13.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Baudouin Kamanda wa Kamanda, par Stephane Etinga

 

1. Quelles sont vos considérations sur la façon dont fonctionnent les médias en République démocratique du Congo ?

Je ne sais pas si je suis bien placé pour faire l’état des lieux ou
juger du fonctionnement des médias de notre pays. Je peux peut-être
vous donner ma considération personnelle sur la presse ou les médias
congolais. Depuis un temps, j’ai constaté qu’il y a floraison d’organes
de presse dans le pays. Il y a un grand engouement dans le secteur de
la part de jeunes étudiants et jeunes journalistes qui viennent de
terminer leurs études. Est-ce la qualité ? Je ne crois pas. Ce qu’on
peut reprocher aux médias congolais c’est que la qualité manque encore
totalement. Il y a très peu d’organes qui méritent d’être appelés
organes ou entreprises de presse.

2.Voulez-vous dire que l’Union nationale de la presse du
Congo (UNPC) a une certaine responsabilité en ce qui concerne
l’encadrement des journalistes congolais ?

Je ne pense pas que le comité actuel de l’UNPC soit responsable du
désordre qui règne actuellement dans le secteur. Car le désordre date
de longtemps. A l’époque où il n’y avait qu’une seule station de radio
pour le pays, à savoir la RTNC, ainsi que quelques journaux seulement,
la qualité de travail était meilleure et appréciable. Maintenant, la
responsabilité incombe aux pouvoirs publics, c’est-à-dire au
gouvernement qui donne des autorisations de fonctionnement à ceux qui
en demandent, mais qui ne parviennent pas à respecter les conditions
exigées pour être un véritable organe de presse. Je vous pose la
question de savoir combien d’entreprises de presse, entre guillemets,
qui sont capables aujourd’hui de payer comme il se doit leurs
journalistes ? Combien ces entreprises de presse disposent-elles en
banque comme capital et qui gèrent ces entreprises ? Lorsqu’on se pose
de telles questions, on peut facilement comprendre quel est l’état des
lieux de nos médias.

3.On a longtemps parlé de la signature du contrat de
travail entre les éditeurs des journaux et leurs employés. Jusqu’à
présent, rien ne se fait. Quel est votre point de vue à ce sujet ?

Je viens de poser une série de questions sur les rapports entre
éditeurs et journalistes concernant le paiement d’un salaire conséquent
à ces derniers. Si vous voulez tout savoir, je demande combien
d’entreprises de presse sont capables d’affilier leurs membres du
personnel y compris les journalistes à l’INSS (Institut nationale de
sécurité sociale) ou de souscrire la police d’assurance risque pour les
journalistes en mission présentant des risques de tout genre ? Est-ce
que ces organes sont capables de prendre en charge les missions de
leurs journalistes ? Même pour les organes officiels, les
professionnels des médias se font prendre en charge par le
gouvernement. Comment voulez-vous que les éditeurs puissent signer des
contrats de travail dans ces conditions ? Ces organes de presse qui ne
disposent pas d’un compte en banque pourtant exigé pour obtenir
l’autorisation de paraître, quel contrat peuvent-ils signer avec les
journalistes et en quels termes ? Je vous signale que certains organes
de presse attendent l’argent de « coupage » pour pouvoir sortir un
journal !

4.Quelle est, selon vous, la solution pour pouvoir réhabiliter les journalistes et les médias congolais ?

Permettez-moi de citer le nom de M. Toussaint Tshilombo, alors
ministre de l’Information et presse qui a cherché à trouver des
solutions à ce problème en essayant de vérifier les dossiers, pour voir
clair dans le secteur. Vous vous rappelez que ça lui a coûté son poste
ministériel. Excusez-moi de vous dire que les médias actuels, en grande
partie sont créés pour servir et être au service des politiciens. Il
faudra donc créer un organe de presse, afin de jouer le rôle attendu
par la société et remplir pour cela, les critères prévus à cette fin.
Il faut que les pouvoirs publics se fassent violence et soient
rigoureux pour faire respecter les textes en la matière. Quand on veut
manger l’omelette, on ne doit pas avoir peur de casser les œufs. Le
gouvernement doit sévir les hors- la- loi et appliquer aussi
l’opération « tolérance zéro » dans le domaine des médias. Je veux dire
que les organes qui ne répondent pas aux critères devraient être
fermés.

5. Que dites-vous de la marche pacifique organisée tout
dernièrement par les journalistes à Kinshasa et de la coupure par le
gouvernement du signal de RFI dont vous êtes le correspondant en RDC ?

Je sais que les journalistes dans ce pays courent de risques
énormes, surtout lorsqu’ils sont corrects avec leur travail. Il
appartient aux pouvoirs publics de les sécuriser, parce qu’ils ont un
grand rôle à jouer dans la société. C’est pourquoi, je considère la
marche pacifique des journalistes comme un moyen de pression exercé sur
le gouvernement afin de les protéger dans l’exercice de leur
profession. Parce qu’on constate qu’on les abat facilement pour rien et
à tout moment. Concernant le signal de RFI, je me limite à vous dire
que je suis journaliste et que mon travail se limite à collecter les
informations, les traiter et les mettre à la disposition de ma
rédaction. La question que vous posez concerne l’administration et elle
me dépasse. Elle est examinée entre la hiérarchie. RFI et le
gouvernement de la RDC. A mon niveau, je n’y puis rien.

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