06.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Achille Mutombo-Cyaji

 

1. Le réception du Budget de l’Etat pour l’exercice 2010
par l’Assemblée nationale et le rejet de la motion de défiance contre
le Premier ministre défraient encore la chronique. Qu’en dites-vous ?

Nous, nous appartenons à l’opposition extra-parlementaire. Le débat
sur le Budget et le rejet de ladite motion ne nous intéresse nullement.
Nous laissons à la majorité le temps de diriger le pays telle qu’elle
l’entend. Ce qui est évident, c’est que, le Budget de l’Etat pour
l’exercice 2010 est loin de satisfaire les attentes actuelles de nos
populations. Nous mettons le cap sur les échéances politiques et
électorales prochaines.

2. Que répondriez-vous à ceux qui estiment que
l’opposition ne parle pas le même langage sur les questions d’intérêt
national ?

C’est vrai, l’opposition congolaise a toujours brillé par des
incohérences. Souvent, c’est quand le peuple a besoin d’elle pour
exprimer ses aspirations, qu’elle manifeste ces incohérences notoires
et répréhensibles. Un regard attentif et rétrospectif sur les
événements politiques de notre pays, confirme notre point de vue. Cet
agir pousse les observateurs avertis à se poser la question légitime
sur l’existence d’une a1ternative crédible pour le Congo. Cette
situation est le résultat tangible de la médiocrité de notre classe
politique. La RDC regorge peu d’hommes soucieux de son décollage. C’est
pourquoi, l’opinion congolaise réclame constamment une alternative
générationnelle de qualité pour son développement. Car la crise
congolaise est avant tout morale et éthique. Les prélats catholiques ne
cessent de le répéter dans leurs messages.

3. Que pensez-vous de l’organisation des élections générales de 2011?

Nous avons toujours réclamé le recensement scientifique de la
population. Mais, cela ne s’effectue pas. Si le gouvernement et ses
partenaires extérieurs réunissaient les moyens pour cette opération,
tant mieux. Mais, nous tenons mordicus au respect du délai
constitutionnel de cinq ans. La communauté internationale a imposé en
2006, le cycle électoral dans notre pays. C’est dans ce sens que nous
saluons la position prise dernièrement par le Conseil de l’Union
européenne relative au soutient du processus électoral dans notre pays.

4. Quel votre commentaire sur les travaux du 14ème sommet de la CEEAC qui se sont déroulés en octobre dernier à Kinshasa?

Nous ne pouvons qu’encourager les organisateurs de ces assises pour
leur réflexion sur le développement de la sous-région de l’Afrique
centrale. Cependant, nous constatons qu’en pratique, la RDC ne tire pas
de dividende, du fait de sa présence dans cette organisation. Si
dividende il y a, elle ne peut qu’être partielle et politique, au
bénéfice de seuls dirigeants congolais. Notre pays est membre de
plusieurs organisations africaines, dont l’UA, la CEEAC, la SADC, la
CEPGL. Hormis l’UA, les autres structures ont, à notre humble avis, une
vocation économico-sociale. Autrement dit, toutes ces organisations, en
soi, sont bonnes lorsqu’elles contribuent, de l’une ou de l’autre
manière, au décollage socio-économique des pays membres. A cet égard,
nous nous posons les questions de savoir quels sont les pays membres de
ces organisations qui ont accédé à la stabilité sur le plan économique
et social? Ont-ils atteints les objectifs qu’ils se sont assignés au
départ ? Raison pour laquelle, une autocritique responsable s’avère
indispensable, afin de connaître l’opportunité existentielle de toutes
ces structures. La classe politique congolaise, devra réfléchir
fondamentalement sur ce sujet et en tirer les conséquences. Si ces
structures étaient naturellement porteuses de bonheur, les dirigeants
politiques congolais par exemple, hôtes du dernier sommet de la CEEAC
ne se seraient pas plaints de manque de contribution financière de la
plupart de ces membres.
Faudra-t-il continuer à siéger dans ces forums? La RDC a organisé le
sommet de la SADC et de la CEEAC. Qu’est-ce que le peuple congolais a
directement bénéficié en terme de dividende économico-social? Pour que
ces organisations contribuent réellement au développement de la
sous-région, il est utile de donner beaucoup de pouvoir à l’Ua, puis la
doter des mini-structures sous-régionales à vocation économique et
sociale, travaillant sous l’unique coordination de l’UA. Il existera
alors, une unité dans la diversité rationalisées pour le bien commun.

5. L’Angola et la RDC sont membres de la SADC. Comment expliquez-vous la brouille observée il y a peu entre ces deux Etats ?

C’est pourquoi, nous insistons sur le fait que si la RDC se fait
membre d’une organisation, fut-elle africaine, il faudrait que cela
puisse profiter au bien-être des populations. Bien des gens ont déjà
réagi à ce sujet en démontrant qu’il s’agit d’un enjeu économique
relatif au gisement du pétrolier. Mais, nous soulignons la dimension
politique et diplomatique. Cette affaire est une question des rapports
de forces. Les autorités angolaises connaissent le rôle prépondérant
qu’elles ont toujours joué dans la sphère politique congolaise. Elles
maîtrisent bien tous les rouages de la RDC. Ce qui leur donne des
réflexes d’agir comme elles entendent. Donc, il est imprudent et même
dangereux de banaliser les actes répétitifs de sabotage posés par
l’Angola à l’égard de la RDC. C’est un message clair de Luanda à
Kinshasa.

PROPOS RECUEILLIS PAR T.M.E.

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