12.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Roger Kumande, par Véron-Clément Kongo
1. Parlez-nous du programme nutritionnel mis en place par le CICR ?
Le CICR a mis en place un programme nutritionnel qui consiste à
nourrir chaque prisonnier. Et cela, chaque jour, depuis quil a été
lancé au mois davril 2009. Il faut remonter à deux ans avant de
pouvoir situer la décision du CICR de mettre en place ce programme. En
2007, il a été constaté que la prison de Mbuji-Mayi enregistrait de
plus en plus des cas de décès et de maladies. Plusieurs acteurs se sont
penchés sur la question et il y a eu des actions qui ont été menées
aussi bien par les acteurs humanitaires que par les autorités au niveau
provincial. Malheureusement, ces actions napportaient aucune solution,
parce quau fait le fond du problème était la malnutrition. Cest ainsi
que le CICR a dabord commencé par donner de la bouillie aux personnes
sévèrement malnutries. Ces dernières ont ensuite bénéficié des biscuits
hypervitaminés au début de lannée 2008 jusquau début 2009 pour
pouvoir réduire le taux de malnutrition. Cela a constitué un cercle
vicieux, car chaque fois que des personnes sévèrement malnutries
passaient dans le rang des modérés, il y avait toujours celles qui
retombaient dans la situation de malnutrition. Raison pour laquelle le
CICR, après discussion avec les autorités, tant au niveau provincial
que national, a accepté dapporter une solution en urgence, étant donné
que le taux beaucoup plus élevé de malnutrition était au-dessus des
normes internationales, et le taux de mortalité était également
au-dessus de la normale. Doù, le lancement par le CICR, à partir du
mois davril 2009, du programme de nutrition qui consiste à apporter la
nourriture aux détenus chaque jour, soit environ 2.400 kilos par jour.
2. Comment cela se passe-t-il concrètement au niveau de la prison ?
Au niveau de son bureau à Mbuji-Mayi, le CICR dispose dun stock de
ration constitué de farine, de maïs, du manioc, des haricots, du sel et
dhuile. Ration régulièrement remise à la direction de la prison pour
nourrir les détenus pendant 7 jours. Nayant pas une grande capacité de
stockage, la direction de la prison, à son tour, remet une quantité
nécessaire gérée par les détenus eux-mêmes au niveau de la cuisine. La
direction de la prison, elle, gère des vivres au niveau des stocks. Les
détenus préparent eux-mêmes la nourriture quils distribuent après la
cuisson. Grâce au CICR toujours, chaque détenu dispose au moins dune
assiette sur laquelle il peut se servir.
3. Y a-t-il une amélioration depuis lintervention du CICR sur le plan nutritionnel ?
Depuis le début de ce programme, il a été constaté une réduction du
taux de malnutrition qui a été pratiquement divisé par 2 et le taux de
mortalité par 10. Nos différentes évaluations faites en juillet et août
derniers le prouvent suffisamment.
4. Quel rapport entretenez-vous avec lEtat dans le cadre du programme nutritionnel ?
Nous avons des échanges suivis avec les autorités, mais ce nest pas
dans le mandat du CICR, ni de sa responsabilité de nourrir les détenus.
Cela relève des pouvoirs publics. Le CICR traite avec les autorités
aussi bien au niveau national que provincial afin quelles préparent un
plan dintervention pour les prisons. Ainsi, le CICR se retirera
progressivement de ce programme pour que lEtat prenne le relais.
Entre-temps, nous entretenons de bons rapports avec la direction de la
prison, le ministère provincial de la justice. Nous fournissons des
outils de gestion à la direction de la prison et mettons en place un
système qui puisse favoriser une bonne gestion et faire également en
sorte que chaque détenu soit bien nourri.
5. Les détenus eux-mêmes sont-ils seulement satisfaits ?
La plupart des détenus disent quils ont récupéré la santé grâce au
programme nutritionnel mis en place par le CICR. Ils se sentent mieux
et, dans une certaine mesure, soutiennent-ils, la situation hygiénique
sest améliorée depuis le mois dAvril dernier.
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