Une déclaration « rwandophone » de guerre fondée sur du sable (Jp Mbelu)
Bon
sang ! Encore une fois, « ces Rwandophones » reconduisent largument
tribal (et ethnique) pour justifier la poursuite dune guerre dont le
nerf sest révélé être le pillage des richesses du sol et du sous-sol
congolais par les transnationales et la balkanisation de notre pays au
profit de « ces tueurs tutsi ».
En
dautres termes, « ces Rwandophones » disent clairement quils veulent
parachever leur œuvre : occuper lest du Congo en le dépeuplant par une
guerre quils veulent mener sans aucune négociation. Leur usage de
largument tribal et/ou ethnique fait partie de cette idéologie de la
culpabilisation (et de la criminalisation) de ceux qui sont tués sur leur propre sol. Pourquoi refusent-ils toute négociation ? Ils
se justifient : « Nous avons adressé un mémorandum au Président Kabila
Kabange pour linformer du mauvais comportement de ce peuple Nande à
Rutshuru mais il fait sourd oreille (sic) jusquà présent. » Et comme
pour « la communauté Rwandophone de Rutshuru » les Maï Maï Nande
soutiennent le gouvernement de Kinshasa, elle veut lui faire la guerre.
En
plus du « mauvais comportement » des Nande à travers une ONG dénommée
RACID, cette « communauté Rwandophone » reproche au gouvernement de
Kinshasa de navoir pas respecté lacte dengagement signé avec le CNDP.
A
la lecture de ladite déclaration de guerre, plusieurs remarques peuvent
être faites. Primo, elle ne dévoile pas les accords signés avec le
CNDP. Si ce sont les mêmes que ceux que nous avons lu au mois de mars
2009, ils exigeaient entre autres, lentrée du CNDP dans les
institutions républicaines. Or, le CNDP navait pas participé aux
élections de 2006. Donc, accepter par exemple quil entre au
gouvernement où siègent certains de ses alliés revenait à disqualifier
le processus électoral (que plusieurs dentre nous ont sérieusement
critiqué). Secundo, elle affirme que les militaires du CNDP ont quand
même participé à la vie de la République, dans larmée, par le
processus du mixage et du brassage. Et pour ceux et celles dentre nous
qui suivons au quotidien lactualité de notre pays, certains militaires
du CNDP brassés ou mixés dans les FARDC ont commis des crimes contre
lhumanité et des crimes de guerre. Le cas de Bosco Ntanganda est le
plus cité. Ils ont prouvé leur capacité de nuisance. Et quand on sait
que le CNDP est une milice au service de Paul Kagame, cest-à-dire au
service du pillage et du dépeuplement de nos villages et de nos cités,
conseiller son intégration dans les institutions du pays, cest
sengager sur une voie suicidaire. Dailleurs, la preuve est donnée que
depuis le processus de mixage et de brassage a eu lieu dans la
précipitation, la paix sans pain na pas été recouvrée à lest de notre
pays. Tous les rapports internes et externes rédigés sur la situation
qui prévaut dans cette partie de notre pays sont unanimes là-dessus :
ce processus est un échec.
Tertio, déclarer une guerre sans négociation en ignorant toute lhistoire de notre pays depuis la guerre « des libérateurs du 17 mai 1997 » jusquà ce jour peut se justifier dans un contexte où limpunité est érigée en « règle de justice », après tous les crimes imprescriptibles commis. Bref, cette déclaration est fondée sur du sable.
Donc,
ceux des gouvernants qui ont cru quils pouvaient faire la paix sans
justice se rendront (ou se rendent déjà compte sils ne sont pas
complices) quils ont emprunté une voie qui ne mènent nulle part.
Avouons
quune telle déclaration de guerre ne peut être accueillie
favorablement que par ceux et celles dentre nous qui sont tombés dans
une amnésie suicidaire. Cest-à-dire ceux et celles qui ont oublié,
entre autres, que la suspension de laide bilatérale (que certains pays
occidentaux comme la Norvège et la Suède accordée au Rwanda) a été liée
au fait que plusieurs rapports rédigés sur la guerre dagression à
laquelle nous résistons avaient attesté que ce pays et ses alliés
soutiennent des rébellions (dont le CNDP) sur le sol congolais pour le
piller.
Dieu
merci ! Les veilleurs protecteurs de la mémoire collective de nos
populations ne dorment ni ne sommeillent. Même sils doivent faire
face, constamment, à leur diabolisation et criminalisation.
Souvent,
ils sont taxés de racistes, de révisionnistes, de négationnistes et de
tous les autres noms doiseaux. Cette criminalisation et cette
diabolisation participent de la guerre psychologique menée contre tous
« les petits restes » à travers lhistoire. Elles participent de la
manducation des cœurs et des esprits éveillés pour mieux asservir les
masses populaires. Les esprits faibles y succombent et versent dans
lauto-flagellation. Ils tombent dans la mutilation de la conscience
sociale, lit du capitalisme de la prédation et du désastre auquel
participe Paul Kagame et ses escadrons de la mort.
J.-P. Mbelu