Réflexion sur les retombées de la décentralisation vis-à-vis de la population après 3 ans dexercice du pouvoir en RDC (2006-2009), par Norbert Yambayamba Shuku
Malgré la présence de ces
prévisions dans le budget le Gouvernement Central libère difficilement les
recettes destinées aux Provinces. Néanmoins, la rétrocession reçue par province
est dune moyenne de 10 à 15 % par mois du montant initialement prévus par le
Gouvernement Central. Devant cet obstacle, le budget de la province est exécuté
à 30 % des prévisions. Ce qui défavorise les populations en termes des réponses
à leurs problèmes. Cela sentend, parce quavec le même montant qui servait les
anciennes autorités avant le nouveau système pour payer le personnel, soit le
Gouverneur et son adjoint ainsi quun seul cabinet politique, à ce jour, le
même montant sert, le Gouverneur et son adjoint, son cabinet et celui de son
adjoint, les 10 Ministres Provinciaux et leurs cabinets ( 15 personnes), les
Députés provinciaux et leur administration etc.
Cette élévation des charges
liées à cette nouvelle architecture institutionnelle ne permet pas à lexécutif
provincial de satisfaire les demandes de la population. Ce sont des moyennes
statistiques dont les dépenses sont souvent faites en défaveur de la population
surtout que les mécanismes de contrôle ne vont pas dans le sens de comparer les
prévisions et les réalisations. Pis encore, ce montant nest généralement mobilisé
quen 30 %, il est fort remarquable que les 30 % ne servent pour la plupart des cas quaux acteurs
politiques et non aux populations qui, visiblement sont devenues, les dindons
de la farce de cet exercice qui a suscité pas mal despérance. Car, on ressent
une certaine duplicité entre les Députés et les exécutifs provinciaux en ce qui
concerne la répartition des avantages.
Daprès la population
enquêtée, les services rendus à la population sont globalement mitigieux à
cause des moyens insuffisants, du paiement exagéré du personnel politique
budgétivore, et de linexpérience des
animateurs de lexécutif provincial ainsi que de la plupart des Députés.
Néanmoins, on assiste
généralement à quelques interventions dans les Chefs-lieux des provinces. Cet
élan de reconstruction est loin de couvrir toute la province. 95 % des
réalisations se font dans la capitale de
électoral du Gouverneur de Province qui ne sera plus élu par toute
mieux dêtre efficace là où il sera élu que dagir partout ailleurs. Il devra
se représenter lors du démarrage des nouvelles Provinces que dans son fief
électoral. Néanmoins, cette approche a été corrigée par la présence des Députés
des futures provinces qui profitent du budget pour introduire des allocations
pour leurs nouvelles provinces sans pour autant récolter le résultat escompté.
Ainsi, malgré la présence du
budget ou du programme provincial, la plupart des actions réalisées sont présentées
au nom du Président de
République
tricherie électoraliste qui ne dit pas son nom. Certaines actions comme des
ponceaux sont réalisés par ci, par là, de manière insuffisante et irrégulière
en dehors de toute planification. Ces ouvrages sont réalisés sur base de la
volonté des Députés de la majorité qui font le choix des sites qui sont
généralement leurs bases électorales respectives malgré le fait que
lemplacement nest pas approprié par rapport à un autre site. Tout se fait
dans une perspective électoraliste.
Maintenant, personne de nos
enquêtés est à mesure de dire combien dargent de rétrocession a été reçu et
quest ce quon en a fait. Linexpérience des Députés ne leur permet pas non
plus de faire un contrôle professionnel qui permet de savoir les prévisions,
les réalisations, les recettes propres, les rétrocessions et les dépenses
réalisées en vue de dégager les écarts. Ils mordent à lhameçon des
justifications de lExécutif provincial soit-disant que le Gouvernement Central
na pas envoyé les 40 % des rétrocessions sans quil fasse un effort pour
savoir combien dargent a été envoyé et quel est le budget réaménagé pour
adapter les réalisations par rapport aux moyens disponibles. Aucun Député ne
nous a pas donné limpression de bien
appréhender cette façon de faire les choses. Cet exercice ne se fait pas et
profite à lexécutif provincial qui nage comme un poisson dans leau.
Dans
bien des cas, les Députés se contentent de défendre lexécutif provincial sans
aller en profondeur pour faire un débat sur le budget réaménagé en vue de voir
clair par rapport à une telle gestion. A ce jour, malgré les efforts déployés,
la desserte en électricité, en eau , les soins de santé, la réfection des
routes, le logement, lalimentation, les
voies ferrées, les hôpitaux, les écoles, les télécommunications font défaut.
Dans la pratique, on a
limpression que la démocratie na aidé quà créer, une nouvelle bourgeoisie
locale plus pire que la bourgeoisie nationale où les Députés, les Ministres
roulent carrosses et mangent à leur faim au détriment du petit peuple qui ne
sait à quel saint se vouer. Le transport, la nourriture, léducation des
enfants, les soins de santé, le logement, lélectricité, leau etc. ne suivent
pas et ne font non plus la préoccupation des autorités à cause de labsence
dune politique cohérente et disponible.
Les
actions réalisées se font sous forme des urgences dans un processus de
politique spectacle, mieux, une théâtralisation politique basée sur le saupoudrage.
Lintention est de donner limpression à la population que lon travaille sans
pour autant que lon travaille réellement. Certains observateurs pensent que les essais et erreurs dhier des
autorités provinciales pourraient au fil du temps nourrir leur succès futur à
cause de la cristallisation dune culture de gestion professionnelle.
Lamateurisme des acteurs étatiques ne permet pas une gestion efficace et
rigoureuse. Elle se fait sur base des urgences sans aucune planification des
activités. Lintention est dutiliser et de justifier des fonds colossaux pour des urgences sans aucun fondement.
Les
Entités Territoriales Décentralisées (Communes, Secteurs, Villes etc.) ne
bénéficient presque pas des rétrocessions. Les Gouvernements provinciaux se
justifient sur le fait que les charges de paiement des institutions mises en
place au niveau provincial ne permettent pas de satisfaire les ETD. Ils expliquent aussi que les ETD sont
maintenant dirigées par des personnes incompétentes sans aucune initiative pour
générer des recettes locales etc.
Depuis
près de trois ans, les Gouvernements provinciaux se recherchent. Les programmes
sont toujours présentés à la fin presque de chaque année. Il est difficile de
lire dans ces programmes, les prévisions bien quantifiées et le chronogramme dactivités. Linexistence
des redditions des comptes vient compliquer lidentification des services
rendus à la population. Néanmoins, on assiste par-ci, par là à des actes ponctuels dans le domaine de
léducation et du transport. Certaines
écoles sont réfectionnées en cas des dégâts produits par des pluies
diluviennes. Des multiples services administratifs se créent en lieu et place
des usines de production dans un processus de clientélisme, de népotisme et de
tribalisation à outrance sans pour autant mesurer les performances économiques
potentielles.
Somme toute, il sied de
dire que ces provinces qui constituent des unités dobservation, nont pas
réussi à rendre des services de qualité à leurs populations. Les ressources ont
servi et continuent à servir le groupe au pouvoir. Les besoins de la population
en termes des droits économiques et sociaux ne sont pas de mise.