont exclues de cette approche biaisée de la démocratie quand elles se font entendre en
dehors « des instances officielles ». Le quatrième pouvoir muselé (au
pays) par « ces instances » ne peut susciter de lespoir au sein des
« minorités exclues » de lespace public et de la majorité de nos
populations quen promettant des sanctions sévères aux gouvernants
actuels aux prochaines échéances électorales. Le citoyen moyen est,
dans cette conception bourgeoise de la démocratie, un intermittent de
la politique. « Les hérétiques », cest-à-dire, ceux et celles qui
estiment quils doivent être des citoyens à temps plein, sont souvent
assimilés aux « ennemis » de la patrie à abattre.
Contrairement
aux apparences, si cette conception bourgeoise de la démocratie (ou de
la démocrature) domine la scène politique congolaise, elle est la chose
la mieux partagée par les différentes oligarchies qui dirigent les pays du monde. Au Sud comme au Nord.
Cest
en marge de ce débat théorique que plusieurs de nos compatriotes ont
fait des élections lalpha et loméga de lalternance politique chez
nous. Parmi ces compatriotes, il y en a qui estiment quune bonne union
entre nous entraînerait nécessairement la chute des gouvernants actuels
(au bilan négatif à tous points de vue) et
plus particulièrement celle de Joseph Kabila. La foi en lunion fait fi
de la façon dont fonctionne la démocratie électorale-représentative en
Afrique.
A
quelques rares exceptions près (le Ghana, le Botswana…), les cas de
lalternance au pouvoir en Afrique nexistent pas. En Afrique (et dans
plusieurs pays du monde), laccès au pouvoir nest pas que le fait des
urnes. Les urnes confirment souvent les candidats déjà cooptés par « les cosmocrates » dont les think tanks
travaillent à plein temps pour que le contrôle du monde ne leur échappe
pas. Cette vérité est encore voilée pour plusieurs dentre nous,
fanatiques de lalternance politique par les urnes. (Combien de think tanks
les compatriotes qui croient en lalternance politique ont-ils créé
depuis que notre pays est victime de « la troisième guerre mondiale »
imposée par « les consmocrates » et leurs sous-traitants ? Cette
question mérite que nous puissions y réfléchir si nous voulons que
demain nous puissions reconquérir notre pays !)
Parlons
des élections de 2011. Il se pourrait quelles naient pas lieu. Pour
quelques raisons simples. Les gouvernants actuels nayant pas de bilan
(réel) à présenter à nos populations saccorderaient un sursis juste le
temps de terminer quelques « chantiers » sur lesquels ils
pourront baser leur campagne électorale. Une autre raison est que « les
hérétiques » peuvent troubler « la fête des joséphistes » et
interrompent brutalement le cours de lhistoire congolaise. Une autre
raison encore est celle liée aux moyens matériels, à largent. Comme
« les cosmocrates » agissent par « leurs petites mains » politiques
interposées, il se pourrait que ces dernières rencontrent une grande
opposition de leur opinion publique, sil leur arrivait de re-proposer
le financement des élections au Congo. De plus en plus, cette opinion
publique attend des réponses aux questions telles que celle-ci : « Où
va largent des mines ? » La crise financière aidant, le financement de
futures élections chez nous de lordre de plusieurs millions deuros
serait difficile à prévoir. Or les gouvernants actuels ne semblent pas
avoir prévu un plan B au cas où « les bailleurs de fonds » seraient
contraints de ne pas financer les élections de 2011.
Lopinion
publique occidentale ayant attendu en vain les dividendes du premier
soutien financier offert à la RD Congo et nayant vu que les images
horrifiantes des femmes violées, des maisons incendiées, des criminels
de guerre récompensés, des matières premières pillées, etc. serait
assez exigeante vis-à-vis « des petites mains » des « cosmocrates ».
La
raison la plus déterminante serait cette confidence de Joseph Kabila à
un diplomate européen au mois de janvier 2009 : « Les élections de 2011
nauront pas lieu. »
Sil arrivait que « le raïs » revienne sur cette confidence pour que les élections de 2011 aient quand même lieu, ce quil se sera donné des garanties pour les gagner au premier tour.
Contrairement
aux « optimistes », ceux et celles qui croient que lunion faisant la
force, Joseph Kabila sera renversé par les urnes en 2011, nous
recommandons des plans B et C ; cest-à-dire quils pensent à dautres
stratégies de lutte et quils mobilisent les moyens conséquents. Il
serait chimérique, après ce que la mascarade électorale financée par
« les autres » en 2006 a produit, de continuer à croire que la
prochaine fois sera la meilleure.
Non.
Sans moyens matériels, spirituels, géo-politiques, intellectuels et
culturels propres et conséquents, les fanatiques des urnes nauront que
leurs yeux pour pleurer si les élections venaient à avoir
lieu en 2011. Peut-être quil est plus que temps didentifier un leader
collectif sur lequel un travail de fourmis devra être abattu de manière permanente pour parer à toute éventualité.
J.-P. Mbelu