03.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Dominique Lutula, par Véron-Clément Kongo

 

1. Vous revenez de Kisangani, chef-lieu de la province
Orientale. Comment la Société nationale évolue-t-elle dans cette partie
de la RDC avec la situation qui prévaut à la frontière avec l’Ouganda ?

Ma mission à Kisangani avait deux objectifs : le premier consistait
à procéder à l’élection d’un nouveau président du comité provincial par
les présidents des comités des districts et les représentants des
ministères statutairement membres de la Croix-Rouge. Car ayant appris
la démission, pour cause de mutation, de celui qui a été élu, nous
devrions, conformément aux textes, départager les deux vice-présidents
qui avaient des ambitions légitimes. A l’issue du scrutin, l’un d’eux
répondant au nom Madelaga Moge est titularisé et, l’autre, conserve son
poste de vice-président. Afin de combler le vide à la 2ème
vice-présidence, nous avons été également amené à organiser une autre
élection qui a permis à Joseph Ileo de se hisser à ce poste. Le comité
s’affichant complet peut siéger valablement.

Concernant le second objectif, il était question que nous nous
penchons sur les activités de la Croix-Rouge, au regard de la situation
qui prévaut dans les districts de l’Ituri, du Bas-Uélé et Haut-Uélé.
Zones difficiles d’accès, nous n’avons pas assez de contacts avec nos
représentants. C’est ainsi que, sur base d’un module que nous avons mis
en place pour la formation de nos cadres dirigeants, nous avons profité
de notre séjour à Kisangani pour faire venir les présidents des comités
des districts et territoriaux afin de les former sur la gestion de
l’information, la sécurité des membres des comités volontaires et la
manière de gérer un comité de la Croix-Rouge. Et cela nous a pris trois
jours d’échanges.

2. La Croix-Rouge de la RDC ainsi que ses partenaires ne
cessent de prôner la réintégration des Pygmées dans la société. Comment
ce processus se déroule-t-il dans la province Orientale ?

Pendant notre séjour dans cette partie du pays, instruction a été
faite au comité provincial pour qu’il puisse d’abord les localiser et,
ensuite, les identifier. Ceci devait permettre d’élaborer un programme
de travail pour leur réintégration et savoir comment les impliquer dans
les activités d’auto-prise en charge. Concernant l’Ituri, nous avons
trouvé une proposition sur la table du comité provincial qui envisage
la formation d’une cinquantaine de membres d’une équipe sélectionnée à
ce propos. Il a été également demandé aux districts de faire autant.
Comme toujours, il se pose des problèmes. Malgré les efforts fournis
par la province de l’Equateur par exemple, certains Pygmées préfèrent
s’accrocher à leurs anciennes traditions. Toutefois, le programme qui
est en train d’être mis en place prévoit deux ou trois formations au
premier trimestre de l’année 2010 afin de disposer d’un noyau de
sensibilisation des Pygmées.

3. Deux mois déjà depuis que les enfants ont repris le chemin de l’école. A quand la réalisation du programme « Keba Bana » ?

Il est vrai qu’avec la réhabilitation des infrastructures routières,
nous sommes obligés de faire quelque chose. Mais, les moyens faisant
défaut, la Croix-Rouge de la RDC n’a pu installer que deux unités du
côté de Mont-Ngafula sur la Route de Matadi et à la sortie vers
l’aéroport international de N’Djili. Nous sommes à la recherche des
moyens, surtout que nous avons été approché par le comité national des
parents pour la relance de ce projet dans la ville de Kinshasa. Un
autre problème qui constitue une entrave pour la relance de ce projet
est la situation qui prévaut au sein du comité provincial de Kinshasa.
Dissout suite à une certaine désorganisation en son sein et un
comportement des membres allant à l’encontre des statuts, ce comité
doit être remplacé par un autre d’ici décembre prochain, conformément
aux textes. C’est en ce moment que des instructions seront données au
nouveau comité provincial pour la relance du projet « Keba Bana ».

4. Les dirigeants africains réunis dernièrement à
Kampala, en Ouganda, viennent d’adopter un document sur la protection
des réfugiés. Qu’en dites-vous à partir du moment où la Croix-Rouge de
la RDC est également témoin de ce qui se passe dans le camps des
réfugiés ?

Nous avons loué cette expérience, dans la mesure où nous avons
toujours été témoins et nous connaissons ce qui s’y passe. C’est
pourquoi, nous n’avons cessé de solliciter le concours de nos autorités
pour qu’elles nous facilitent la tâche d’encadrer les nôtres se
trouvant dans des conditions de déplacement. Il y a deux ans, nos
collègues de la Croix-Rouge de l’Ouganda avaient élaboré un plan de
stratégie d’encadrement des réfugiés dans d’autres pays. Cela avait
fait l’objet d’un débat à Genève pour voir comment s’organiser
là-dessus. Avec la volonté qui l’anime, la Croix-Rouge de la RDC peut
s’organiser davantage si le gouvernement lui facilite la tâche.

5. Qu’attendez-vous des professionnels des médias qui viennent de suivre une formation sur les problématiques humanitaires ?

Sans l’apport des médias, tout ce que nous faisons au sein de la
Croix-Rouge de la RDC sera voué à l’échec. D’où, chacun devra apporter
sa contribution pour que l’institution émerge. Nous félicitons le club
des journalistes de la Croix-Rouge et espérons que la formation que
vient de bénéficier ses membres permettra de mieux faire connaître et
comprendre la Croix-Rouge à l’opinion. Que les médias se joignent à
nous pour faire découvrir, non seulement la Croix-Rouge, mais les
humanitaires d’une manière générale.

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