27.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Denis Milambo Yangongo (*), par Véron-Clément Kongo

 

1. On parle de plus en plus de la délocalisation de la prison
centrale de Mbuji-Mayi. Où en est-on avec le projet de Lukalenga déposé
à la Monuc ?

Le projet de délocalisation de la prison centrale de Mbuji-Mayi est
toujours d’actualité. Car cette maison de détention n’offre plus les
conditions minimales pour héberger les pensionnaires. Etant donné que
la gestion de la justice en RDC relève et, de la compétence du
ministère national et, de celle du ministère provincial de la justice,
nous sommes en train de faire un effort dans le sens de l’amélioration.
Mais, comme c’est une grosse facture, il va falloir l’implication du
gouvernement central. Bref, le dossier de délocalisation de la prison
centrale de Mbuji-Mayi est bloqué, du fait que le gouvernement central
n’arrive pas à verser sa contribution.

2. D’une manière générale, les prisons de la RDC sont dans
un état déplorable. Quel effort fournit le gouvernement provincial du
Kasaï Oriental pour se démarquer des autres ?

Avec l’appui des partenaires, le gouvernement provincial fournit
d’énormes efforts pour nourrir les prisonniers et assurer les soins
médicaux. Et cela, en attendant toujours l’apport du gouvernement
central. Faute d’encadrement, les prisons de la RDC présentent toujours
des spectacles désolants. Malnutris, les prisonniers cherchent souvent
à s’évader. A titre d’exemple, la radio onusienne, Radio Okapi, avait
dernièrement évoqué le cas d’évasion de 90 détenus à la prison centrale
de Kindu. Deux morts ont été signalés à cette occasion. Et avec
l’installation de la prison centrale de Mbuji-Mayi en plein
centre-ville, imaginez les dégâts au cas où un tel fait se produirait
Quand le gouvernement central ne prend pas ses responsabilités, on ne
peut que déplorer ce genre de situations. C’est au gouvernement central
d’appuyer nos efforts pour que les choses soient visibles. De notre
part, nous sommes, avec nos partenaires comme le CICR, entrain de poser
des actions concrètes.

3. Quel commentaire faites-vous du programme nutritionnel
lancé, depuis avril 2009, par le CICR en faveur de la prison centrale
de Mbuji-Mayi ?

Mon commentaire est clair. L’apport du CICR est très appréciable,
louable. N’eût été son concours, nous allions continuer à enterrer
beaucoup de prisonniers. Aujourd’hui, nous arrivons à faire face à
nombreux problèmes qui se posent à la prison. Outre le CICR, il y a
aussi des confessions religieuses qui s’organisent en plates-formes
pour apporter à manger aux prisonniers. Ce sont des efforts conjugués,
mais je présente particulièrement toutes mes félicitations au CICR pour
tout ce qu’il fait depuis avril 2009. Le gouvernement provincial lui
est reconnaissant.

4. Y a-t-il des dispositions prises par le gouvernement
provincial pour le suivi du programme nutritionnel au cas où le CICR se
retirait de votre juridiction ?

Le gouvernement provincial est responsable de la gestion de la
prison. Les apports des partenaires sont toujours les bienvenus. Tout
en saluant le concours du CICR, le gouvernement provincial lui a déjà
écrit pour lui demander de préparer la relève. Bien que le budget 2010
du gouvernement provincial ait également prévu l’assistance aux
prisonniers, les choses risquent de se gâter en attendant
l’intervention de Kinshasa dans le cadre de la rétrocession. Les
dispositions sont prises pour que le retrait progressif du CICR ne pose
pas de problèmes. Nous le voulons donc progressif.

La Monuc nous a également assisté sur le plan agricole en
fournissant des semences, des intrants pour un champ de la prison.
Peut-être qu’avec la récolte, le CICR pourra se retirer. Pour le
moment, nous avons encore besoin de cet organisme humanitaire. Nous
sommes d’ailleurs en négociations pour que le CICR comprenne que son
retrait est un processus qui ne peut pas s’arrêter brutalement, surtout
qu’une prison héberge des vies humaines à entretenir.

5. Quel est le pourcentage alloué aux prisons du Kasaï Oriental dans le budget du gouvernement provincial ?

Je ne voudrai pas parler du pourcentage parce que le budget
s’exécute difficilement. S’il y a déjà des problèmes au niveau
national, a fortiori en provinces. Toutefois, outre Mbuji-Mayi, il y a
aussi des prisons à Kabinda, Lodja… Toutes ces maisons de détention
sont prises en considération et un montant leur est alloué. Parler en
terme de pourcentage serait un mauvais message. Le gouvernement
provincial est en train de prendre ses responsabilités pour subvenir
aux besoins des prisonniers. Je reviens de Mwene-Ditu où il venait
d’assister les détenus en finançant la réfection d’un mur emporté par
un vent violent. Pour ce faire, un montant a été débloqué. Donc, le
gouvernement provincial est en train de récupérer de façon durable la
vie des prisonniers.

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