HISTOIRE DE L’AFRIQUE : UN NOUVEAU ROMAN SUR KIMPA VITA

Editée, remarquablement, à la maison ICES, cette œuvre, dont la
couverture propose un nouveau pseudo-portrait de Dona Beatriz, construit une
trame romanesque sur la base de l’intense évolution du mouvement
 des Antoniens, anime a partir de 1704, par la jeune prophétesse
(1684 – 1706).

L’auteur restitue, sous une écriture précise, le contexte d’émergence et
de l’incroyable développement de ce schisme, celui de la grave crise sociale et
politique que vivait l’ensemble fédéral, avant et après, la fatidique bataille
d’Ambuila survenue en octobre 1665.

Nkounkou, notoirement influence par l’implacable réappropriation
historique menée, dans les années 70, par le régime marxisant de Brazzaville,
qui avait appose, sans état d’âme,  le nom de la jeune prêtresse
kongo a une école chrétienne, met en relief  la perception
africaine des Evangiles.

Et, c’est cette lecture, associée au contexte historique de la tragique
deuxième moitie du XVII au Royaume, qui consolidera la puissante faction
syncrétique de l’adolescente kongo, secte qui tolérera la poursuite de
l’intégration de la croix  (kulunsi) dans les nkisi,
son utilisation par les nganga et la continuation des rituels secrets
tels le kimpasi.

L’homme de lettres, avocat de profession mais sorti du bloc
anthropologique kongo, est aussi sensible, a l’image des généreuses relectures
qui ont surgi ces dernières années sur la « Sainte Noire », a la dimension
mystique de son épopée. Il plante les racines spirituelles de l’inattendue jeune
fille dans ses fonctions de sacerdote du fameux culte « marimba do
kongo
 » et y tire le titre de son livre.

Kimpa Vita est donc munie de puissances silencieuses qui lui permet de
favoriser la fécondité, grâce la bénédiction de Saint Antoine, de soigner les
malades et d’aider aux bonnes récoltes dans des irrésistibles campagnes de
complète africanisation du christianisme.

PROPHETESSE ARDENTE

Le romancier rend tout le symbolisme anthropologique du port par les
Antoniens des feuilles du nsanda (Ficus psilopaga), ce solide arbre,
synonyme de puissance.

Pour lui, la puissance secrète de l’hérétique, fondée sur le culte des
ancêtres (nkulu) et les forces de nature ( nsi)  ne pouvait qu’être
anéantie, suivant les croyances ténébreuses de l’Inquisition, par le feu.

Et, c’est qui arrivera a la jeune apostate qui, sous la forte pression
des Peres italiens Bernardo da Gallo et Lorenzo di Lucca, sera
mise au bucher, un certain 2 juillet 1706, a Evolulu, dans les environs du
premier plateau de Mbanza Kongo.

La publication de l’œuvre de Dieudonné Nkounkou, sur cet extraordinaire
personnage de l’histoire de l’Afrique centrale au XVIIeme siècle, survient après
d’autres initiatives littéraires et artistiques, notées, ces dernières années,
surtout en Angola, qui abrite, aujourd’hui l’historique ville de Mbanza
Kongo.

L’on citera, a cet effet, le génial roman du regrette anthropologue
angolais Henrique Abranches, « Misericordia para o Reino do Congo » et la
flamboyante pièce de théâtre du brillant Jose Mena Abrantes, « Kimpa Vita,
une prophétesse ardente
 ».

Enfin, l’on notera, que la jeune africaine sortie du moule initiatique
du « marimba do kongo » a été pressentie, naturellement, comme l’une des
grandes figures du monde noir, qui entreront dans le Musée du Souvenir de Dakar,
ce Panthéon de l’espace des « Damnes de la Terre », qui sera inaugure, en
décembre de l’année prochaine.

Par

Simao
SOUINDOULA

Directeur
de l' International Networking Bantulink
 

C.P. 2313 Luanda (Angola)

Tel. : + 244 929 74 57 34 

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