Transport aérien en RD Congo: Interdire latterrissage à Goma par temps de pluie (S. Diasolua)
dernière irruption du volcan Nyiragongo en 2002, la piste de Goma a été réduite
du tiers de sa longueur passant de trois mille à deux mille mètres avec comme
conséquences : un mur de lave en bout de piste. Les autorités compétentes
avaient promis de remédier à cette situation. Selon des nouvelles en provenance
du chef-lieu de
du Nord-Kivu, une organisation non gouvernementale allemande serait chargée de
réaliser les travaux de réhabilitation.
Il importe
de dire demblée que plus haute est laltitude de la piste spécialement par
temps chaud, moins performants sont les moteurs. Par temps de pluie, la piste
est contaminée, ce qui entraîne une dégradation des performances ; ce qui
veut dire quon a besoin de plus de piste pour décoller et atterrir.
En
analysant la piste sous examen, et dans létat actuel des choses, tout
décollage ou atterrissage doit se faire par beau temps avec une piste sèche.
En
décollant de Goma, tout pilote doit être conscient quil ne peut le faire que
dans le sens du lac dans la mesure où la piste se trouve à cinq mille pieds
daltitude et na pas de «Stopway». Ce qui revient à dire quune
accélération/arrêt équivaut à un suicide. On se souviendra de laccident du DC-9 de la compagnie Hewa
Bora Airways en avril 2008. On oublie trop souvent que les performances dun
aéronef au décollage sont liées à plusieurs paramètres :
laltitude
du terrain (piste) ; la longueur de
la piste ; létat de la piste (sèche ou contaminée par la pluie) ; la
température ambiante et lexistence dobstacles dans un certain rayon.
En atterrissant
à Goma nécessairement dans la direction du volcan, le pilote doit tenir compte
du facteur obstacle en bout de piste : le mur de lave. Ce qui revient à
dire que sur deux mille mètres de piste, le pilote devrait considérer quil ne
dispose que de plus ou moins mille quatre cent utilisables et le restant de la
piste devrait être perçu comme étant le «Stopway». Il sagit ici de lhypothèse
par beau temps. Car par temps de pluie – en tenant compte de la dégradation des
performances (freinage) -, il est impératif daugmenter la distance de freinage
de 70%.
Les
éléments qui précèdent peuvent expliquer les causes du crash du MD82 qui a atterri à Goma par un temps pluvieux
aux alentours de 11h50. Laéronef na pu éviter le mur de lave.
Il est
temps darrêter le gâchis en interdisant latterrissage sur la piste de Goma
aux avions à réaction moyen-courriers par temps de pluie.
La plupart
des accidents davions sont associés à la sous-connaissance ou sous-évaluation
de lenvironnement. Si lhomme est bien le point faible dans lamélioration de
la sécurité aérienne, cest peut être parce quon ne lui a pas accordé le
soutien dont il a besoin ou quil mérite. Sous sa responsabilité se trouve non
seulement la sécurité de lappareil, mais aussi et surtout, celle des pasagers.
Un adage
chinois dit : «Lexpérience est un phare qui éclaire le chemin déjà parcouru».
Un proverbe français ne dit pas autre chose: «Lexpérience cest éviter les
conneries dhier».
Mais pour
une certaine classe congolaise, la réalité est tout autre.
en matière de sécurité aérienne et la piste de Goma est devenue une des plus
périlleuses du pays. Il n y a pas de fatalité.
Simon
Diasolua
Expert
enquêtes et analyses.